
Filmé en noir et blanc, pour ne pas dire en gris tant la chape de plomb est pesante, ce récit de 2h25 d'une austérité radicale, observe d'avantage qu'il ne dénonce cette communauté féodale et rigoriste, cloîtrée dans ses préceptes rigides et ses silences soumis.
Haneke filme la fin d'un monde qui bientôt laissera la place à un autre bien pire. La cruauté ordinaire qui se révèle sous nos yeux préfigure sans doute les horreurs à venir. Le fascisme et sa violence peuvent naître insidieusement n'importe où, n'importe quand et chez n'importe qui. Jalousie ou rejet de la différence engendrent cette dérive tranquille et silencieuse, presque innocente, qui lentement s'installe et vérole les esprits sinon les plus purs du moins ceux fondus dans le moule de la vertu la plus intransigeante.
Un cadre maussade et oppressant, des rapports sociaux archaïques sur le point d'imploser, une éducation pieuse et inflexible, l'ensemble servi par un casting renversant, des images incroyablement pénétrantes et une mise en scène radicalement épurée font de ce Ruban Blanc une œuvre proprement hypnotique.
Ce film de deux heures trente où il ne se passe rien pourra en rebuter plus d'un. Cependant l'addiction à l'extrême tension que diffuse ce film dès la première seconde me paraît inévitable. Sans doute une forme de voyeurisme captif face à cette société, malade de ses valeurs moisies et de ses désirs refoulés, se délitant sous nos yeux.
Je demeure encore complètement secoué par la puissance du propos.
Tout simplement sublime et bouleversant.
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