jeudi 10 septembre 2009

Mangez-le si vous voulez : Jean Teulé

Une des anecdotes les plus honteuses de l'histoire du XIXe siècle est ici dévoilée, à savoir le lynchage et la torture d'un jeune aristocrate périgourdin, Alain de Monéys, qui se rendait tout naturellement à une foire située dans un village voisin.



Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin.

Il arrive à destination à quatorze heures. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.



Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie en quelques minutes par une frénésie aussi barbare ?


125 pages de bonheur ! Comment dire cela devant un tel sujet ?... et pourtant, tout l'art de conteur de Jean Teulé est bien là. L'aventure est ignoble, abominable, inconcevable. On referme l'ouvrage et l'on pense... impensable ! Comment un homme connu, respecté et apprécié de ses voisins devient subitement l'objet d'une haine bestiale, la cible d'un vindicte populaire aveugle, le jouet d'un massacre sordide... l'homme se défendra mollement, quelques lucides tenteront de le soustraire à la foule hystérique, en vain... C'est tout simplement ignoble.

À l'image de ce garçon, qu'il connaît, avec lequel il discute le long de la route qui mène à la foire et qui, une heure plus tard, sur un simple quiproquo, ne le remettra pas et le saignera comme un porc, surenchérissant même sur les adultes, emporté dans un rite initiatique abominable et incontrôlable.


C'est en même temps parfaitement léger... une crème fouettée (jusqu'à l'os) à base d'humour noir et de détachement élégant dans la narration. Une réelle friandise morbide dévorée d'une traite.

Ed. Julliard - 17 €.

vendredi 24 juillet 2009

Film : The Midnight Meat Train - Ryuhei Kitamura

Un petit film gore/trash histoire de varier les plaisirs. Je ne suis pas spécialement friand du genre mais l'affiche m'a intrigué : Avec Winnie Jones, le colosse anglais complètement déjanté vu dans les films de Guy Ritchie, dans une adaptation d'une nouvelle de Clive Barker, un des papes de l'écriture fantastique moderne. L'ensemble est mis en boîte par Ryuhei Kitamura.

Un photographe, à qui l'on a demandé de photographier la noirceur de la City, tombe par hasard sur un Serial Killer dont il va suivre les traces nuits après nuits. L'action se situe dans les wagons du métro New Yorkais, le dernier métro plus précisément, où un boucher d'un style très particulier (sacré Winnie) massacre les voyageurs retardataires avec calme, détermination et, il faut bien l'avouer, un grand professionnalisme.

Les scènes de tuerie sont tout particulièrement chorégraphiées dans une lumière bleue électrique, un son hallucinant et un montage plutôt efficace. Tout cela confère à l'ensemble une glaciale élégance à laquelle je n'ai pas été insensible.

Dans le genre, c'est plutôt enlevé et esthétique. Bien évidemment, ce n'est pas un film familial.

jeudi 30 avril 2009

Humeur : Le piratage, régulateur économique !

La loi HADOPI (la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet) non seulement ne réglera pas le fond du problème mais tente avant tout de protéger une industrie moribonde et ses marchands qui voient fondre inexorablement leurs profits, tel le cierge en offrande sur les autels clinquants de la culture mercantile et vulgaire.

Ceux qui évoquent la mort de la création connaissent-ils vraiment le sens de ce mot ? Le créateur créé, quoi qu'il arrive, c'est ainsi depuis toujours. Combien de peintres, de musiciens, de comédiens, ne vivent que pour leur art même s'ils en vivent mal. Il est relativement récent d'associer Succès, Fortune et Art. Les nouveaux marchands du Temple que sont les Producteurs, Managers et autres Agents de tout pelage sont là pour ça et entendent bien se battre pour conserver l'énorme privilège de s'engraisser sur la bête. De plus, quand un Christophe Willem ou un Pascal Obispo évoquent, à propos du piratage, la mort de la création artistique, je suis contraint de plonger ma main droite dans le hachoir à viande pour penser à autre chose et ne pas éclater de rire.

Il y a eu explosion de l'enrichissement des "artistes", du moins ceux qui en possèdent l'estampille médiatique. Ils vendent du rêve paraît-il, même si le rêve peut exhaler souvent une insupportable odeur. L'accès libre à certaines de ces "œuvres" mineures, voire minables, ne permet-il pas un ajustement mérité de leur valeur intrinsèque ?

"Oui, mais le succès d'un Willem permet de produire de jeunes inconnus..." Bien sûr ! Il devrait donc y avoir une farandole d'artistes de qualité sur les ondes, ce qui, bien évidemment, est loin d'être le cas. La masse vagissante des stations publicitaires NRJ, Fun Radio et autres Chérie FM, ne diffusent en boucle que ce pourquoi elles facturent leur temps d'antenne : des produits clonés, 100 % marketés, facilement repérables en têtes de gondole.

Le monde bouge et, avec lui, les modes de consommation et les prises de conscience face à des crises économiques et sociales à répétition. On acceptait de payer le rêve au prix cher quand le portefeuille le permettait. Malheureusement le mélange des ingrédients "technologie incontrôlable" et "paupérisation grandissante" fait monter une mayonnaise qui enfle planétairement et dont le contrôle s'avère sinon impossible du moins forcément dispendieux. Un budget que les "plaignants" seraient sans doute plus inspirés de placer ailleurs, dans la recherche de nouveaux modes de distributions. Quand l'on sait, concernant la musique, que les "artistes" ne perçoivent qu'un euro par CD vendu on est en droit de se demander s'ils ne sont pas télécommandés par leur maison de disque pour hurler avec les loups.

