jeudi 23 octobre 2008

Film : We feed the world - Erwin Wangenhofer

"Le marché de la faim" : documentaire allemand sur le racket exponentiel des industries agroalimentaires.

Sujet inépuisable, contrairement aux ressources planétaires, où une petite sélection de faits aberrants nous est proposée, avec, cerise sur le gâteau, la vision cynique et caricaturale du président de Nestlé.

Nous étions persuadés que le monde marchait sur la tête ? Pas du tout, en fait. Les règles mises en place obéissent à une loi très simple: l'augmentation toujours plus forte, à court terme, des profits financiers des Grands Groupes qui se sont partagé la planète. Sinon quel sens y aurait-il à jeter à la benne des milliers de tonnes de pain frais chaque année, d'épuiser avec un tel rendement et une telle efficacité les ressources de la mer, de polluer toujours plus en transportant sur des milliers de kilomètres des légumes que l'on pourrait trouver à sa porte, de déboiser la forêt amazonienne pour y planter du soja ?

Pourquoi les États-Unis et l'Europe subventionnent-ils leur agro-industrie et privent ainsi de travail les petits paysans du sud ? Par exemple, les marchés de Dakar regorgent de fruits et légumes venant d’Europe, vendus moins chers que les productions locales, affamant ainsi les paysans du cru qui n'ont d'autre solution que de passer le détroit de Gibraltar, au risque de leur vie, pour aller vivre et travailler comme des esclaves dans les grandes serres d'Almeria, au sud de l'Espagne... dont les produits repartiront vers l'Afrique.

Qui inonde les terres agricoles de semences hybrides (utilisables une seule fois) en vue de productions génétiquement modifiées pour accroître les rendements ? Les Pionneer (numéro un mondial) et autres Monsanto (et non, ce n'est pas lui le numéro un, il y a pire) appauvrissant les sols en rendant dépendants les agriculteurs...

Nous déboisons la forêt amazonienne pour y planter du soja qui servira à nourrir nos poulets européens. Dans le même temps, nous utilisons nos hectares de maïs pour produire de l'électricité en le brûlant. À ce sujet joli petit reportage sur la vie et l'œuvre de nos poulets industriels, de l'incubation des œufs jusqu'à la mise en barquette en passant par la chaîne d'abattage et de découpage. C'est sobre, clinique, hallucinant. Il existe en fait des mecs qui inventent des machines infernales pour découper les poulets en six morceaux, tout en triant les abats, automatiquement. Non, en fait tout n'est pas automatisé... pour mettre le petit élastique jaune qui tient les papattes arrières, là, c'est un cosmonaute qui s'y colle, le bureau d'étude planche encore... pas facile, facile comme challenge robotique...

Autrichien quinquagénaire, argenté et bronzé aux UV, Peter Brabeck, Président de Nestlé, est plutôt fier lorsqu'il se présente : premier groupe alimentaire, 27e entreprise mondiale, 65 milliards de dollars de chiffre d'affaire, 275 000 "collaborateurs" directs et 4,5 millions de personnes "dépendantes"... ce qui justifie tout à ces yeux comme de traiter d'extrémistes ceux qui considèrent que tout homme doit pouvoir avoir accès à l'eau potable en la nationalisant, alors qu'il estime, de son côté, que tout a une valeur marchande, l'eau comme le reste, Nestlé étant le premier distributeur d'eau minérale. Très fort également lorsqu'il affirme que la consommation d’OGM n'a provoqué aucune nouvelle maladie aux USA depuis 15 ans et que l'Europe est hypocrite avec ses combats d'arrière-garde, contre les OGM et en faveur du bio qui n'est pas meilleur, en fait. Il ne dit pas pourquoi mais le bio n'est pas meilleur, c'est comme ça !
Un monsieur très sympathique et pas subjectif pour un sou.

Aujourd'hui la production mondiale peut subvenir aux besoins de douze milliards d'être humains. Meurent de faim, cent mille personnes chaque jour et un enfant de moins de dix ans toutes les cinq secondes. Selon l'O.N.U, fournisseur de chiffres et de rapports en tous genres mais visiblement impuissant, il s'agit bien là d'assassinats, tout simplement.

Le film n'est pas un scoop, il ne condamne pas ouvertement, il étale simplement un peu la merde et nous met face à notre impuissance, pour être sympa et à notre indifférence pour être plus juste.

