samedi 30 avril 2022

Paradoxe politique

Les candidats vaincus à cette élection présidentielle, avaient l’avantage de ne pas avoir à justifier un bilan très largement controversé. Avantage dont ils n’ont manifestement pas su tirer partie. Pour se consoler, il semble utile de rappeler aux mauvais perdants, que leur candidat malheureux, se résume, au bout du compte, à un simple catalogue de promesses ? Et les promesses en politique…

Une lapalissade de consolation : gagner c’est s’exposer, perdre c’est se préserver.

vendredi 29 avril 2022

L'attraction du pire

La présidentielle est actée et les législatives se tiennent en embuscade, la vengeance comme credo et la rage comme porte-étendard.

Époque absolument névrosée où tout, absolument tout, est remis systématiquement en cause, quels que soient le sujet et les enjeux : notre constitution, nos lois, nos valeurs et nos choix électoraux.

La schizophrénie contagieuse des réseaux sociaux, où nos pseudos de pleutres se répandent en insultes perpétuelles, contribue pleinement à déliter le vivre-ensemble et notre collectif démocratique. Les revanchards, les aigris et les factieux sont aux premières lignes de ces territoires numériques et vomissent avec méthode et ostentation leur colère et leur propagande haineuse. Un seul mot d'ordre : désinformer et déstabiliser.

Il ne s'agit pas de nier les problèmes sociétaux et les difficultés réelles, voire la souffrance, pour bon nombre de nos concitoyens qui se débattent dans un monde, dans une France, qui ne respecte que ceux qui n'ont pas besoin d'aide.

Ce dont il s'agit, c'est de ne pas hurler avec les loups bruns.

Ce dont il s'agit, c'est de porter un combat de classes et d'égalité et de se démarquer des postures fascisantes et ostracisantes.

Ce dont il s'agit, c'est de ne pas confondre voie démocratique et populisme flagorneur.

Si la colère est justifiée, elle s'avère trop souvent mauvaise conseillère, confinant le plaignant dans un rôle de perpétuel râleur et suiveur impénitent au lieu de s'inscrire dans une véritable lutte constructive et pourquoi pas physiquement investie. Toute la question est de savoir si nous sommes prêts à perdre le peu que nous avons et si le confort d'une jacquerie en pantoufles n'est pas une solution de facilité et le cruel aveu de notre absence de courage.

La Révolution est une belle idée romantique mais elle promet l'incertitude et le chaos.

Ce dont il s'agit finalement, c'est de savoir ce dont nous avons vraiment envie et ce dont nous sommes réellement capables.

lundi 18 avril 2022

L’abstention pro fachos

Zemmour a œuvré magistralement pour que tout le monde, y compris l’ensemble des médias, se pose la question stupide « Marine Le Pen est-elle d’extrême droite ? »

L’exécration d’Emmanuel Macron est arrivée à un tel niveau (lui davantage que sa politique d’ailleurs) que le questionnement pervers se diffuse tranquillement et profondément dans toutes les strates de la société. À tel point que nombre d’électeurs de la gauche modérée, insoumise ou radicale, sont prêts à s’abstenir au risque de faire entrer les fachos à l’Élysée.

J’imagine leur tête, le soir du 24 avril 2022, lorsque s’affichera sur leurs écrans le portrait de la gagnante : « trop tard… oh et puis après tout on verra bien, ça ne peut pas être pire… et puis elle ne peut rien faire sans majorité… s’il le faut, on descendra dans la rue… de toute façon, cinq ans de plus avec Macron, c’était pas tenable… »

Comment en est-on arrivé là ? Comment imaginer que l’alternance envisagée puisse se passer sans douleur, sans un séisme constitutionnel inévitable ? Qui peut prétendre arrêter la louve, une fois entrée dans la bergerie ?

Il est certes plus confortable de s’abstenir, de jouer les purs et durs, et laisser les autres « se compromettre » en glissant le bulletin Macron dans l’urne. Ces autres qui, en se pinçant le nez, éviteront peut-être le pire. Ce pire qui subitement, le temps d’une campagne, semble avoir, sinon changer de camps, du moins être réparti équitablement d’un côté comme de l’autre.

Macron, aussi facho que Le Pen ? La France, une dictature comme le diffusent depuis des mois les réseaux sociaux et autres médias alternatifs ? C’est une blague, une mascarade ! C’est une vision uchronique et polémique de la réalité !

Qu’a fait de pire le gouvernement actuel par rapport aux gouvernements précédents de Hollande, Sarkozy ou Chirac, à part être confronté à la déferlante haineuse des propos de ceux qui ont trouvé à travers les canaux internet les moyens facilités d’exprimer leur colère, leur rage et donner un peu de sens à leur triste vie et amoindrir sans doute un peu leur souffrance.

Non, Macron n’est pas pire que Sarko et sans doute, au milieu des différentes crises traversées, a-t-il été plus protecteur que ne l’auraient été ses prédécesseurs. Par exemple, les aides financières apportées aux entreprises, aux paysans, aux artisans, aux indépendants ou aux artistes sont-elles subitement devenues anecdotiques ?

D’accord, Macron est sans doute arrogant, financier avant d’être social, froid, calculateur, manipulateur… on pourrait ainsi dérouler une liste convenue… en fait rien qui ne le différencie de ses prédécesseurs que nous subissons depuis… toujours, oserais-je dire.

Seulement voilà, le peuple en a subitement assez de se faire tondre et il prend le risque de lendemains crépusculaires où la contestation deviendra un délit et où le mot dictature retrouvera ses lettres de noblesse et son véritable sens. Et ne parlons pas de la brouette de valeurs moisies et pétainistes qui mettraient la France au banc des nations.

Je ne pense pas que le risque d’un changement radical de régime, soit un bon calcul, malgré les propos doucereux et rassurants de la candidate et de ses lieutenants que les coléreux gobent avec gourmandise, même parmi le peuple de gauche.

À moins que, et cela n’est pas extravagant bien que fort risqué, ne soit envisagé et recherché le blocage des institutions et des libertés, de la vie politique et sociale, conduisant à l’amorce d’une insurrection citoyenne, prémices d’une guerre civile ou d’une révolution salutaire.

C’est vrai que de la contrainte naissent les opportunités et qu’il peut être plus simple de se révolter face à un régime extrémiste oppressant pour tous que face à un pouvoir simplement ultralibéral et prédateur pour certains.

Les électeurs de gauche rêvent-ils finalement d’un prochain Grand Soir ?