Le web est effectivement un véritable cauchemar pour les "producteurs" non seulement à cause des volumes de téléchargements actuels mais surtout parce qu'il représente un outil commercial formidable dans un monde où ils ne sont plus indispensables. Tout peut aller très vite avec ce nouvel outil et certains artistes avertis commencent à diffuser eux-mêmes leurs titres. De jeunes producteurs associent même les internautes au lancement de nouveaux talents. Certaines valeurs d'échange et de partage émergent enfin dans cette industrie gangrenée qui s'est goinfrée durant des décennies.

Le CD, objet palpable, a fait son temps. Il meurt et c'est normal. Aujourd'hui le numérique est partout et 100 CD tiennent sans peine dans le moindre lecteur Mp3 à la praticité incomparable. Le téléchargement légal, iTunes Store en tête, est en plein développement car il s'est adapté aux nouveaux modes de consommation : ne payer que les morceaux que l'on consomme vraiment. Exit le boîtier en plastique, le cellophane et le livret de paroles, aujourd'hui on emporte sa musique partout avec soi. Pourquoi Apple/iTunes fait de l'argent et Universal Music en perd-il ? Parce que Jobs a été le premier à avoir du pif et sentir le vent tourner, ce qui énerve tous les autres et les limite dans leur vision d'avenir. N'est pas visionnaire qui veut et la guerre ne fait que commencer.

Oui le téléchargement tue les Bénéf. des Major Compagnies mais il ne tue pas l'artiste authentique qui gagne sa vie en se produisant sur scène. Le Live est incomparable, irremplaçable, en tout cas incopiable. Comme la salle obscure l'est pour le DVD ou le Divx.

Aujourd'hui, il y a une forme d'indécence chez les acteurs de la sphère artistique à pleurer sur la chute de leurs revenus et sur une époque où ils s'en mettaient plein les fouilles. Si les CD tournent de moins en moins sur les platines, la roue, elle, tourne inexorablement et, semble-t-il, de plus en plus vite.

mercredi 4 mars 2009

Film : Slumdog Millionaire - Dany Boyle

Sacré Dany. Un magicien éclectique dont ce dernier film (huit fois récompensé aux Oscars) est un pied de nez à ceux qui le croyaient éteint et "conventionnalisé". Il est évident qu'il a pris plaisir à le réaliser tant ce film pétille du début à la fin... dans la couleur des images, les rythmes de la bande-son et du montage ou le regard des acteurs...

Le scénario est malin et tellement positif qu'il résonne comme un hymne à la joie et à l'espoir. Du Boolywood revisité avec inspiration et gourmandise.

Jamal, 18 ans, orphelin issu des bidonvilles de Mumbai, est "questionné" (comprendre torturé) par la police pour avouer qu'il a triché alors qu'il est sur le point de remporter la somme colossale de 20 millions de roupies à « Qui veut gagner des millions? » version indienne. Il ne lui reste qu'une question avant la victoire finale lorsque la police l’arrête, sur la demande de l'animateur, et le somme de justifier l'ensemble de ses bonnes réponses. Jamal raconte alors toute sa vie, de sa petite enfance dans les ordures, à la recherche perpétuelle de cette fille dont il est tombé amoureux et dont il n'a cessé de perdre régulièrement la trace à travers le pays.

Récit émouvant que celui de cet enfant devenu adulte au travers d'épreuves douloureuses, parfois violentes ou simplement cocasses, dans cette Inde misérable au début du film et qui semble évoluer et se moderniser à mesure que Jamal grandit et se rapproche de son but. Le gouvernement Indien critique le film dans ce qu'il a de misérabiliste. L'Inde a honte de ses bidons-villes, de ses "slumdogs". Qui est le responsable, celui qui montre ou celui qui veut cacher ? En fait, Boyle filme la misère avec une réelle légèreté en faisant de ces enfants joyeux et pleins d'espoir les héros de son film. Il n'y a là rien de négatif ni de dévalorisant, au contraire. Qu'il y ait une prise de conscience de l'occident (de l'Amérique) qu'une vitrine moderne, technologique et économiquement tonique cache un Moyen Âge misérable, ne peut qu'aller dans le bon sens.

Le fait que ce film ait raflé autant de récompenses face à des "Milk", "Benjamin Botton" ou encore "The Wrestler", étonne voire choque la critique intellectuelle du milieu cinéma. Certes, les propos de "Milk" sont plus engagés, la profondeur et la technique de "Benjamin Botton" plus évidentes ou encore le drame de "The Wrestler" plus percutant, mais il semble bien que "Slumdog Millinaire" soit à la croisée de tout cela, en phase avec une époque bien particulière et qu'en plus, ce soit fait avec style et que l'on ressorte de la projection avec un sourire béat ce qui est devenu rare.

