lundi 23 novembre 2020

La Zététique : une seule certitude, le doute.

J'ai découvert cette « discipline » il y a quelques jours, alors que je furetais sur le web à la recherche de blogs qui feraient une analyse sérieuse de cette bouse conspirationniste "HOLD-UP".

J'ai alors déniché la chaîne "La Tronche en Biais" (https://www.youtube.com/channel/UCq-8pBMM3I40QlrhM9ExXJQ), animée entre autres par Thomas Durand (docteur en biologie) et Vled Tapas (musicologue) qui en transmettent les fondamentaux et sur lesquels s'appuient toutes leurs analyses et déconstructions argumentatives. Une série de vidéos passionnantes et de débats contradictoires sont disponibles sur leur chaîne que je vous invite à déguster, les lascars ne manquant pas d'humour.

Qu'est-ce que cette drôle de bestiole venant de l'adjectif grec zētētikós « qui aime chercher » ?

Il s'agit de la science du doute qui consiste à "réfuter les arguments d'autorité et à écarter les hypothèses qui font appel à plus d'inconnues qu'elles n'en résolvent. Elle consiste à s'armer contre les mauvais jugements qui résultent des imperfections de notre entendement, notre cerveau étant malheureusement un outil de niveau moyen en ce qui concerne le sens critique".

La zététique est définie comme « l'art du doute » par Henri Broch (professeur de biophysique théorique à l'université de Nice Sophia-Antipolis), le terme d'art se comprenant au sens médiéval d’habileté, de métier ou de connaissance technique, en clair, de « savoir-faire » didactique qui, sans être une fin en soi, est un moyen pour la réflexion et l’enquête critiques.

La zététique est encore présentée comme « l'étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges » ou comme « l'art de faire la différence entre ce qui relève de la science et ce qui relève de la croyance » et bien sûr des théories du complot.

La zététique se réclame aussi du scepticisme scientifique, et plus généralement de la démarche de doute cartésien qu'elle décrit comme nécessaire en science comme en philosophie. Elle se veut, pour reprendre le mot du biologiste Jean Rostand, une « hygiène préventive du jugement »

Bref vous l'aurez compris, la zététique invite à douter a priori de la validité de théories scientifiques, psychologiques ou sociologiques, et tout ce qui touche bien sûr au paranormal, qui nous séduisent intellectuellement, ou ont simplement été émises par des « experts » ou des « spécialistes en blouse blanche » mais qui n'ont aucune preuve avérée et communément admises. La zététique, par exemple ne doute pas que la terre est ronde, par contre elle met en doute l'existence d'une vie après la mort et entend déconstruire et mettre à jour les théories et croyances nombreuses qui l'attestent.

"La Tronche en Biais" ne pouvait bien sûr passer à côté de HOLD-UP, qui déchire la toile et c'est brillamment que Thomas Durand invite à ne pas tout gober systématiquement et dresse les pedigrees douteux de bon nombre d'intervenants dont certains, scientifiques, sont des illuminés notoires.

En voici le lien : https://youtu.be/b9FHAuO65aw

Il me semblait salutaire en cette période troublée de proposer une redescente collective.

Bisous !

mercredi 18 novembre 2020

Techno-Sapiens : bêtise régressive

Peut-être sommes-nous entrés dans une nouvelle grande période historique, une sorte de Néo-Moyen-Âge-Techno où certaines croyances insensées répondent à une médiocrité obscurantiste ambiante.

Comme de coutume, face à une situation incontrôlable et aux peurs engendrées, une nouvelle forme de religion émerge, répondant n’importe quoi aux questions légitimes que l'homme se pose. Homo Sapiens Sapiens a toujours préféré une réponse, même débile, à pas de réponse, préférant croire que comprendre.

Le conspirationnisme ou le complotisme, comblent les vides angoissants tout en dézinguant "les élites" qui tiennent les manettes de nos destinées. Ils ont également cette vertu, de rendre intelligent les crétins fondamentaux qui y adhèrent, du moins de les en convaincre. Ils sont ainsi persuadés qu'ils appartiennent à un petit groupe d'observateurs élus et lucides qui détiennent une vraie vérité cachée, tandis qu'on nous délivre une vérité calibrée, relayée par des médias mainstream, afin de nous maintenir endormis et obéissants. Cerise sur le gâteau, ces nouvelles formes de croyances sont auto-alimentées et participatives, chacun œuvrant, souvent dans un anonymat suspect, en étant persuadé d'être les adeptes prosélytes d'un nouveau messie virtuel et les conquérants revanchards d'un nouveau monde en devenir.

Malheureusement, et contrairement à d'autres formes de religions, les disciples de ce nouveau culte sont souvent d'une violence intellectuelle et d'une vulgarité verbale insupportables. Le maillage et l'efficience des réseaux asociaux relaient et amplifient la paranoïa de ces prédicateurs du pire, qui se répand comme une mauvaise bile, une vague exponentielle haineuse.

