dimanche 1 mars 2009

Film : L'échange - Clint Eastwood

Un autre film du grand Clint vu dans la foulée. Sorti en novembre 2008, à peine trois mois avant son dernier Gran Torino, il prouve à quel point le réalisateur de soixante-dix-huit ans se hâte de raconter et de montrer. Avec ce monument cinématographique de deux heures trente, sans une seconde d'ennui, il démontre une fois de plus, s'il en avait besoin, l'étendu et la maîtrise de son talent, son éclectisme absolu ainsi que l'humanité de son regard perçant.

1928 - Los Angeles : Christine Collins (Angelina Jolie), mère célibataire, situation très mal vue à l'époque, part travailler et dit au revoir à son jeune fils Walter. Quand elle revient chez elle, Walter a disparu. Après cinq mois d'enquête, à grand renfort de publicité, la police lui restitue un garçon de neuf ans affirmant être son fils. Sous la pression des policiers et des journalistes, bouleversée par ses propres émotions contradictoires, elle ramène le garçon chez elle sachant pourtant qu'il n'est pas son fils. Elle essayera de convaincre les autorités de relancer les recherches mais par là-même, remettra en cause le système, attitude jugée inadmissible de la part d'une femme dans cette période trouble, nous sommes en pleine prohibition. Accusée d'être irresponsable et folle, elle sera jetée en hôpital psychiatrique avec la complicité des médecins et infirmiers. Un pasteur (John Malkowitch), notoire opposant des autorités qu'il juge impuissantes et corrompues, deviendra un allier puissant pour l'aider dans sa lutte et ébranler les institutions.

L'histoire, tirée de faits réels qui ont, à l'époque, déstabilisé le système judiciaire californien, rend les propos du film encore plus effroyables. Le classicisme épuré de sa réalisation, trop académique peut-être diront certains, sans effet ni esbroufe, suit au plus près et intimement le désespoir et l'incompréhension vécus par cette mère courage que rien ni personne ne fera capituler.

Le scénario tient en haleine constante jusqu'à glacer le sang parfois. Ainsi deux histoires se chevauchent, celle de cette mère dont l'enfant a disparu, cauchemar parental par excellence et une autre bien plus monstrueuse, celle d'un "ogre" horrifique, cauchemar enfantin éternel... Eastwood passe allègrement de l'une à l'autre de ces figures dont les histoires finiront par se croiser complètement.

Et puis, Angelina est tellement belle et sobrement émouvante sous la caméra du maître, qu'on ne peut que la suivre passionnément tout au long de sa terrible quête construite sous forme de thriller éprouvant et révoltant.

Un grand moment puissant de cinéma signé Clint Eastwood. Un de plus !

Aucun commentaire: