mercredi 4 mars 2009

Film : Eden Lake - James Watkins

Encore un film dérangeant et particulièrement violent, pour ne pas dire féroce, qui mêle avec un certain brio, et au sens littéral du terme, lutte générationnelle et lutte des classes . Ce dernier point semble d'ailleurs être un passage obligé pour tout réalisateur anglais.

Les faits : Jenny et Steve, un jeune couple de Londoniens, bourgeois et propres sur eux, quitte la capitale pour passer un week-end romantique et sportif au bord d'un lac idyllique (d'où son nom). L'endroit parfaitement tranquille et bucolique est rapidement troublé par une bande d'adolescents bruyants et leur Rottweiller agressif. Quelque peu excédé, Steve leur demande gentiment de tenir leur chien et de baisser le volume de leur radio. Il n'aurait pas dû car il vient de déclarer une guerre qui s'avérera d'une cruauté inouïe.

Scénariste de The Descent, Watkins passe pour la première fois à la réalisation avec ce thriller dérangeant et oppressant car mettant en scène la mort d’enfants et d'adolescents par des adultes, bien qu'en situation d'auto-défence, le tout avec une violence sans issue. Il s'agit d'un combat double, celui de l'autorité "parentale" en substituant ces deux campeurs à leurs parents autoritaires et violents et celui, éternel, de deux classes sociales, dont la plus défavorisée prend son pied à casser du bourgeois, jugé forcément arrogant dans son 4x4 rutilant.

Référence évidente à Délivrance de John Boorman, ce nouveau "Survival" dans une nature devenue hostile après avoir été un décor de rêve, montre des citadins démunis devant affronter des locaux sur leur terrain, désœuvrés, livrés à eux-mêmes et sans aucune pitié. La surenchère est très nette par rapport à Délivrance, évolution des mœurs oblige. La crise est passée par là aussi bien au niveau de l'emploi que de l'autorité. Ainsi au-delà des enfants-tueurs, la responsabilité des parents complices, pointée du doigt, démontre sans doute que l'on a les enfants que l'on mérite.

Jenny est jouée par Kelly Reilly la petite anglaise de "L'Auberge Espagnole" et des "Poupées Russes", un contre-emploi évident et une réelle performance. Michael Fassbender (vu récemment dans" Hunger" de Steve McQueen) joue Steve. Le jeune Jack O'Connell, qui joue Brett le chef de bande, fait franchement froid dans le dos. Un casting inattendu et impéccable.

Bien que ce tout cela soit du cinéma, le réalisme de l'ensemble et la possibilité qu'une telle situation puisse exister, procurent une tension et un malaise qui persistent bien au-delà du générique.

Quant à la chute elle-même... ce serait un crime de la dévoiler !

Un gros souci tout de même. Le film stigmatise un peu plus une certaine jeunesse et joue avec une des nouvelles peurs de nos sociétés occidentales, la confrontation possible avec une bande de jeunes sans repère, ni foi, ni loi. Cela est tout de même fort gênant même si les qualités cinématographiques sont évidentes.

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