On peut effectivement voir dans cette avalanche de bons sentiments et de détachement joyeux, le mea culpa d'une Amérique qui remet en cause la part sombre de son impérialisme et regarde le monde d'un œil nouveau et bienfaisant. On peut effectivement voir dans l'ascension de Jamal, via le jeu "Qui veut gagner des millions ?", l'unique et occidentale issue pour le tiers-monde de s'en sortir. Tout cela me paraît bien réducteur et ce serait oublier l'évidente réalité qui est que l'économie mondiale repose sur un modèle occidental et que l'Inde en est aujourd'hui un acteur majeur. On peut ne pas aimer ce jeu profondément aliénant mais il n'est ici qu'un prétexte, un artifice, un levier narratif, peut-être pas complètement innocent je vous l'accorde, pour raconter une histoire formidable. Celle d'un enfant qui aimait la vie, aimait les autres et qui a toujours cru à son étoile et à son destin. C'est bien parce qu'il n'a jamais renoncé qu'il est arrivé tout en haut.

Oubliez les 20 millions, après tout ils n'ont jamais été le sujet du film et courez déguster cette véritable pépite de bonheur.

Film : Eden Lake - James Watkins

Encore un film dérangeant et particulièrement violent, pour ne pas dire féroce, qui mêle avec un certain brio, et au sens littéral du terme, lutte générationnelle et lutte des classes . Ce dernier point semble d'ailleurs être un passage obligé pour tout réalisateur anglais.

Les faits : Jenny et Steve, un jeune couple de Londoniens, bourgeois et propres sur eux, quitte la capitale pour passer un week-end romantique et sportif au bord d'un lac idyllique (d'où son nom). L'endroit parfaitement tranquille et bucolique est rapidement troublé par une bande d'adolescents bruyants et leur Rottweiller agressif. Quelque peu excédé, Steve leur demande gentiment de tenir leur chien et de baisser le volume de leur radio. Il n'aurait pas dû car il vient de déclarer une guerre qui s'avérera d'une cruauté inouïe.

Scénariste de The Descent, Watkins passe pour la première fois à la réalisation avec ce thriller dérangeant et oppressant car mettant en scène la mort d’enfants et d'adolescents par des adultes, bien qu'en situation d'auto-défence, le tout avec une violence sans issue. Il s'agit d'un combat double, celui de l'autorité "parentale" en substituant ces deux campeurs à leurs parents autoritaires et violents et celui, éternel, de deux classes sociales, dont la plus défavorisée prend son pied à casser du bourgeois, jugé forcément arrogant dans son 4x4 rutilant.

Référence évidente à Délivrance de John Boorman, ce nouveau "Survival" dans une nature devenue hostile après avoir été un décor de rêve, montre des citadins démunis devant affronter des locaux sur leur terrain, désœuvrés, livrés à eux-mêmes et sans aucune pitié. La surenchère est très nette par rapport à Délivrance, évolution des mœurs oblige. La crise est passée par là aussi bien au niveau de l'emploi que de l'autorité. Ainsi au-delà des enfants-tueurs, la responsabilité des parents complices, pointée du doigt, démontre sans doute que l'on a les enfants que l'on mérite.

Jenny est jouée par Kelly Reilly la petite anglaise de "L'Auberge Espagnole" et des "Poupées Russes", un contre-emploi évident et une réelle performance. Michael Fassbender (vu récemment dans" Hunger" de Steve McQueen) joue Steve. Le jeune Jack O'Connell, qui joue Brett le chef de bande, fait franchement froid dans le dos. Un casting inattendu et impéccable.

Bien que ce tout cela soit du cinéma, le réalisme de l'ensemble et la possibilité qu'une telle situation puisse exister, procurent une tension et un malaise qui persistent bien au-delà du générique.

Quant à la chute elle-même... ce serait un crime de la dévoiler !

Un gros souci tout de même. Le film stigmatise un peu plus une certaine jeunesse et joue avec une des nouvelles peurs de nos sociétés occidentales, la confrontation possible avec une bande de jeunes sans repère, ni foi, ni loi. Cela est tout de même fort gênant même si les qualités cinématographiques sont évidentes.

dimanche 1 mars 2009

Film : L'échange - Clint Eastwood

Un autre film du grand Clint vu dans la foulée. Sorti en novembre 2008, à peine trois mois avant son dernier Gran Torino, il prouve à quel point le réalisateur de soixante-dix-huit ans se hâte de raconter et de montrer. Avec ce monument cinématographique de deux heures trente, sans une seconde d'ennui, il démontre une fois de plus, s'il en avait besoin, l'étendu et la maîtrise de son talent, son éclectisme absolu ainsi que l'humanité de son regard perçant.

1928 - Los Angeles : Christine Collins (Angelina Jolie), mère célibataire, situation très mal vue à l'époque, part travailler et dit au revoir à son jeune fils Walter. Quand elle revient chez elle, Walter a disparu. Après cinq mois d'enquête, à grand renfort de publicité, la police lui restitue un garçon de neuf ans affirmant être son fils. Sous la pression des policiers et des journalistes, bouleversée par ses propres émotions contradictoires, elle ramène le garçon chez elle sachant pourtant qu'il n'est pas son fils. Elle essayera de convaincre les autorités de relancer les recherches mais par là-même, remettra en cause le système, attitude jugée inadmissible de la part d'une femme dans cette période trouble, nous sommes en pleine prohibition. Accusée d'être irresponsable et folle, elle sera jetée en hôpital psychiatrique avec la complicité des médecins et infirmiers. Un pasteur (John Malkowitch), notoire opposant des autorités qu'il juge impuissantes et corrompues, deviendra un allier puissant pour l'aider dans sa lutte et ébranler les institutions.

