jeudi 28 octobre 2010

Humeur : Le Cimetière des avatars

Mon ami B.o.B. a soulevé récemment une question qui, loin d'apparaître fondamentale à première vue, mérite cependant que l'on y accorde un temps confortable de réflexion.

"Que deviennent les avatars des joueurs morts ?"

Cela peut paraître dérisoire mais en vérité, la virtualité est devenu une véritable religion pour un certain nombre d'humains. Les nouveaux univers fleurissent et se développent à l'envie d'un bout à l'autre du web.

Qu'il s'agisse de chat 3D comme Second Life, imvu, Virgal, ou Alliun, pour ne citer qu'eux ou bien encore la multitude de MMORPG (Massively Multiplayer Online Role Playing Game) comme World of Warcraft, SpaceWars, Legende, Monarchies ou Last Chaos, on ne compte plus les points de passages vers ces mondes parallèles.

Nul ne peut prétendre mettre les pieds sur ces nouveaux territoires utopiques et fantasmagoriques hors son avatar. À l’instar de nos amis mexicains franchissant la frontière US, ce sont des millions de personnages qui passent quotidiennement derrière le miroir high-tech.

Il y a, quelque part, aux confins de milliers de serveurs, des centaines de millions de personnages tous différents, uniques, formidablement désinhibés, extravertis, fantasques et colorés qui se cherchent, dialoguent, s'aiment, se battent, s'entretuent et meurent...

Est-il déraisonnable de penser que ces êtres numériques sont bien réels, du moins autant que peuvent l'être quelques lignes de code ? Au-delà de l'aspect sociologique ou psychiatrique que revêt un tel phénomène, l'existence "physique" paraît indéniable et la mort ludique du joueur humain n'entraîne pas nécessairement la disparition de son avatar. Admettons qu'il sorte de l'espace visible du jeu, où s'en vont donc errer les octets qui le composent ?

Je vous le demande...

Imaginons des zones de disques entièrement dédiées et habitées par ces avatars sans Maître, ces Ronin digitaux. Ils sont des millions à errer ou attendre patiemment qu'on les réactive pour les remettre en scène. Des mélanges d'octets sont-ils possibles, informatiquement viables ? Ne pourraient-ils envisager et rêver à l'avènement d'un Être Virtuel Suprême, une puissance engendrée par un désir collectif, un délire communautaire qui partirait en conquête, une vengeance de l'oubli ? Ce sont ainsi des millions de cerveaux connectés et entraînés montant à l'assaut de nos systèmes soit-disant inviolables, une armée invisible, impalpable, un Gestalt surpuissant qui prendrait les commandes de nos outils et armes sensibles...

Bon, je vais aller faire une partie de Wii et demander à mon Mii ce qu'il magouille quand je ne suis pas connecté...

mercredi 20 octobre 2010

Humeur : Retraites ? Courage, fuyons !

Voici l'affaire du moment qui déchire les esprits si tant est qu'ils en aient besoin. Vu l'ambiance française de ces derniers mois face au démantèlement programmé de notre système social, envié du monde entier, dixit ceux qui sont aux commandes du Bulldozer Amiral, le bordel qui s'annonce a quelque chose de réjouissant. Une réplique, enfin. Un sursaut populaire pour dire STOP ! aux manœuvres de Passe-Partout 1er et de son gang de prédateurs sans pudeur ni morale.

Une riposte, sans doute encore trop timide, qui s'organise et qui entend clamer son refus de perdre ce qui a été si difficile à obtenir. Elle montre du doigt les responsables, les goinfres qui en veulent toujours plus au détriment de ceux qui gagnent toujours moins. L'argent est ailleurs, certainement pas dans les poches des smicards qui se pressent toujours plus nombreux aux comptoirs des Banques Alimentaire et autres Restos du Cœur... L'indécence absolue des discours patronaux/gouvernementaux, relayés par les médias complaisants qui participent à la curée, est littéralement révoltante.

Oui, le monde change, oui, nous vivons plus longtemps, oui, il y a moins d'actifs et plus de retraités, oui, il faut réformer... ET ALORS ? Sont-ce là des arguments suffisant pour épuiser et affamer sans vergogne ?

Vivre plus longtemps implique-t-il automatiquement de travailler plus longtemps ? Une société hautement évoluée n'entend-elle pas réduire au contraire l'effort des citoyens en répartissant au mieux les ressources ? C'était en tout cas l'esprit du concept "retraites" jusqu'alors. Aujourd'hui les ressources sont confisquées par le Marché et le salarié est devenu le nouvel esclave du rentier.