Ils nomment désormais "complots", la mainmise observée, par exemple, sur 95 % des richesses ou des médias par 5 % d'individus richissimes plus ou moins occultes. "L'État Profond" ou "Deep State", organisation secrète des puissants de ce monde, est à l'œuvre depuis toujours et joue avec nos misérables vies. Il semble bien que c'est le système capitaliste ultralibéral lui-même qui est totalement rejeté et considéré comme conspirateur visant à asservir, voire éliminer, la population mondiale, via différents procédés plus tordus les uns que les autres. Rejetant toute forme de pouvoir, politique, scientifique, culturel ou financier, sommes-nous en train d’assister à la naissance d'une véritable révolution populiste prenant sa source dans la résurgence d'une lutte des classes détournée et récupérée, accommodée aux relents antisémites habituels et tellement prévisibles ? Il s'agit sans doute encore de ce vieux démon en embuscade, jamais complètement disparu, épouvantail fatigué que l'on ressort à chaque crise, cause de nos maux et de toutes les injustices sociales. Tout cela est la fois fatiguant et, comme toujours, inquiétant.

Pour naviguer et fouiller régulièrement sur le web, le constat est pour le moins accablant et redoutable. La COVID 19, la crise économique, les attentats, l'immigration… autant de sujets brûlants analysés, disséqués, dramatisés, soupçonnés de manigances et de mensonges, alimentés de chiffres fantasmés, d'images truquées et de commentaires enfiellés… certains visionnages de vlogs ressemblent à des descentes en apnée dans les bas-fonds de l'âme humaine et de la pensée contaminée.

S'il s'agit bien de croyances sectaires pour la plupart, quelles armes pour les combattre ou même seulement les éclairer ? Leurs adeptes en sont totalement dépendants et ne considèrent le monde qu'à travers le prisme de leurs délires obsessionnels et parfois paradoxaux. Quels leviers pédagogiques actionner, sans être condescendants, pour faire redescendre le niveau de défiance atteint aujourd'hui ? Insoluble a priori de par leur appropriation des médias alternatifs, que sont les réseaux sociaux, les chaînes d'informations en ligne ou même les simples vlogs militants, littéralement gangrenés par la diffusion en masse de cette désinformation organisée sur tous les sujets. S'il était déjà difficile de faire la part des choses entre Le Figaro et Libération ou BFM TV et France Info, désormais cela est devenu impossible. La stratégie engagée semble être le brouillage systématique des médias et des données.

Le monde se divise donc aujourd'hui en deux blocs, les pro système et les anti système. Ceux qui croient encore en une société qui leur permettra d'avancer malgré ses travers et son lot d'injustices et ceux qui rejettent l'ensemble des discours et dispositifs d'autorité, pire, qui sont convaincus d'être manipulés et bientôt sacrifiés à l'autel de l'avidité des puissants, victimes annoncées d'une cabale mondiale. On nage en plein délire paranoïaque et il n'y a aucune raison que cela cesse.

"Le vent se lève" et/ou "Winter is coming !"

mardi 17 novembre 2020

HOLD-UP : le vol des cerveaux

 Suite à la diffusion récente du film "HOLD-UP" sur les réseaux, un blogueur cinéma que je regarde quotidiennement, prétendait que le complot est intrinsèque à la politique, et qu'il n'y avait donc aucun raison de taxer de complotisme un simple constat. Une façon comme une autre de banaliser cette peste cérébrale qui gangrène nos démocraties. Il avouait, de ce fait, être lui-même être sinon complotiste, du moins minimiser la nocivité de ce phénomène. Bien sûr que les complots politiques existent, depuis toujours, au même titre que les complots militaires ou les complots d'affaires. On trouve même des complots au sein des familles et même dans les cours d'école. Attention toutefois à ne pas confondre complot et mensonge. Le complot est un projet visant à mener une action néfaste contre une nation, une institution ou un individu alors que le mensonge n'est que le fait de masquer une faute ou un scandale, ce qui en politique est bien sûr impardonnable. De là à affirmer que tous nos politiques nous veulent du mal, il n'y a là qu'un pas que les conspirationnistes n'hésitent pas à franchir chaque jours.

À ce sujet, parlons de "HOLD-UP", cette fiction dystopique, qui n'est qu'une succession de questions sans réponses et d'affirmations sans preuves, pour nous asséner, après une heure trente laborieuse et anxiogène, le coup d'une conspiration mondiale des élites ("État Profond" ou "Deep State") visant à asservir et/ou éliminer le peuple par l'intermédiaire du trinôme vaccin/nanotechnologie/5G... Waouhhh !!! Un scénario de ouf pour ados-gamer prépubères qui nous prend vraiment pour des demeurés. Ne parlons pas de certains intervenants totalement insensés qui décrédibilisent totalement le plan initial. La précieuse liberté d'expression a cela de pervers que, permettant à n'importe qui de raconter n'importe quoi sur n'importe quel sujet, elle rend désormais toute parole inaudible et suspecte, cela touchant aussi bien les faits avérés que les faits falsifiés. Bref !

Finalement, au bout de 2h40, on conclut par un "TOUT ÇA POUR ÇA ?"

Si le "ÇA" (la conspiration mondiale) est totalement grotesque on est en droit de se demander si le "TOUT ÇA" (les intervenants et leurs arguments) ne l'est pas non plus...

Bien sûr qu'il est vital d'exercer son esprit critique, de se poser des questions et ne pas avaler l'info mainstream toute crue mais ce n'est certainement pas ce brûlot caricatural et orienté qui nous y invite, ne nous apprenant rien qu'on ne sache déjà de façon diffuse, du moins dans la première partie qui dresse l'état des lieux, sans produire aucune preuve tangible et nous entraînant finalement sur un terrain vaseux où l'on ne souhaitait pas du tout s'enliser.

Si l'époque est difficile, elle est avant tout consternante.