L'histoire, tirée de faits réels qui ont, à l'époque, déstabilisé le système judiciaire californien, rend les propos du film encore plus effroyables. Le classicisme épuré de sa réalisation, trop académique peut-être diront certains, sans effet ni esbroufe, suit au plus près et intimement le désespoir et l'incompréhension vécus par cette mère courage que rien ni personne ne fera capituler.

Le scénario tient en haleine constante jusqu'à glacer le sang parfois. Ainsi deux histoires se chevauchent, celle de cette mère dont l'enfant a disparu, cauchemar parental par excellence et une autre bien plus monstrueuse, celle d'un "ogre" horrifique, cauchemar enfantin éternel... Eastwood passe allègrement de l'une à l'autre de ces figures dont les histoires finiront par se croiser complètement.

Et puis, Angelina est tellement belle et sobrement émouvante sous la caméra du maître, qu'on ne peut que la suivre passionnément tout au long de sa terrible quête construite sous forme de thriller éprouvant et révoltant.

Un grand moment puissant de cinéma signé Clint Eastwood. Un de plus !

samedi 28 février 2009

Film : Gran Torino - Clint Eastwood

Walt Kowalski est un vétéran de la guerre de Corée. Vieux con acariâtre et pétri de préjugés, tout ce qui perturbe ses certitudes et son univers étriqué provoque chez lui bordées d'injures et humeur mauvaise. De ses voisins coréens à la voiture japonaise d'un de ses fils, il crache sur tout ce qui est étranger. Il vient de perdre sa femme aimée et vit seul, avec sa vieille chienne, dans un quartier peuplé d'immigrés. Une nuit, poussé par un cousin appartenant au gang local, Tao, son jeune voisin coréen, tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino, souvenir de sa longue carrière Fordienne... Walt chasse l'adolescent et fait face à la bande qui terrorise le voisinage. Il devient malgré lui le héros du quartier. Lui qui se complaisait dans son aigre solitude doit alors accepter un flot d'offrandes diverses. Peu à peu il pénètre bien malgré lui ce monde et cette culture sur lesquels il a toujours craché. Sue, la sœur aînée ainsi que la mère de Thao, insistent pour que ce dernier se rachète. Il y va de leur honneur et elles proposent qu'il travaille pour Walt toute une semaine. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des "travaux d'intérêt général" au profit de tout le voisinage. C'est le début d'une surprenante amitié qui bouleversera leur vie.

Décidément le dernier géant d'Hollywood nous étonnera toujours et quand il s'amuse à régler les comptes avec sa propre image de justicier viril qu'il se traîne depuis les 70's, on ne peut que saluer l'artiste et son incroyable sens de l'humour et du retournement de situation. "Dirty" Harry Callahan est définitivement enterré, avec élégance qui plus est.

Walt Kowalski semble être d'ailleurs une synthèse de ses personnages les plus emblématiques, l'extrémisme de Harry, le poids du passé de Munny l"Impitoyable", le rejet de la famille et de la religion de Dunn, l'entraîneur de boxe. Le tout mixé dans un scénario évident, limpide, formidablement orchestré, véritablement émouvant et finalement bluffant.

Cet homme est foncièrement élégant, tranquille et tellement efficace. Il promène depuis longtemps sa longue silhouette nonchalante dans ses films en déjouant tous les pièges et édifie, bobine après bobine, une œuvre immensément humaine et proche. Ce dernier film, en tant qu'acteur parait-il, reste narcissique, certes, mais pose un regard chaleureux et apaisé sur une Amérique en mutation. Et même s'il avoue ne pas avoir voté pour Obama, Eastwood n'en demeure pas moins un grand humaniste. Ce film en est la démonstration éclatante.

jeudi 19 février 2009

Film : The Wrestler - Darren Aronofsky

L'histoire de ce vieux catcheur déchu est très émouvante, il faut le reconnaître. Quand elle est ainsi portée par un Mickey Rourke à ce point habité et troublant de vérité, on ne peut que se laisser emmener, en plus, par la caméra à la fois nerveuse, très proche et pudique d'un Aronofsky inspiré.

Randy "The Ram" Robinson, ancienne star du catch des années 80, vit aujourd'hui dans un mobile home minable dont il a peine à payer le loyer. Vieillissant en dehors du ring, avec ses lunettes à doubles foyers et sa prothèse auditive, il semble renaître lorsqu'il entend les clameurs de la salle et qu'il monte sur le ring. Malheureusement, aujourd'hui, il est relégué aux salles de fêtes et aux gymnases sordides du New Jersey qui offrent des spectacles toujours plus sensationnels et violents où les protagonistes ressortent en sang. Approchant la soixantaine, pour rester en forme, il n'hésite pas à abuser de produits dopants achetés sous le manteau. Un soir, après un match, il est victime d'une crise cardiaque dans les vestiaires. Hospitalisé et opéré pour un pontage, son médecin est formel quand il lui annonce qu'il doit arrêter le catch. Randy va essayer de reconstruire une vie gâchée. Il tente donc de renouer avec sa fille adolescente, dont il ne s'est jamais occupé, entame une relation avec Pam, une stripteaseuse vieillissante, presque autant paumée que lui, et recherche un travail plus régulier. Jusqu'au jour où on lui propose un dernier combat contre son plus grand adversaire, l'Ayatollah...

