samedi 30 juillet 2011

Cinéma : Lourdes - Jessica Hausner

Décidément, je dois avoir un véritable problème avec les films qui parlent du Petit Jésus ou de sa bande. Il semble que je sois attiré par le sujet et, en même temps, fort prompt au dégommage. Oui, mais il y a de quoi...

Lourdes ! Est-il nécessaire d'user d'un jeu de mot facile pour décrire les 109 minutes affligeantes qu'il m'a fallu endurer pour parvenir au bout de cette soporifique entreprise ?

Avant toute chose, chapeau de s'être attaqué à ce sujet délicat qui ne peut basculer, au choix selon la culture du réalisateur, que vers la comédie grasse et lourdingue ou le pensum prosélytiste. Ici nous avons droit seulement à un ennui continu, la réalisatrice étant autrichienne mais je ne vois pas le rapport...

Petit résumé : Christine (Sylvie Testud) est en fauteuil roulant depuis pratiquement toujours. Ce séjour à Lourdes représente pour elle une sortie, un moyen d'échapper à un quotidien terne et rencontrer d'autres humains. Le groupe auquel elle appartient est encadré par de jeunes bénévoles de l'Ordre de Malte, dont la responsable, l'inquiétante et évanescente Sœur Cécile, sera évacuée à l'hôpital suite à un grave malaise. Au pays des miracles voilà qui fait désordre et représente le point comique et satirique culminant de l'œuvre. Christine s'offre la totale : bains, bénédiction, procession dans la célèbre grotte de cette chère Bernadette, cierge énorme, magnifique et forcément phallique... Sans vraiment trop y croire, jouant d'avantage les touristes que les grenouilles, Christine se lève finalement un beau matin, miraculeusement guérie. Tout d'abord applaudie et respectée, elle devient vite la cible des rancœurs et autres jalousies. Pourquoi elle, qui vient ici pour la première fois ? Christine entend alors rattraper le temps perdu et rêve d'amour, de travail, de famille... repartir à zéro, un des jeunes bénévoles semble d'ailleurs s'intéresser à elle (pourtant elle est habillée comme un sac)...

Bien ! C'est (volontairement ?) mal filmé, terne et sans chaleur ni contraste. Les plans, les cadrages, les mouvements de caméra sont minimalisés au maximum comme si l'économie de moyen était raccord avec le sujet, il semblerait que ce soit le cas (cf "Des hommes et des Dieux"). Lourdes est pourtant tout le contraire, sa vulgarité mercantile et ses opulentes boutiques de souvenirs, ses monuments et décors religieux pompeux qui font parfois penser à DisneyLand, sa foule colorée qui se presse calmement vers les lieux de culte et d'adoration... Tout cela a été gommé, délavé, terni et filmé à la façon d'un médecin légiste. Les dialogues sont rares et plats. Seules les explications fumeuses et embarrassée du curé de service pourront soutirer quelque sourire entendu aux athées anticléricaux dont je suis.

Aucune émotion, une totale inaction, un ennui profond... que le calvaire fut long. Où se rendait Jessica Hausner et pourquoi ce film ? Telle est la question. Une énorme chape de mollesse plombe littéralement la réalisation et l'argument et il est difficile d'y voir la moindre satire, comme on peut le lire dans la presse critique, Lourdes étant déjà en soi une parodie de la foi(re) chrétienne. Il suffit de planter sa caméra dans cette ville pour que se révèlent aussitôt les travers et les outrances de cette religion. Les caméras de surveillance devraient être en mesure de nous en apprendre d'avantage.

Reste que la Testud est épatante dans ce rôle de tétraplégique où l'expression du visage passe bien avant les dialogues, pratiquement inexistants et insipides.

vendredi 22 juillet 2011

Humeur : Le Râle Fatal du Provincial


Nous avions pensé : " Les enfants grandissent et entrent dans l'adolescence. Ce serait bien de quitter notre charmant cottage Tarn-et-Garonnais pour rejoindre la capitale où ils pourraient s'épanouir culturellement. Un retour aux sources et un rapprochement d'une partie de la famille..." Nous adorons Paris et nous y sentons bien.

