jeudi 10 septembre 2009

Mangez-le si vous voulez : Jean Teulé

Une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXe siècle est ici dévoilée, à savoir le lynchage et la torture d'un jeune aristocrate périgourdin, Alain de Monéys, qui se rendait tout naturellement à une foire située dans un village voisin.



Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin.

Il arrive à destination à quatorze heures. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.



Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie en quelques minutes par une frénésie aussi barbare ?


125 pages de bonheur ! Comment dire cela devant un tel sujet ?... et pourtant, tout l'art de conteur de Jean Teulé est bien là. L'aventure est ignoble, abominable, inconcevable. On referme l'ouvrage et l'on pense... impensable ! Comment un homme connu, respecté et apprécié de ses voisins devient subitement l'objet d'une haine bestiale, la cible d'un vindicte populaire aveugle, le jouet d'un massacre sordide... l'homme se défendra mollement, quelques lucides tenteront de le soustraire à la foule hystérique, en vain... C'est tout simplement ignoble.

À l'image de ce garçon, qu'il connaît, avec lequel il discute le long de la route qui mène à la foire et qui, une heure plus tard, sur un simple quiproquo, ne le remettra pas et le saignera comme un porc, surenchérissant même sur les adultes, emporté dans un rite initiatique abominable et incontrôlable.


C'est en même temps parfaitement léger... une crème fouettée (jusqu'à l'os) à base d'humour noir et de détachement élégant dans la narration. Une réelle friandise morbide dévorée d'une traite.

Ed. Julliard - 17 €.