Rourke est littéralement impressionnant en catcheur bodybuildé, clone de Hulk Hogan avec ses longs cheveux décolorés, dont il se refait pitoyablement les racines régulièrement, et qu'il porte en chignon en dehors des rings. Il est tout autant bouleversant de sincérité, une vraie tristesse à fleur de peau dans ce corps brisé et à bout de souffle. Il n'en fait jamais trop dans le pathétique comme pour mieux se donner à fond sur ces rings qu'il connaît réellement. À la violence des combats succèdent l'introspection, les regrets, la solitude... Il parle peu et quand il parle sa voix profondément brisée fait mouche. Aucun doute, il y a un vécu au-delà de la pellicule. La stripteaseuse Cassidy, touchante Marisa Tomei, continue à s'exhiber malgré son âge, pour nourrir son jeune fils mais elle sait qu'elle arrive au bout du chemin. Le catcheur vieillissant est son meilleur client mais il voudrait plus. Elle refuse au début, rejetant cette image d'elle-même qu'il lui renvoie comme un vieux miroir brisé. Puis elle se rapprochera peu à peu comme si finalement les fêlures de l'autre les rassuraient mutuellement.

Darren Aronofsky (Pi, Requiem for a Dream, The Fountain) filme, caméra à l'épaule, le New Jersey, comme il sait le faire, glauque à souhait parsemé de quelques couleurs crues improbables. On reste cependant loin du stylisme et des effets recherchés et systématiques d'un Requiem pour se concentrer sur l'histoire et s'approcher au mieux des acteurs. Le réalisme prime et confère au récit une authenticité bouleversante.

Le nouveau film d'un grand réalisateur avec un Mickey Rourke époustouflant. J'adore ce mec et il était temps qu'il revienne vraiment dans un rôle taillé pour son immense carrure.

jeudi 29 janvier 2009

Humeur : Droit de Grève VS Service Minimum

Quelle est cette insidieuse tendance propagandiste qui consiste à faire cohabiter deux concepts antinomiques ? Comment concilier la grève et son contraire ou encore, quel intérêt de faire la grève si elle ne gêne personne ? Sarko et son gang persistent à nous prendre pour des demeurés, ce qu'il ne doit pas être loin de penser puisque nous n'avons pas eu l'intelligence de voter pour lui.

Comment oser opposer à des travailleurs qui se battent pour leur emploi, un tel cynisme et un tel manque d'écoute en leur fauchant l'herbe sous les pieds ? Tout simplement en dressant les travailleurs les uns contre autres, en opposant constamment le privé et le public, ceux qui ont la garantie de l'emploi contre ceux qui pètent de trouille de perdre le leur. En opposant constamment le droit de grève au droit au travail, la seule véritable valeur ayant cours aujourd'hui selon la com. élyséenne.

Mais le droit au travail n'implique-t-il pas justement qu'il y ait du travail ? Et pour conserver ce travail n'est-il pas nécessaire parfois de se battre ? Où sont passées l'Égalité et surtout la Fraternité quand l'on entend hurler au scandale une partie de la population "empêchée" d'aller travailler ? Aurions-nous oublié que si nous avons un minimum de droits aujourd'hui, c'est bien parce d'autres se sont battus hier et que sans cesse, "Les Autres" tentent de reprendre ce qu'ils ont lâché hier ?

Service Minimum ou comment briser une grève sans le dire. Hypocrisie et démagogie à tous les étages. La situation est telle que la contestation fout la trouille. Effectivement il est aisé de constater que le contexte favorise la mise au rancard. Le peuple a peur et c'est bon pour le pouvoir qui agite les épouvantails chômage, récession, précarité, délocalisation, faillite… il en a des bennes entières. Le peuple se tient à carreau et ne dit mot. Béni soit finalement le sacro-saint Métro-Boulot-Dodo, auxquels j'ajoute aujourd'hui, Sarko.

Nous assistons à un retour des vieilles et puantes valeurs de recentrage et de fermeture sur soi et les siens. Aux hommes solidaires s'opposent aujourd'hui les néo-pétainistes qui sous couvert d'une crise annoncée avancent masqués et propres sur eux, vantant les mérites de la libre entreprise, du travail (qu'il y en ait ou pas) et de l'égoïsme social. Le partage est une denrée avariée et en nous faisant croire qu'il n'y en aura pas pour tout le monde on est certain de stimuler les appétits et la sélection de classe.

Il y a bien une majorité qui croit et s'accroche à cette imposture et qui a voté dans ce sens. Pauvre humanité !

Humeur : Aïe, ma vieux-connite aiguë me relance !

Récemment je me suis trouvé confronté à un problème existentiel plutôt nouveau et particulièrement douloureux. : le choc intergénérationnel. En fait je l'avais déjà vécu mais dans l'autre sens. J'étais alors dans le rôle du "jeune" face à l'incompréhension des "vieux". J'aurais dû voir venir, c'était prévisible et incontournable. Je croyais m'y être préparé, virtuellement en tout cas, car l'on sait que la roue tourne inexorablement et donc, on y pense fatalement de temps à autres. Mais au final, rien ne vaut le vécu et pour le coup, il fit mal.