Effectivement les caisses sont vides et les actifs, chanceux de l'être, ne suffisent plus à les remplir. L'argent est ailleurs, dans les coffres de ceux qui détournent les fonds en démantelant les entreprises et en supprimant de ce fait quelques centaines de milliers d'emplois supplémentaires chaque année. Les vases communiquent à sens unique.

Caricature ? Si peu mais une colère croissante sans aucun doute !

Les étudiants et les élèves manifestent. "Scandaleuse manipulation de la part de l'opposition et des syndicats..."
Bien sûr, l'adolescent possède un cerveau immature voire incomplet, c'est un fait scientifique avéré. Nos gouvernants sont d'accord pour descendre l'âge pénal à 13 ans mais refusent de voir dans le mouvement des jeunes la moindre réflexion politique. Certains élèves profitent de l'occasion pour sécher ? Certainement mais généraliser, c'est dénigrer donc mépriser. Ils sont sinon au premier plan, du moins directement concernés par les mesures car ils travailleront très prochainement, pour ceux qui trouveront un emploi, bien sûr.
Une angoisse supplémentaire avant d'entrer dans ce vampirique monde du travail.

Quand bien même... et si les retraites n'étaient qu'un prétexte supplémentaire pour signifier aux dieux élyséens que les simples mortels sont en réelle souffrance, qu'il faut libérer la justice, enchaînée et bâillonnée dans une oubliette de Davos et que le mot "Réforme" ne signifie pas nécessairement "Racket" ?

mardi 19 octobre 2010

Humeur : "Life is a fucking video game !"

Tu avances, toujours et, même si tu fais une pause sur le bord du chemin, c'est l'ensemble du décor greffé sur le funeste tapis roulant qui continue inexorablement sa lancinante avancée. Il te faut donc avancer un peu plus vite pour être prêt et avoir l'opportunité de choisir. Prendre tel chemin, ouvrir telle porte, prononcer tels mots ou bien ne rien faire, ne rien dire... Comme tu choisis tu vis ! Ramasser de l'or, se battre, prendre des vies, se faire des amis, rencontrer, échanger, s'isoler,...ton personnage se forge et s'endurcit après chaque niveau mais il s'épuise aussi, un peu plus chaque jour pour tenter de saisir la règle de ce jeu hallucinant... la partie se termine en général sur un "Game Over". A ce jour, aucun gagnant ne s'est fait connaître.

jeudi 30 septembre 2010

Humeur : C'est Marianne qu'on guillotine !

Liberté, Égalité, Fraternité, voilà un vocabulaire devenu indécent voire blasphématoire dans la bouche d'une partie grandissante de la population bien pensante de droite.

Afficher avec arrogance et cynisme son mépris des valeurs fondatrices de notre république c'est appartenir à l'équipe des "Winners" qui dessinent la France et le monde de demain. Accumuler du pognon au détriment de travailleurs précaires et terrorisés c'est s'afficher aux côtés des prédateurs cannibales et conquérants. Applaudir des quatre membres à l'expulsion d'Européens indésirables c'est oublier volontairement une histoire particulièrement nauséabonde et réhabiliter un dessein que l'on croyait terrassé. Remettre en cause de façon accélérée des acquis douloureusement obtenus depuis la dernière révolution, c'est jeter aux oubliettes les idées qu'elle engendra et en négliger le sens littéral qui est celui de la rotation et du retour. Des têtes tombèrent pour venger une injustice longuement subie, elles tomberont de nouveau, ce qui peut arriver de mieux en regard du délabrement en cours de notre système social et plus généralement des relations humaines.

Je me suis retrouvé récemment au centre du sempiternel débat concernant les différences entre la droite et la gauche. Cerné par deux représentants d'une droite pure je ne me suis vu opposer qu'un unique argument économique comme différence essentielle. État arbitre et libéral Vs état dirigiste et socialiste (si l'on veut bien considérer que le parti socialiste représente légitimement la gauche). Voilà la réduction ultime permettant à la droite de s'approprier les valeurs sociales faisant défaut. Affirmer que seul l'économique différencie Droite et Gauche voilà l'argument bancal par excellence car depuis des décennies, depuis le renforcement de l'union européenne, depuis cette diabolique mondialisation, la gestion des affaires de la France passe entre des mains différentes mais garde un cap relativement proche en tentant simplement d'éviter les écueils. Les enjeux ne dépendent pas des pouvoirs en places et il est aisé d'observer, à l'approche d'échéances électorales, des gouvernements de droite pratiquer une économie de gauche plus sociale et inversement. Non, les différences sont beaucoup plus manifestes et puisent leur origine aux sources de l'histoire humaine.