Nous l'avions pensé tellement fort que nous avions mis en branle, deux ans en arrière, le processus infernal du déménagement. Passer d'une maison très spacieuse et ses dépendances, à un appartement parisien même confortable, relève d'avantage du chausse-pied que du changement de déco. Joëlle avait retrouvé son employeur parisien, quitté treize ans auparavant, les enfants étaient inscrits chacun dans un collège comme il faut, les cartons s'empilaient tranquillement dans le grand atelier... tout s'agençait harmonieusement. Nous partîmes donc, la fleur à la boutonnière, pour deux semaines de recherches et de visites.

Prise de rendez-vous à la chaîne les dix jours précédents, préparation d'un dossier complet de pièces justifiant notre contribuable position... nous étions gonflés à bloc car nous savions que ce ne serait pas simple, en si peu de temps, de trouver notre futur Sweet Home que nous souhaitions intégrer vers la mi-août, nous étions début juillet... 45 jours ? Jouable.

UNE GALÈRE EXCEPTIONNELLE !

Pour faire court, nous sommes contraints, momentanément de rester dans notre trou, qui, même s'il est bucolique, confortable, spacieux, stylé,... je passe sur les qualificatifs qui font dire à certains que nous sommes cinglés de quitter ce paradis pour la ville qui pue... il n'en demeure pas moins que c'est un trou.

Pour développer un peu, sur Paris l'offre est importante et de qualité. La demande, elle, est au minimum vingt fois supérieure et d'un niveau certain... en tout cas elle répond à certains critères très recherchés que nous ne possédons visiblement pas. Un très cher ami, travaillant pour un réseau international d'agences immobilières m'a clairement confirmé ce que certains professionnels rencontrés nous avaient déjà expliqué. Le marché de l'immobilier parisien est devenu fou il y a une dizaine d'années et particulièrement ces deux dernières. Le profil idéal du locataire parisien : couple de fonctionnaires, relativement âgés et argentés. Il semble que Paris devienne de plus en plus une "ville de vieux". Un propriétaire préférera ne pas louer que de prendre le moindre risque. Heureusement pour eux la demande progresse et ce sont jusqu'à cinquante dossiers par appartement qui s'amoncellent sur les bureaux des agences. Une forme de liste d'attente dont on satisfait, au compte-gouttes, les dossiers qui offrent les meilleures garanties. La plupart des annonces ne paraissent même plus dans la presse ou sur internet, trop de perte de temps en visites, alors que les candidats se bousculent et qu'il n'y a qu'à piocher dans le haut de la pile...

Tout cela est parfaitement logique. Mon statut d'indépendant est un frein évident, même si certains s'en cachent, et à moins d'être inscrit à l'un des Ordres prestigieux et gagner beaucoup plus d'argent que ce qui est demandé d'ordinaire à un fonctionnaire, je n'avais visiblement pas le profil demandé. Bien souvent, il ne s'agissait même plus de moyens mais bien de statut.

Combien de fois nous a-t-on aiguillés sur la banlieue ? Certes... mais non. Nous avions vécu de nombreuses années dans Paris intra-muros, poussant le luxe jusqu'à aller travailler à pieds. Nous ne nous voyions pas abandonner une qualité de vie qui est la nôtre actuellement pour supporter les contraintes multiples d'une vie banlieusarde sans les nombreux avantages qu'offre Paris. Nos deux petits ont grandi en pleine nature et nous souhaitions leur simplifier la ville au maximum.


Nous nous sommes donc heurtés à un mur et nous ne voyons aujourd'hui aucune solution "normale" pour redevenir locataire à Paris. Nous resterons donc provisoirement propriétaires à Meauzac. Nous attendrons l'occasion favorable, le bon plan, la rencontre opportune ou le coup de main salvateur. Le projet est juste placé entre parenthèses.

Toute cette aventure affligeante nous aura permis de redescendre un peu sur terre en nous confrontant à la vraie vie. Une bonne claque n'a jamais fait de mal à personne.