J'ai donc quelques "amis" dans mon entourage qui sont deux fois plus jeunes que moi. Ils ont dans les vingt-cinq ans, j'en affiche le double. Nous nous entendons plutôt bien et partageons, avec certains, des goûts assez proches, dans le cinéma notamment. Au point que certains, travaillant vaguement dans le milieu des images et connaissant mes goûts pour le cinéma et l'écriture, m'avaient commandé un scénario de court-métrage. Je sautais à pieds joints sur la demande et m'y consacrais, presque toute affaire cessante, pour le plaisir du challenge, n'en ayant jamais écrit. Une dizaine de synopsis fut rapidement soumise et le scénario retenu fut rendu le mois suivant. Excitation générale, réécritures multiples, soumission du texte à un cercle plus large, mise en place de la production, recherche d'une équipe technique, casting, repérage,.. l'enchaînement rapide et infernal dans une totale excitation.

Le film s'est finalement tourné, en plusieurs périodes, avec ses désistements nombreux, ses incidents divers, ses péripéties cocasses et une bonne humeur générale et vivifiante. Il est actuellement en phase de postproduction et c'est ici, que semble-t-il, j'ai contracté une vieux-connite aiguë.

Elle date de six mois après la fin du tournage, période au cours de laquelle, j'ai "agressé" mes petits camarades parce que selon moi, le montage traînait en longueur, les soupçonnant d'avoir perdu toute motivation et leur implication première dans le projet. Le film était dérushé depuis plusieurs mois et subitement, l'élan qui nous avait tous emportés lors des tournages était complètement retombé, tout devenait poussif. J'ai alors tenté d'expliquer, apparemment fort maladroitement, que tout ce que l'on fait de bien est avant tout une affaire de motivation, plus que de volonté. En outre, lentement, le temps passé dissout l'envie et le désir de faire…
J'affirmais donc que si le projet n'avançait pas, c'était bien à cause de cela mais ils ne furent pas disposés à l'entendre de cette oreille et l'on me renvoya à mes pénates, me signifiant que la motivation était toujours aussi forte, que je n'avais pas de leçon à donner ni de méthode de travail à imposer, qu'il fallait laisser le temps au temps... bref que s'ils étaient de jeunes "branleurs", j'étais devenu de mon côté un "vieux con".

Bien !

Je m'en suis voulu terriblement pendant des semaines et me suis effectivement traité de vieux con car je venais de rompre une complicité que je croyais acquise tout en creusant entre nous ce maudit fossé générationnel dont je ne pensais pas un jour être l'artisan.

Cela ne m'a pas empêché de récidiver cinq mois plus tard, il y a donc quelques jours, pour une histoire toute bête.

Tout récemment, j'ai adressé mes vœux à une grande partie de mes contacts mail et notamment certains acteurs dont j'avais l'adresse. L'un d'eux, qui avait gentiment prêté son concours il y a un an, m’écrivit en retour, qu'il était plutôt déçu de n'avoir aucune nouvelle de la production un an plus tard. Il estimait, avec raison, qu'après s'être levé à l'aube un dimanche matin, avoir reçu, entre autre, un sceau d'eau fraîche en plein mois de février dans un gymnase non chauffé, le tout gracieusement, méritait un minimum d'égard amical. J'ai été fort peiné par ces mots et n'ai pu que me confondre en excuses minables tout en lui signifiant que moi-même étais sans nouvelle depuis plusieurs mois et qu'il semblait que les priorités de la production et de la technique étaient ailleurs ainsi que leur motivation, le projet avançant par petites touches... Malheurs sur moi, car après copie du mail et de ma réponse à mes petits camarades, ils m'ont à nouveau fait sentir en quelle estime ils me tenaient désormais. Je les avais tout simplement balancés, ce qui de leur point de vue était concevable mais pas du tout du mien, n'estimant plus faire partie de leur équipe depuis longtemps car sans aucune information sur le suivi.

Nous en avons conclu que nous étions finalement incapables de travailler ensemble. Je me suis bien gardé de répondre que je n'appelais pas cela travailler car cette réponse aurait été de toute évidence perçue comme un symptôme incurable de vieux-connite.

Ainsi je reproduisais, instinctivement, un épisode de mon adolescence. Je refusais, à l'époque, tout enseignement des adultes, persuadé, non pas de tout savoir mais que d'autres voies existaient et que les vieilles méthodes de "papa" avaient fait long feu. Je retrouvais chez eux ce refus formel d'envisager la critique comme faisant partie de l'apprentissage, d'accepter ses erreurs et les considérer comme productives et riches d'enseignements. La seule différence était que j'avais vécu cela au cours de mon adolescence alors qu'eux avaient déjà plus de vingt-cinq ans. Il semblerait que chaque nouvelle génération soit un peu en retard sur la précédente mais qu'importe... voilà encore une remarque qui confirmera le diagnostic.