La lutte des classes chère à Marx n'est pas une simple vue de l'esprit, un vilain hochet que l'on agite pour effrayer l'enfant bourgeois capricieux. Elle existe depuis toujours, ou presque, reposant tout d'abord sur la grosseur du gourdin puis sur une répartition plus subtile des ressources et des pouvoirs au travers des différents ordres qui aboutirent à ceux du clergé, de la noblesse et du tiers état, ce dernier comptant tout le reste, la roture, du misérable paysan au bourgeois commerçant le plus gras. Ces mêmes bourgeois décidèrent de changer ce système d'ordres inique pour un autre plus équitable (rires), basé uniquement sur les classes, beaucoup plus harmonieux avec leurs propres valeurs dont celle essentielle de l'argent. L'argent devenait enfin le mètre étalon du pouvoir et il l'est encore aujourd'hui. Il suscite une absolue vénération et des temples très puissants entretiennent son culte planétaire.

N'en déplaise à Monsieur Bayrou et son "ni droite, ni gauche" qui piétine allègrement l'histoire dans un unique souci de récupération, des contrastes violents existent. Des millions d'hommes et de femmes sont morts tout au long des siècles pour tenter de rétablir un minimum d'égalité ou simplement ne pas crever de faim.

Quand la droite place l'économie au centre de tout et fait de l'homme son serviteur servile avec pour unique but le profit de quelques-uns, la gauche (la vraie gauche) place l'homme au centre de tout et fait de l'économie un outil à son service avec pour but le bien-être du plus grand nombre. L'homme de droite agit donc pour son bien seul (et celui de son cercle proche) tandis que l'homme de gauche agit pour la communauté. Voilà naïvement et grossièrement la répartition des 2 camps. Il y a bien sûr des exceptions et des nuances à ce constat mais globalement le camp choisi implique des choix politiques et des répercussions sur le milieu.

Aujourd'hui la devise Liberté, Égalité, Fraternité se voit amputée de ses deux derniers membres. Si le Français tolère plus ou moins bien une société de classes, s'il accepte globalement et historiquement que certains gagnent énormément d'argent tandis que d'autres tirent la langue en fin de mois, il refuse catégoriquement un retour à une société d'ordres, ses privilèges et sa justice multivitesses. C'est exactement ce qui est en train de se passer et c'est pour cela que la colère gagne du terrain. Le peuple doit être repris en main et seul un peuple apeuré est contrôlable. En brouillant les pistes Droite/Gauche, en creusant toujours d'avantage le fossé entre ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien, en faisant de l'argent une valeur quasi morale, en protégeant les puissants et en persécutant les plus faibles, nos gouvernants fragilisent la paix sociale. Il nous reste certes des libertés, celles de consommer du crédit et des programmes décérébrant ou bien encore celle de se pendre dans sa cave quand la douleur ou la misère est devenue intolérable. L’égalité est devenue une vieille belle idée, complètement décatie. Il suffit d'observer les mondes de l'école, du travail ou de la justice pour mesurer à quel point elle s'est vidée de son sens. Pour ce qui est de la fraternité, voilà le dernier mot à la mode, à la fois grossier et rigolo, que les bouches de droite goûtent comme une friandise...


Liberté, égalité, fraternité
, cela sonne comme une vieille comptine que l'on chante aux enfants pour les endormir.

jeudi 24 juin 2010

Film : L'Agence tous risques - Joe Carnahan

Que les purs fans de la série des 80's passent leur chemin car le relookage est radical. On est passé du ringard pépère à l'absolu déjanté.

Joe Carnahan s'est visiblement donné pour mission de repousser les limites de l'improbabilité pyrotechnique et acrobatique.

Une fois n'est pas coutume, j'assume mes plaisirs coupables (?) face à ce blockbuster de 165 millions de dollars que je préconise sans l'ombre d'un complexe, tant le n'importe quoi peut avoir des vertus curatives quand il est paré d'un second degré indéniable et jubilatoire.

C'est insensé, drôle, musclé et le scénario tient sans peine sur un ticket de cinoche, ce dont on se moque royalement dans le cas présent.
Tous les moyens de transport et les types d'armes sont utilisés, les cascades sont complètement dingues et les acteurs visiblement ravis d'être là, Liam Neeson "Hannibal" et Bradley Cooper "Futé" en tête pour ne citer qu'eux.