Commentaire personnel : Nous avons, en fait, un vrai pouvoir que notre conformisme et notre paresse nous masquent. Avons-nous, par exemple, besoin de tomates et de fraises à Noël ? Il existe des solutions accessibles à la plupart, comme par exemple, les AMAP (Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) qui permettent d'acheter directement aux producteurs. Ce principe existe pour toutes les denrées alimentaires, fruits, légumes, laitages, viandes, poissons... Ne pouvons-nous pas préférer les marchés aux grandes surfaces, beaucoup plus contraignants certes mais plus agréable et pas forcément plus onéreux à qualité égale, il s'entend.

Des solutions existent pour tenter de freiner la voracité galopante du lobby agroalimentaire et si ce n'est pas nous qui le faisons, humains responsables des pays riches, qui le fera à notre place ?

mercredi 22 octobre 2008

Humeur : l'origine et le sens des mots

Gauche, droite, capitalisme...

Etranges et suspects que certains doubles sens, pour ne prendre que la DROITE et la GAUCHE par exemple, sans pour autant sauter à pied joint dans la théorie du complot linguistique.

Il semblerait que cette dichotomie remonte à la première assemblée nationale, en août-septembre 1789, où lors d'un vote sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir populaire dans la future constitution, les partisans du veto royal (aristocratie et clergé) se regroupèrent à droite du président tandis que les opposants à ce vélo (plutôt le Tiers-État, sous l'étiquette patriote) occupèrent la partie gauche. On parlait alors de côté adroit opposé au côté sinistre comme il était de coutume de placer l'hôte honoré à la droite du "Maître"... L'histoire et la tradition enseignent donc que la place d'honneur, celle du meilleur, est bien à droite, ce qui est du dernier grotesque, nous en conviendrons, lorsque l'on applique cela à toutes choses...

Ce qui est droit est honnête, sincère, sérieux et d'équerre... Bigre !
Ce qui est gauche et, par définition, maladroit, tordu et plus généralement tout le contraire du droit. Aïe !

Le droit écrit la loi qui fonde la société civilisée...
Les gauchers furent réprimandés, interdits, il y a encore peu de temps, sur les bancs de l'école...

De là à induire qu'un côté est meilleur que l'autre, le pas a été franchi depuis belle lurette dondaine et dondon !

Quant au mot CAPITALISME... la racine du mot nous fait sentir à quel point il est vital pour l'espèce humaine et indissociable de notre fondation. On se massacre allègrement depuis des milliers d'années pour posséder toujours plus, au nom d'un fallacieux prétexte tout aussi crétin mais efficace, les religions (encore elles, complices depuis toujours).

Il semblerait donc que le gain soit notre moteur premier et que les commandements et autres aphorismes religieux, dont la pensée est pourtant aux antipodes, ne servit d'alibi qu'aux quelques puissants et de repoussoir à la masse restante. S'affranchir des interdits permettrait donc de pouvoir jouer dans la cour des grands ... et, tandis que recule le principe religieux, s'affiche ouvertement le principe capitaliste et ses valeurs contraires mais sincères. Là ou le religieux cherche à justifier la pauvreté et la misère pour mieux servir ses maîtres, en ne promettant que quelques vagues hypothèses fumeuses, le capitalisme, lui, glorifie la richesse, désigne et promet le vrai pouvoir.

Mais le pouvoir enivre et rend fou, incontestablement. Ce qui se passe (la fièvre est descendue mais la maladie est endémique) montre à quel point ce système est cannibale. Le hic étant que ceux qui se font manger ne sont pas uniquement les invités à la table des festivités. Il est même envisageable que les hôtes d'honneur continuent à ripailler en riant gras et éructant fort... C'est bien à ceux-là qu'il s'agit de couper la tête comme la volaille qu'ils ingurgitent. Quant à renverser la table des festins, pas évident de mettre en place un autre système fonctionnel et plus équitable ni de tirer la chasse sur notre civilisation...

Non, on ne reviendra pas à hier... mais on continuera le combat, demain, après-demain et le jour suivant...

Humeur : Vatican = Berghof

Lu, dans le Siné Hebdo de cette semaine, une des lectures les plus saines du petit monde de la presse actuellement, un article plutôt édifiant de Michel Onfray (eh oui, un certain nombre de personnalités ont rejoint ce journal libre-penseur), concernant le Vatican en général et Benoît XVI en particulier (quel prénom débile pour un pape, vraiment !).