Sans doute ai-je pris ce court-métrage trop au sérieux et marqué mon empressement avec trop de véhémence. Peut-être est-ce l'avancée en âge qui procure ce besoin d'agir vite et de ne laisser que peu de temps au temps, tant le sentiment qu'il nous échappe se fait ressentir exponentiellement tout au long de la vie.

J'ai bien perdu, en effet, cette nonchalance que j'observe chez eux, cette décontraction liée à l'absence de réelles responsabilités. Je regrette l'insouciance, l'irrespect et l'égoïsme qui m'habitaient il y a trente ans, quand il était simple et sans conséquence de tout remettre au lendemain...

Je regrette ma jeunesse donc rien de nouveau sous le soleil, en fait !

Je crois que je vais consulter en espérant que ça se soigne.

mercredi 28 janvier 2009

Bouquin : Syngué sabour - Atiq Rahimi

Syngué sabour : n.f. (du perse syngue 'pierre', et sabour 'patience'). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s'agit d'une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... On lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres... Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate... Et ce jour-là, on est délivré.

Le dernier Goncourt est simplement magnifique !

Quatrième roman de l'Afghan Atiq Rahimi, celui-ci a la particularité d'avoir été écrit directement en Français (histoire de bien nous mettre la honte). La langue est pure, poétique, de toute beauté. 150 pages de plaisir condensé.

Une femme soigne et veille son mari, islamiste, tombé au combat. Il est chez eux, sur un matelas à même le sol, dans le coma et sous perfusion. Elle prie, égrenant son chapelet et scandant quatre-vingt-dix-neuf fois l'un des noms de Dieu. Elle fait une pause, remplace la perfusion et recommence à scander et prier. Son stock de poche à perfusion arrivant à son terme, chez elle comme partout dans le pays, elle prépare une solution d'eau sucrée, retire le catétère du bras de son homme et lui enfile le tube dans l'estomac. Puis elle reprend ses prières tout en calant sa respiration sur celle du malade.

Elle prie pour la guérison, pour la paix, pour une meilleure vie. Elle rêve à des jours sans peine, à un monde sans haine. Elle glisse bientôt vers une liberté de ton qui l'enivre peu à peu, devient tendre avec lui puis le maudit pour ce qu'il est devenu et sa cause absurde. Soumise depuis sa naissance, elle se rebelle dans la pénombre de leur chambre tout en continuant à caresser ses cheveux. Elle en veut à Dieu et aux hommes qui soumettent, à ces soldats d'Allah ivres de haine, à cette vie obscure et ses illusions perdues. Elle se fera même putain par défi, presque sous les yeux de son mari, offrant son corps à ces hommes qui offrent leur sang, les bravant avec violence et sans peur.

Son époux est devenu sa "Syngué sabour", sa Pierre de Patience sur laquelle elle va déverser tout son amour et sa soif de liberté. Son âme se livre et sa bouche, en libérant tous ses secrets enfouis, l'affranchit. De soumise elle devient femme.

Vous ne devez pas passer à côté de ce court et sublime récit à la fois émouvant, tragique et accusateur, véritable prière incantatoire à la gloire de toutes les femmes prisonnières et soumises au nom d'un obscurantisme dégradant et nocif.

Film : Les Proies - Gonzalo Lopez-Gallego

J'aime bien le cinéma espagnol, vraiment. J'avais déjà vu Les Proies à sa sortie, l'été 2008, et l'ai revu il y a quelques jours. Un plaisir renouvelé.

Il s'agit d'un "survival" ou, plus précisément, d'une chasse à l'homme.

Kim, partie rejoindre sa fiancée, qui vient de le plaquer, se perd sur une route sinueuse de montagne. Il était plus ou moins à la poursuite d'une jeune femme, Béa, aimée furtivement dans les toilettes d'une station-service, qui lui a dérobé son portefeuille. Alors qu'il essaye de se repérer il est pris pour cible par un chasseur et son chien. Blessé à la cuisse il fuit en voiture et se trouve bientôt sous le feu d'autres projectiles de gros calibre provenant des sommets. Il retrouve la jeune femme quelque temps après qui semble elle aussi la proie des tireurs. Ce film est l'histoire de cette chasse et de leur fuite.

Aucun héros dans ce film angoissant et tendu, au contraire. La peur est palpable sur les visages, celui de Kim surtout, parfaitement paniqué. La caméra cadre au plus près cette course et joue avec les gros-plans sur les regards affolés et la sueur qui ruisselle. À l’inverse, elle prend parfois de la hauteur pour filmer l'immensité et la beauté sauvage de ces montagnes hostiles. L'action est confinée dans le temps et l'espace, dans l'immédiateté et la proximité oppressantes, à peine 24 heures dans une forêt débouchant sur un village montagnard abandonné. Le dénouement, non dévoilable, est tout de même inattendu et n'est ni moral ni amoral, simplement terrible.

Ce petit film malin et brillant fait partie de ceux tournés avec "des bouts de ficelle". Pas de star, pas d'effets spéciaux. Juste un décors magnifique, des acteurs excellents, une caméra nerveuse et un montage implacable.

Film : Le Bon, la Brute et le Cinglé - Kim Ji-Woon

Et voici le second hommage westernique et coréen à notre grand Sergio universel.