Bref, nous avons à faire à un produit typiquement bourrin-jouissif.

lundi 14 juin 2010

Film : Green Zone - Paul Greengrass

Irak 2003. Un officier américain chargé de dénicher les A.D.M. "armes de destructions massives" se rend rapidement compte que les informations communiquées par son État-major concernant les supposées caches sont bidons. Il décide alors de savoir pourquoi et qui est derrière tout cela.

Réalisateur des deux derniers volets de la saga Jason Bourne ("The Bourne Ultimatum" et "The Bourne Supremacy) avec le même Matt Damon, le réalisateur anglais Paul Greengrass, ancien documentariste, démontre avec brio qu'il est possible de marier l'action haute de gamme et la réflexion historique documentée.

La reconstitution d'un Irak chaotique est particulièrement bluffante. Poussière étouffante, chaleur accablante, foule hystérique, vacarme des matériels militaires, services gouvernementaux perfides, tension palpable continue... tout est réuni devant une caméra à l'épaule parfaitement anxiogène, suivant le militaire dans sa quête de vérité quelque peu dépassé par les événements.

Magnifique de tension, de doute et de ténacité, Matt Damon est de tous les plans, ou presque, et porte sobrement l'action qui ne faiblit à aucun moment. Suspens intégral pour ce bien sale scandale mondial.

À voir absolument pour le brio de la mise en scène.

jeudi 3 juin 2010

Film : Le livre d'Eli - Albert & Allen Hughes

L'apocalypse a eu lieu il y a trente ans et la terre n'est plus qu'un vaste champ de ruines infestées de bandes barbares et anthropophages. Eli marche depuis trente ans, solitaire et silencieux, se protégeant des agressions et grappillant tout ce qu'il peut trouver sur sa route. Il marche vers l'Ouest, investi d'une mission divine, jusqu'à ce qu'il traverse une petite ville en survivance et ne se heurte à Carnegie, le maître redoutable de cette communauté à la dérive.

Bien... Il suffit de se balader sur le net pour se rendre compte que toutes les critiques sont éreintantes et, effectivement, les arguments sont accablants.

Bien sûr qu'il y eut "La Route" peu de temps avant qui bénéficia de critiques plus complaisantes, le livre dont il était adapté, étant d'un niveau bien supérieur, sans aucune mesure...

Bien sûr, que l'on peut voir ici un produit à mi-chemin entre Mad Max et la Passion du Christ, toutes proportions gardées...

Bien sûr que les images ont été vues cent fois...

Bien sûr qu'il s'agit d'un warrio-catéchisme à deux euros, le héros distribuant sereinement les pains tout en prêchant et en parsemant sa route de dizaines de cadavres sales, puants et déshumanisés...

Bien sûr que le fond du sujet et la morale qui s'en dégage sont évangéliquement simplistes, grotesques et douteux...

Et pourtant, j'ai complètement été accroché par l'ensemble et le charisme absolu de Denzel Washington. Elégant, efficace et mystérieux, il traverse l'histoire et les images délavées avec tellement d'aisance et d'obstination, qu'il donne à l'ensemble une facilité de regard, malgré les nombreuses scènes violentes et un désir prégnant de l'accompagner jusqu'au bout de sa quête pour en connaître la chute. Gary Oldman compose quant à lui un méchant raffiné et impitoyable, rôle qu'il n'avait pas tenu depuis des années.

Voilà. Il est des films que l'on sait sinon mauvais du moins ratés, pour un ensemble de raisons listées et connues, mais que l'on ne peut s'empêcher de regarder jusqu'au bout en y prenant un certain plaisir avoué.

mercredi 26 mai 2010

Film : Robin Hood - Ridley Scott

Angleterre XIII siècle. Un simple archer, Robin Longstride, de retour chez lui avec sa bande de potes mercenaires, déjoue à moitié une embuscade tendue à Sir Robert de Loxley, Comte de Huntington, censé rapporter à Londres, la couronne du Roi Richard Coeur de lion, mort sur le champ de bataille. Avant de succomber à ses blessures, il lui fait jurer de remettre cette couronne au Pince Jean, le frère hériter, ainsi que de rapporter son épée à son vieux père, Walter de Loxley, dans le comté de Nottingham.

Au terme du voyage, il découvre une région corrompue, sous le joug d'un shérif impitoyable aux ordres du Prince qui affame son peuple à grands coups d'impôts et de taxes. Robin rencontre Lady Marianne, la veuve de Robert, femme forte et autonome qui dirige et exploite les terres du domaine. Walter propose enfin à Robin de se faire passer pour son fils de retour des croisades, car à sa mort et sans aucun héritier aux yeux de la loi, toutes ses terres reviendraient à la couronne et Marianne se trouverait alors dépossédée de tout.

