vendredi 7 novembre 2008

Film : W. - Oliver Stone

"Vous m'avez mal sous-estimé !"

J'avais très envie de voir ce film. Nous étions le mercredi 5 novembre 2008, lendemain de la journée désormais historique dans l'histoire des USA. Le monde entier connaissait enfin les résultats tant attendus de l'élection présidentielle américaine… victoire éclatante d' Obama. Yes !

Bref, j'avais terriblement envie de plonger à pieds joints au cœur de ces huit années terribles pour ce pays, qu'au fond de nous, nous idéalisons et qui nous fascine, malgré ses travers, ses excès et, parfois, son arrogante bêtise.

C'est l'histoire d'un mec, Georges W. Bush, monument d'invraisemblance à l'image de ses milliers de caricatures. Oliver Stone raconte plutôt bien l'accession improbable aux fonctions suprêmes de cet abruti de fils de riche, alcoolique et bouffeur de chips, cossard et irresponsable durant la première moitié du film et de son ascension.

Puis, W., le lendemain d'une mauvaise cuite, est visité par God, arrête de picoler, devient over croyant, propre sur lui et fréquentable pour les potes de son père, les vautours républicains Cheney, Rumsfeld, Rove, Wolfowitz et Cie. Ils voient en lui le ticket gagnant, le sésame nécessaire à leur soif de pouvoir et de dollars. Ils repèrent surtout une matière malléable à souhait qu'ils vont balader, jusqu'au scandale des supposées Armes de Destruction Massive de Saddam Hussein et l'enlisement en Irak. Son père, par contre, Georges H. W. Bush (impérial James Cromwell), aurait préféré booster son autre fils, l'aîné "Jeb" futur gouverneur de Floride, la fierté de la famille, et fait constamment sentir à son petit dernier tout le mépris qu'il a pour lui. Une jeunesse dorée mais difficile, donc, pour W. qui n'aura de cesse, selon une opinion d'ailleurs généralement répandue, de chercher à se valoriser auprès de ce père et terminer un boulot qu'il estime inachevé en Irak dix ans plus tôt, en dessoudant Saddam.

Stone est un bon faiseur d'images. On ne peut nier un réel savoir-faire de mise en scène. Les acteurs sont fabuleux, Josh Brolin en tête qui se fond souvent, de façon troublante avec son modèle, Richard Dreyfus, en Dick Cheney, magnifique de retenue et de machiavélisme, Scott Glenn en Rumsfeld va-t-en-guerre ou bien encore Thandie Newton en superbe et inquiétante Condoleeza Rice… certes ! Mais ce concours de sosies bluffant ne suffit pas à faire un bon film.

Nous n'apprenons rien (si, peut-être me concernant, ces fameuses séances de recueillement et de prière collective après chaque réunion de travail), le rythme s'essouffle au bout d'une heure (le film en compte deux), la magie du transformisme des acteurs n'opérant plus pour masquer l'indigence d'un scénario poussif et convenu (en même temps, je ne m'attendais pas à un thriller politique, l'histoire est derrière nous). La dernière scène de la pathétique conférence de presse est à la fois humiliante et émouvante pour cet homme, qu'il nous rend presque sympathique, mais qui n'avait manifestement rien à faire là. Une certaine forme de tendresse déplacée pour cet ultra-réac, un brin vulgaire et somme toute bas du front, qui a plongé son pays dans un énorme bourbier social et l'a fait haïr par la terre entière.

C'était donc l'histoire d'un mec, d'une simple initiale, un M. renversé pour une haine déversée, incapable de faire quoi que soit de sa vie et qui, pour provoquer et à la fois plaire à un père qui le prend pour une merde, se retrouve à la tête de son pays qu'il mènera à la ruine et au désaveu planétaire. Un arrière-goût shakespearien ou grec antique finalement...

Un destin tragique donc mais surtout un film ennuyeux. Tant de talents et d'énergie gaspillés pour un résultat autant soporifique et mou du genou sont très énervants. Un Good Bye bien trop complaisant. Les deux heures furent interminables et le générique de fin libérateur. C'est pas bon pour un film ça, No ?

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