Plutôt que de dévoiler un scoop qui n'en est pas un, il me semblait important de relayer l'information, et faire qu'elle se propage, concernant le passé nazi du Rattzinger romain. Ce cher travesti le fut en brun dans les années 40, recrue convaincue des jeunesses hitlériennes, on l'imagine short en cuir et plume au feutre, avant de passer à la Wehrmacht. Aux premières loges fut-il, donc, pour diffuser une propagande fasciste, raciste, eugéniste et apporter son soutien aux horreurs qui en découlèrent. Il était jeune paraît-il... bien sûr. Tout le monde était nazi à l'époque... et bien non, justement... ah si, l'église l'était, c'est vrai.

Je trouve parfaitement dément de confier les rênes d'un état, d'une église, à une telle merde. Qu'il soit le guide spirituel d'un milliard de cathos sur la planète est proprement effrayant. Comment est-il surnommé par ses fidèles , Saint-Père ? Saint en quel honneur ? Qu'a-t-il fait de sa vie pour mériter cet attribut ? On peut d'ailleurs imaginer que pour accéder à ce poste très convoité, il faille copieusement piétiner du cardinal et manœuvrer dans les arcanes divines. Je passe sur ses désirs de paix et de fraternité entre les hommes, ses conseils de vie modeste et de non-convoitise... là, on dépasse les limites sur l'Echelle De Pronfondis et pour paraphraser J. Starr : le Vatican... une nouvelle marque de vaseline ?

Complètement dessoudé donc ce monde de Dieu et rien d'étonnant de placer un vrai facho historique à la tête du troupeau. Il suffit de se pencher sur le passé de l'Eglise pour comprendre qu'elle ne fait que confirmer une attitude nauséabonde faite de compromis chiasseux avec la pourriture politique et d'interdits honteux et liberticides imposés aux pauvres âmes soumises et masochistes. Avec son dernier leader (comment dit-on en allemand ?), un nouveau niveau vient d'être franchi avec succès, pas de game over en vue.

Benoît pète dans la soie et se pose en modèle d'ascèse... Benoît, une croix latine autour du cou, une croix gammée sur le bras, prône l'amour entre les hommes... Plus c'est énorme mieux ça passe. Franchement, comment fait-il, le milliard, pour continuer à marcher dans toutes ces combines moisies ?

Le vrai mystère de la foi se situe peut-être bien là.

dimanche 19 octobre 2008

Humeur : Retour de manivelle


Dépêche FPP...

Une septième victime vient allonger la liste déjà conséquente de l'opération de nettoyage lancée par le Front de Justice des Travailleurs également connu sous le nom de CAC Zéro.

Pierre Lefranc, président du groupe Sanifo Labotech a été abattu hier soir vers 21h00, d'une balle dans la tête, alors qu'il rendait visite à des amis dans le second arrondissement de Paris. Les trois hommes chargés de sa sécurité ont également péri sans avoir pu réagir. On ignore encore les circonstances exactes du drame et le nombre de terroristes présents lors de cette nouvelle "opération de justice" selon la formule lapidaire de CAC Zéro.

Cette exécution sommaire intervient trois jours après l'annonce d'un plan de restructuration très contesté. En effet, le Groupe Sanifo Labotech venait d'annoncer un plan social concernant deux mille personnes alors que dans le même temps, des bénéfices sans précédents faisaient la une des médias.

Pierre Lefranc se savait menacé, comme tous les patrons du CAC 40, et avait mis en place toutes les mesures nécessaires pour sa sécurité, se refusant à vivre comme un reclus. Mesures nettement insuffisantes de toute évidence., tant les commandos déployés font preuve de détermination.

Même si l'on peut noter, depuis plusieurs mois, un léger ralentissement sur le plan des délocalisations ou des restructurations, les grandes entreprises de notre pays ne veulent céder en rien à la terreur mise en place et certaines ont payé lourdement les résultats d'une gestion jugée outrageusement scandaleuse par l'opinion publique.

CAC Zéro bénéficie en effet d'une côte de popularité à la hausse et entend bien continuer "le ménage" et redonner aux travailleurs de ce pays leur place véritable dans un système jugé corrompu et défaillant.


jeudi 16 octobre 2008

Humeur : Question existentielle

Bon , alors, faut-il chanter ou siffler la Marseillaise ?