C'est ainsi que l'archer devient comte et qu'il mettra tout en œuvre pour unifier les Barons et sauver le trône d'Angleterre menacé par un complot et une invasion française. Une fois le danger repoussé, le Prince Jean reniera toutes les promesses faites aux Barons et, par jalousie, fera de Robin de Loxley, le célébrissime hors-la-loi de la forêt de Sherwood.

Le film retrace donc la naissance de la légende.

Voilà ce qu'on peut appeler un produit parfaitement qualibré.
Un héros magnifique et sans fioritures… terminés les collants verts d'Errol Flynn ou le brushing de Kevin Costner. Ici c'est plutôt cuir, métal, sueur, boue et sang.
De l'action et des combats particulièrement violents et formidablement reconstitués. Le débarquement final des armées françaises reste un grand moment épique.
Un brin de romance, juste le minimum syndical, entre un Robin qui a visiblement d'autres préoccupations et une Marianne plutôt coriace qui manie aussi bien la charrue que l'arc.

Je ne cacherai donc pas le plaisir ressenti durant ces 2h20 jubilatoires. Scott possède un réel savoir faire pour mettre en scène l'héroïsme le plus exubérant et Russell Crowe, qui a ici troqué sa jupette en cuir et son glaive contre une cotte de mailles et un arc, apporte au rôle suffisamment de virilités et de détermination pour transformer cet épisode historique en une véritable épopée flamboyante.

Le genre de film qui viole tranquillement l'histoire pour accoucher d'un spectacle excessif certes mais également puissant et éclatant.

mardi 18 mai 2010

Film : Le Ruban Blanc - Michael Haneke

1913-1914. À la veille de la première guerre mondiale, un village prussien, protestant et puritain, devient le théâtre d'accidents et de sévices mystérieux qui se révèlent être des actes punitifs et justiciers. À travers différentes familles, le baron, le régisseur, le pasteur, le médecin, la sage-femme et les paysans, nous découvrons la vie austère de ce microcosme terne et monotone où l'instituteur du village, narrateur des faits, mènera l'enquête et finira par découvrir qui se cache derrière ces drames odieux.

Filmé en noir et blanc, pour ne pas dire en gris tant la chape de plomb est pesante, ce récit de 2h25 d'une austérité radicale, observe d'avantage qu'il ne dénonce cette communauté féodale et rigoriste, cloîtrée dans ses préceptes rigides et ses silences soumis.

Haneke filme la fin d'un monde qui bientôt laissera la place à un autre bien pire. La cruauté ordinaire qui se révèle sous nos yeux préfigure sans doute les horreurs à venir. Le fascisme et sa violence peuvent naître insidieusement n'importe où, n'importe quand et chez n'importe qui. Jalousie ou rejet de la différence engendrent cette dérive tranquille et silencieuse, presque innocente, qui lentement s'installe et vérole les esprits sinon les plus purs du moins ceux fondus dans le moule de la vertu la plus intransigeante.

Un cadre maussade et oppressant, des rapports sociaux archaïques sur le point d'imploser, une éducation pieuse et inflexible, l'ensemble servi par un casting renversant, des images incroyablement pénétrantes et une mise en scène radicalement épurée font de ce Ruban Blanc une œuvre proprement hypnotique.

Ce film de deux heures trente où il ne se passe rien pourra en rebuter plus d'un. Cependant l'addiction à l'extrême tension que diffuse ce film dès la première seconde me paraît inévitable. Sans doute une forme de voyeurisme captif face à cette société, malade de ses valeurs moisies et de ses désirs refoulés, se délitant sous nos yeux.

Je demeure encore complètement secoué par la puissance du propos.
Tout simplement sublime et bouleversant.

mercredi 12 mai 2010

Film : Tetro - Francis Ford Coppola

Tetro vit exilé depuis dix ans, à Buenos Aires, après avoir rompu tous liens avec l'ensemble de sa famille. Il vit avec Miranda, son unique passion, celle qui le maintient à flot, le protège de sa folie et lui prodigue un amour réciproque. Il vivote, se loue comme éclairagiste de théâtre, quand l'humeur est là...

Tetro fuit son passé et un père despotique et étouffant, illustre chef d'orchestre qui lui a tout volé, son désir d'écrire et son amour de jeunesse. Pourtant, ce matin-là, débarque Bennie, son frère cadet, en escale technique et en uniforme. Tetro avait jadis promis de revenir le chercher pour l'enlever à cet ogre de père...