La Mandchourie (Chine) dans les années 30. Un train est attaqué par Chang-Yi (la Brute) et pillé par Tae-Gu (le Cinglé) sous le regard impassible de Do-Won (le Bon). La Brute cherchait une carte d'une grande valeur mais c'est le Cinglé qui se l'approprie. Il est aussitôt pris en chasse par le précédent sauvé in extremis par le Bon qui n'est autre qu'un chasseur de prime depuis longtemps sur ses traces.

Course-poursuite du trio auxquels viennent s'ajouter l'armée japonaise d'occupation, des résistants coréens et d'autres bandes de pillards de tous poils, tout ce beau monde se retrouvant pour une mémorable poursuite finale où se mélangeront les chevaux et autres véhicules motorisés et miliaires, l'ensemble plutôt bien orchestré quoiqu'un peu long.

Un curieux mélange entre Mad Max et Corto Maltesse, violent, haletant et léger à la fois. Beaucoup de moyens dans cette superproduction parfaitement maîtrisée. La Brute classieuse et psychopathe ainsi que le Cinglé en clown cartoonesque sont magnifiques, seul le Bon, trop lisse, est un peu fade et ne fera certainement pas regretter l'immense Clint. Il n'empêche, ils sont tous très fort et très rapides et s'en donnent à cœur joie dans cet univers baroque et complètement déjanté où la reconstitution historique n'est plus qu'une grosse boutade.

Kim Ji-Woon est loin d'être un débutant (A Bittersweet Life et A Tale of Two Sisters) et nous avait habitués à des œuvres plus sombres et plus sobres. Dans ce film à la construction certes, un peu trop classique et hollywoodienne mais plutôt enlevée et parfaitement jubilatoire, il nous fait sentir tout le plaisir qu'il a eu à mettre en scène ce délire d'action. Ça flingue, ça court, ça galope, ça roule, ça vole, ça explose, ça hurle, ça meurt... sans répit.

Tout cela met plutôt la pêche en fait.

Film : Sukiyaki Western Django - Takashi Mike

Vu deux curiosités asiatiques ces derniers jours, à la suite l'une de l'autre, dans le train qui me ramenait chez moi. Deux westerns, l'un japonais, le second coréen. Tous les deux disjonctés.

Commençons par le plus étrange et son réalisateur, plutôt habitué au registre gore et provoquant. Takashi Mike rend ici un véritable hommage aux westerns spaghettis en y ajoutant une bonne dose de sauce soja teintée d'hémoglobine.

Ce Far West transposé au japon, dans une petite ville au milieu de nulle part, met en musique une guerre interminable entre le clan des Rouges et celui des Blancs. Un inconnu, fine gâchette, débarque à la recherche d'un trésor. Viennent se greffer une lutte ancestrale autour d'une fleur sacrée ainsi qu'une sérieuse histoire de vengeance. Si on ajoute l'intro avec un Tarantino trop content de jouer les pistoleros philosophes, l'objet final a de quoi sinon dérouter quelque peu du moins intriguer totalement au point de se laisser regarder avec une curiosité gourmande pour peu qu'on laisse au vestiaire ses a priori occidentaux.

Si le scénario, l'intrigue ou le suspens lasse rapidement, la mise en scène par contre part rapidement dans tous les sens pour nous offrir quelques moments dingues et savoureux comme savent le faire si bien les Asiatiques. Aux réglementaires six-coups viennent se greffer autant la mitrailleuse lourde que l'élégant katana, très efficaces pour ce qui est des geysers de sang et autres amputations cinégéniques. Tout cela dans un esprit très cartoon, bien sûr, à la limite parfois, il faut bien le dire, du mauvais goût le plus crétin, bien que festif.

Bref, tout cela est plutôt sympathique mais demeure tout de même parfaitement inconsistant.

mercredi 14 janvier 2009

WANTED

Je viens de regarder Wanted. Cela faisait des lustres que je ne m'étais pas regardé un film et mon choix s'est porté sur ce film, aussi curieux que cela puisse paraître. Je cherchais un film qui bouge, sans prétention et sans être un nanar complet. Wanted. Le premier film us du russe qui a fait night watch (je n'ai toujours pas vu la suite).

Après le thriller ésotérique, voilà le film d'action un peu ésotérique. Comme night watch, du délire, du convenu, des lenteurs et des moments de grands plaisirs. Une Angelina vraiment jolie (facile). Un James Mc Avoy (?) avec parfois des mimiques de tobey Mc Guire dans spiderman (cela doit être le Mc). Des scènes d'action parfois spectaculaires, mais toujours bien faites. Les fesses d'Angelina (si elle ne s'est pas fait doubler) à tomber. Je me suis surpris à plusieurs moments à trouver la musik très sympa. Au générique de fin, je me suis aperçu qu'elle était de Danny Elfman. Crénons je ne l'ai pas reconnu. Honte sur moi. Pour Paul, une référence au feu qui ne va pas le brancher et un final très artificier, mais soft. Une bonne surprise pour moi, donc, dans le genre action/délire/phrase finale rigolote.

Sinon Patrick Mc Gohan (encore un Mc) nous a quitté. "Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre !!!". Je souhaite que ce soit encore plus vrai maintenant. Voilà un N° 7 qui a vécu dans une des séries les plus délires (uk) que je connaisse. Je crois bien que je vais me l'acheter d'ailleurs pour replonger dans la bulle molle et les "bonjour chez vous".....