Humeur : Petit Suisse deviendra grand...

Artisan graphiste depuis vingt ans, je suis en train de perdre un client important pour les principales raisons que je suis "hors-moule" mais aussi trop petit à ses yeux. Je parle bien sûr de la surface de mon "entreprise". Ne sont remis en cause ni ma taille, ni celle de mon pénis, surtout pas celle de mes oreilles, non plus mes compétences, ni mon efficacité, ni la qualité de mon travail. A peine si mes coûts sont mis en balance tant je pourrais m'aligner commercialement. Non, il s'agit d'autre chose à mon sens et j'ai toujours eu le sentiment de faire un peu tâche dans cet univers aseptisé, équerré, qui se voudrait réglé comme une mécanique horlogère.

Normal, mon client appartient à un groupe Suisse.

Ce dernier entend rationaliser son "process" et établir de nouvelles règles de rigueur et de confiance dans un secteur souffrant d'une image souvent suspecte : le tourisme. A l'instar des garagistes et autres plombiers, l'Agence de Voyages et, à travers elle, le Tour Opérateur , sont mal-aimés. Un peu voleurs, un peu menteurs, il ont su pleinement profiter des belles années passées et certains, malgré l'internet florissant, continuent l'entubage. Louable donc, cette volonté compulsive de récurer la douche et de vider les poubelles.

Le Suisse est ainsi conçu, il aime les trottoirs lustrés.

Mon équipe et moi faisons un peu l'effet d'un commando, investissant la place avec notre matériel et nos propres méthodes, intervenant au cœur de la citadelle et en d'autres points par liaison internet. Nous sommes l'écharde sur le parquet ciré. Je comprend la crainte d'une telle intrusion dans un dispositif que l'on souhaite systématiser et contrôler totalement pour en chasser les travers. Je ne saurai donc lui tenir rigueur de vouloir, sinon javeliser la profession, du moins en rectifier certaines pratiques délétères. Le problème, c'est que le monde n'est pas la Suisse, même si La Finance Internationale en assure la régence depuis longtemps. Les méthodes imposées à l'esprit méditerranéen, dont nous sommes, souffrent souvent du peu d'adhérence à certaines valeurs qu'elles véhiculent et la conduite des affaires s'en trouve alors plus délicate.

A vouloir uniformiser absolument, l'âme se fane. La culture d'un pays ou d'une entreprise déprime, ce que j'ai à loisir, mais avec regret, observé dans celle-ci... avec ce sentiment étrange d'être d'avantage dans une compagnie d'assurance que chez un marchand de rêves.

J'ai d'ailleurs une pensée émue, je l'avoue, pour le fondateur du groupe, résident suisse du siècle avant-dernier, qui doit peut-être se retourner dans son mausolée. Je l'imagine, observant de ses limbes, les fruits aseptisés de son labeur, tandis que sa carriole fleurie continue de promener les touristes joyeux autour du lac Léman, ses chevaux déversant allègrement leur crottin fumant tout au long du circuit.

Au-delà de mon expérience présente, minuscule et ridicule gouttelette dans l'océan du business, la mondiale standardisation dont nous subissons chaque jour les effets gagne du terrain. Pensée unique, consensus mou, standardisation des outils et des méthodes, uniformisation des produits et optimisation actionnariale forment le dernier credo tendance de ce début du XXIe. Le lissage absolu de tout, englue notre quotidien sous un nappage conventionnel et fade. Les différences jadis recherchées pour attirer le chaland, sont aujourd'hui rejetées, les concurrences se réduisant de plus en plus à quelques groupes clonés offrant des produits identiques. Trop s'écarter du sentier, c'est prendre des risques que certains refusent dans le contexte actuel.

Tout cela est totalement compréhensible du point de vue d'un financier mais tellement triste à accepter. Un seul goût, une seule couleur, une seule tête je veux voir...

Sainte Manivelle, je prie pour ton retour !

mercredi 8 octobre 2008

Humeur : Eclectique et vorace

J'entend souvent ce reproche étonnant jusqu'au bizarre : "Tu aimes trop de choses..." ou "Tu es très bon public..." en littérature et cinéma, il s'entend. J'avoue être assez morfale, en effet, pour m'avaler quotidiennement, au minimum, un film auquel viennent s'ajouter entre vingt et cent pages de littérature, selon l'état du bonhomme et de l'horaire.