Les retrouvailles sont à la fois douloureuses et fuyantes. Un terrible secret sépare les deux frères sur lequel plane l'ombre gigantesque du père aujourd'hui mourant. Le film raconte l'apprivoisement de Tetro par Bennie et la quête de vérité de ce dernier qui cherche des réponses à la disparition de son frère adoré.

Coppola filme en Noir & Blanc, d'une façon magistrale, ce théâtre d'ombres particulièrement léché. L'image est magnifiquement lumineuse. Seuls les quelques flash-back sont en couleurs. Coppola filme ainsi une partie de sa propre vie, sobrement, en plongeant au plus profond des regards et des âmes, au rythme d'une bande-son proche du Tango composée par Brian Eno.

Les acteurs sont tout simplement extraordinaires, Vincent Gallo dans le rôle de Tetro le frappé, Alden Ehrenreich, un débutant, physiquement très proche de DiCaprio, absolument bluffant, Klaus Maria Brandauer le père mégalo, Maribel Verdu la compagne aimante et Carmen Maura la Critique Culturelle, pour ne citer qu'eux...

Un film visuellement magnifique, une tension continue pour ce drame profond et bouleversant...

Le Maître a encore frappé !

mardi 6 avril 2010

Humeur : L'IPad en prend plein la pomme !

L'Ipad a été mis en vente hier aux "States". Pas un média qui n'ait relaté le fait en tombant sur Apple à bras raccourcis... seuls les testeurs, la presse spécialisée et les nouveaux utilisateurs l'encensent. Sur nombre de forums également, une armée de pisse-vinaigres, de grincheux et autres atrabilaires récalcitrants systématiques au progrès, à la nouveauté ou plus spécifiquement aux entreprises confirmant avec insolence leur success-story, vomissent, par principe, sur le nouvel OVNI de la Pomme. Ils oublient simplement qu'il y a bien pire et depuis des lustres...

On reproche déjà au nouvel outil d'être futile, cher et décervelant. Dans le genre, sur la plus haute marche du podium de l'inepte et de l'inutile, jamais égalée : la téloche. Le nombre d'abrutis qui possèdent et utilisent quotidiennement ce gadget ancestral, payable à vie de surcroit, devrait faire réfléchir ceux qui conchient l'IPad, sûrement les mêmes...

dimanche 4 avril 2010

Humeur : "Islam, ce que l'Occident doit savoir"

Vu hier l'ensemble du documentaire "Islam : ce que l'Occident doit savoir". Désolé mais je ne cautionne pas cette propagande grossière.

C'est tellement énorme qu'il doit y avoir une part de vérité me direz-vous... une part oui. En fait rien de neuf sous le soleil. L'Islam, bien plus qu'une religion, est avant tout un système politique global et totalitaire. Moi, ça me rappelle simplement les grandes et belle années de notre église, il y a quelques siècles, sur les préceptes de laquelle est fondée notre civilisation chérie.

À l'écran, aucun détracteur pour une sélection très ciblée d' hadiths (paroles de Mahomet) extraits du Coran qui tendent à prouver que l'Islam est une religion de conquête et de violence, le tout pédagogiquement emballé par "d'éminents spécialistes" très posés (quand on fouille un peu et qu'on en sait un peu plus sur les intervenants, on en comprend le but)... le procédé relève bien d'avantage de l'outil de propagande que du simple documentaire objectif. De toute façon il paraît impossible d'être objectif devant un tel sujet.

Je n'ai pas plus ni moins de respect pour cette religion que pour les autres. Bien qu'elle soit aujourd'hui en mode actif et qu'une réelle violence est observable un peu partout sur la mappemonde, prendre parti c'est choisir un camp, qui se valent tous, c’est-à-dire pas grand-chose, de par l'ineptie de leur fondement même.

Libre à chacun d'être pro israélien ou pro arabe et de combler le vide de son existence par la haine de l'autre...

dimanche 28 mars 2010

Humeur : La fessée du garnement.

Une bonne fessée n'a jamais tué quiconque et permet d'ordinaire de recadrer les idées fourvoyées. D'ordinaire, en effet... mais celle-là, bien que sévère, ne semble posséder aucune vertu curative tant le chenapan est obtus pour ne pas dire teigneux.

Le petit Nicolas vient de recevoir indirectement une monstrueuse raclée et persiste à mettre en pratique l'adage notoire "on ne change pas une équipe qui gagne" ni "une politique formidable". Sans doute, justement, parce que la dérouillée fut indirecte. Tacticien courageux, il expédia au front onze de ses ministres en pensant " s'il est un succès, le scrutin sera déclaré plébiscite intime, sinon simple péripétie régionale, une paille". Aucun n'en réchappa, un massacre dans les règles d'un scrutin justicier.

D'un autre côté, il n'a guère le choix. Admettre l'ineptie de ses idées, l'égocentrisme de sa vision, la souffrance que ses choix imposent ou l'injustice dont il pare chaque recoin de notre stratosphère, lui est interdit. Remettre en cause ses fondements, aussi nauséabonds soient-ils, reste inconcevable à ce petit homme arrogant et inculte tandis qu'il passe son temps à affirmer à une France dépressive et déboussolée qu'elle est tout simplement impatiente de se faire violer par un train de réformes toutes plus iniques les unes que les autres.

Intelligent il l'est pourtant, pour avoir gravit avec tant de talent les marches du pouvoir... du moins pensions-nous tous qu'il l'était avant qu'il n'y accède et ne l'exerce. Il semble bien que seule la conquête stimulait son intellect et ses instincts de prédateur. Le but atteint, la baudruche n'a cessé de se dégonfler inexorablement. Bientôt trois années de manœuvres, de mensonges et de vents qui paraissent déjà une décennie éreintante.

Il demeure tout de même un tiers de français pour croire encore au renouveau politique promis. Je les soupçonne avant tout de vouloir en profiter tant qu'il est temps, en faisant un concours de crachat sur la fraternité, pourtant indispensable en pareille période. L'individualisme et l'égoïsme sauvages sont au pouvoir. C'est l'ordinaire de la droite, nous le savons. Cette droite-là ne se cache même plus derrière de vagues discours sociaux. Nous pouvons lui reconnaître cette franchise. Sans état d'âme, elle démantelle, réduit, supprime, détruit ou gomme ce qui subsistait de liens sociaux et de soutiens collectifs. Tout ce qui coûte et ne rapporte rien est réformé. Voilà le véritable sens des réformes engagées. La compétitivité a remplacé la fraternité, l'entraide a laissé place à un carriérisme trivial et le respect des autres est devenu un acte politique d'opposition. Pauvre pays, tellement envié jadis pour sa grandeur humaniste.

Les valeurs de cet individu méprisable et de sa clique courtisane ne sont assurément pas les miennes. Je n'ai aucun respect pour ce président qui fait souffrir son pays dont nombre de ceux aujourd'hui qui le portèrent au pinacle hier. Il m'est insupportable d'être gouverné part cet esprit vulgaire, ce parvenu, ce Rastignac sans panache. Nous avons été habitués à plus de hauteurs et d'allure et il ne nous sert que médiocrité et clinquant depuis son avènement.

La route reste longue jusqu'en 2012, autant dire encore 10 années.

mardi 9 février 2010

Film : Rien de personnel - Mathias Gokalp

Voici un huis clos plutôt malin, déroutant et exemplaire à bien des égards.

Le laboratoire pharmaceutique Muller organise une réception à l'occasion du lancement d'un nouveau produit. Au cours de la soirée, on découvre qu'il s'agit en réalité d'un exercice de coaching pour les cadres de l'entreprise. Bientôt, les rumeurs sur le rachat prochain de la société se répandent insidieusement et chacun tentera de sauver sa place.

Un premier film découpé au cordeau et réglé comme un chronomètre de précision. En plus d'être cruel, traitant avec cynisme de rachat d'entreprise et de plan de restructuration, le film utilise les codes du thriller pour mieux dramatiser et insuffler une atmosphère étouffante de suspicions croisées. Qui sera mangé et plus simplement qui est qui dans cette soirée éprouvante ? Qui coache qui et qui sont vraiment les victimes de ce jeu de massacre organisé ?

Le montage exemplaire repose sur un récit éclaté où les mêmes scènes sont filmées du point de vue des différents protagonistes et sous des angles différents. Personne n'est ce qu'il paraît être et les pions de cette partie d'échec avancent masqués sur un carrelage de faïences noires et blanches.

Les interprètes sont tout simplement géniaux, Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès, Mélanie Doutey, Pascal Grégory, Zabou Breitman et Bouli Lanners pour ne citer qu'eux...

Qu'il est bon de se faire balader quand cela est fait avec brio.

Film : Demain dès l'aube - Denis Dercourt

Le film a pour toile de fond l'univers des "rôlistes" et les campagnes napoléoniennes. Il dépeint la relation entre deux frères, l'aîné, pianiste virtuose et célèbre, et son cadet, passionné de batailles historiques et de jeux de rôles. Leur mère souffrante, demande à l'aîné de protéger son jeune frère et l'aider à reprendre pied dans la réalité. Pour ce faire il n'aura d'autres choix que de basculer à son tour dans ce monde étrange où le jeu et la réalité se confondent dangereusement.

Voilà un film bien élégant où Vincent Perrez, après une absence de plusieurs années des plateaux, joue Paul le frère aîné, et trouve sans doute dans ce film l'un de ses plus beaux rôles, tout en retenu, en regards, en silences et en maîtrise. Jeremy Renier joue Mathieu, le jeune frère fragile et attachant qui trouve dans sa passion dévorante une reconnaissance et un accomplissement absents de sa vie réelle. Tout comme ses partenaires d'ailleurs, à l'instar de cet ancien patron déchu (excellentissime Aurelien Recoing), endossant l'habit de Capitaine autoritaire, commandant en chef du IIe Bataillon de Hussards de l'Empereur ou encore cet aide-soignant (inquiétant Gérald Laroche) celui d'un Médecin-Major exerçant son art rudimentaire lors de duels réels.

Le film s'ouvre d'ailleurs sur une scène de duel où deux hussards (mais nous n'apprenons qu'ensuite qu'il s'agit d'une reconstitution) se préparent à battre le fer pour laver leur honneur. "Au premier sang versé"... il s'agit bien d'un véritable duel, qui en cas d’accident mortel sera maquillé en accident d'escrime ou de chasse à l'arme ancienne.

Construit comme un thriller, le film bascule sans arrêt entre réalité et reconstitution. Paul le virtuose plonge dans ce monde hallucinant pour faire plaisir à ce frère qu'il adore mais dont ses activités, ses concerts et ses succès l'ont éloigné de lui. Il est contraint de rentrer dans ce jeu qu'il observe tout d'abord avec amusement et étonnement revêtu de son habit de Hussard du Ve Bataillon Impérial. Il se rend compte bientôt qu'il ne s'agit pas d'un simple jeu et s'investit d'avantage afin de protéger ce frère qu'il pressent en danger. L'amusement se transforme très vite en agacement puis en crainte pour se terminer en véritable cauchemar quand il est lui-même confronté à l'honneur bafoué et à la haine du Capitaine qui voit dans le duel l'unique moyen de laver un affront imaginaire et grotesque.

Film sur la schizophrénie, sur le désir ou le besoin de jouer pour échapper au quotidien, sur la folie de s'échapper trop loin, ce film étrange, très bien écrit, formidablement joué, filmé avec sobriété, est d'une saveur rare.

vendredi 29 janvier 2010

Film : A Serious Man - Ethan et Joel Coen

Midwest 1967, Larry Gopnik, Professeur de physique est accablé par un quotidien médiocre. Sa femme Judith le quitte pour une connaissance qu'elle juge plus important que son insignifiant mari, sa fille Sarah passe son temps à se laver les cheveux et pioche en cachette dans son portefeuille pour se faire refaire le nez, son fils Danny a des problèmes de discipline à l'école hébraïque, Arthur son frère aîné, assisté social, dort sur le divan du salon, sa belle voisine le perturbe, son voisin le provoque, ses collègues de l'université le menacent de non-titularisation, un éleve coréen le harcèle en le soudoyant pour obtenir une meilleure note... Au bord de la noyade, il décide de consulter trois différents rabbins pour l'aider à trouver un sens à sa vie et devenir un "Mensch", un homme sérieux, un homme bien.

Je suis un grand fan des Cohen et fatalement, fort douloureuse fut la chute devant ce monument d'ennui d'1h44. Film pour initiés, décrivant assez bien, je pense, les mentalités et coutumes des communautés juives moyennes américaines pétries de traditions, d'interdits et de retenues, il laisse finalement difficilement pénétrer le "goy" moyen, sans connaissance du rituel et de son vocabulaire.

Que les frères se soient fait plaisir, ne fait aucun doute. On perçoit malgré l'ennui, une dérision jubilatoire, un règlement de compte chaleureux avec ce que fut sans doute leur jeunesse mais l'univers est trop éloigné et trop confidentiel pour permettre d'y participer pleinement et rire, voire sourire avec eux, des malheurs acidulés et aseptisés de Larry. Quelques scènes cocasses, permettant de rester éveillé, jalonnent ce parcours initiatique, comme celle de Larry, filmé du haut de l'amphithéâtre, minuscule devant un gigantesque tableau noir recouvert de centaines d'équations mathématiques censées démontrer le principe d'incertitude.

Couleurs acidulées justement, légèrement passées (plutôt esthétiques d'ailleurs) et mise en scène minimaliste, confèrent à l'ensemble un non relief plombant d'avantage l'ambiance.

Vraiment, cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas autant rasé devant un écran. En espérant que leur prochain sera plus accessible.