Et alors ?

Je ne suis pas encore complètement sénile et j'entend bien le reproche induit : "Bonjour l'esprit critique !" ou "Forcément, c'est comme dans toute chose, tu t'avales 90 % de nullités..."

C'est très exagéré mais, admettons.

Goûter le plaisir d'une chose ne signifie pas pour autant que l'on admette la qualité de cette chose… au contraire, bien souvent hélas. Prenons par exemple les plaisirs de la bouche... j'aime la charcuterie, la viande rouge, les crocodiles Haribo, le Nutella, la tête de veau ravigote, les carbonara, la glace coco, pour ne citer que les premiers qui me viennent à l'esprit... tout cela est mauvais pour ce que j'ai, c'est une évidence et pourtant...

De même, j'aime la littérature et le cinéma et, concernant ce dernier, j'avale tout ce qui passe à ma portée ou presque. Mais bien qu'ingurgitant beaucoup, je digère finalement plus ou moins avec bonheur. Ceci dit, un deuxième aveu consistera à dire que je trouve tout de même un intérêt, souvent minime certes, à de nombreuse "œuvres" qu'autour de moi on ne se prive pas de qualifier outrageusement de "Grosse Merde" ou de "Mega Daube". Je dois avoir le respect du travail, quel qu'il soit, même mal fait, car je dissèque toujours le labeur effectué, traquant, bien sûr, les incohérences d'un scénario et les dérapages techniques afin de mettre en évidence "ce qu'il ne faut pas faire" et tenter de comprendre ce qui différencie le bon du mauvais. D'ailleurs, au bout du compte, qu'est-ce qui différencie précisément un chef-d'œuvre véritable d'un infâme navet ? Nous possédons tous des éléments de réponses mais certains remake d'œuvres remarquables parfaitement réalisés sont également parfaitement manqués. Pourquoi ? La réponse demeure parcellaire, bien sûr, d'un point de vue purement technique. Quant aux films excellents n'ayant pas rencontré leur public, ils sont légions...

Oui, j'aime cet abondant flux d'images, je l'absorbe goulûment, m'en délecte avec passion mais contrairement à ce que l'on croit peu de films, en regard du nombre, appartiennent à mon Panthéon du 7eme. Je prend autant de plaisir à voir les films des frères Dardenne, Scott ou Cohen. Je savoure aussi bien le grand spectacle d'un Spielberg ou d'un Bay, l'introspection d'un Allen ou d'un Kitano, l'extravagance d'un Almodovar ou d'un Altman, le comique d'un Chaplin ou d'un Chabat, la tension d'un Hitchcock ou d'un de Palma ou encore la puissance d'un Kubrick ou d'un Coppola. Qu'il soit belge, coréen, anglais, allemand, américain, japonais ou français, le cinéma est une gourmandise variée dont je ne suis pas encore écœuré.

Les appréciations : génial, excellent, mouai, boff et grosse bouse sont évidemment de la responsabilité de chacun et, en ce sens, je n'irai pas traiter de blaireaux les 20 millions de spectateurs qui se sont déplacés pour les Ch'tis. Il y a là une vrai rencontre respectable bien que complètement disproportionnée aux vues des qualités intrinsèques de ce film parfaitement moyen. D'un autre côté, il m'a toujours semblé suspect de laisser à des critiques, dont ce n'est pas le goût, le soin de porter un jugement "objectif" sur des films de "genre". On imagine la critique du dernier Jet Li par Télérama , les Inrock ou les Cahiers du Cinéma. Halte au terrorisme intellectuel !

Chaque type de cinéma porte sa part de promesses et il n'y a pas un cinéma qui serait au-dessus d'un autre. Qu'une hiérarchie s'impose naturellement entre les films et selon les personnes et inévitable mais je ne crois pas que la vision d'un Woody Allen fasse de nous un être délicat et spirituel et qu'à contrario celle d'un Silvester Stalonne nous établisse comme un bourrin moyen. Les pulsions et les passions qui nous animent sont multiples, enfouies pour certaines et j'assume personnellement complètement le fait d'avoir pris mon pied autant avec "Transformers" qu'avec "Rosetta".

Pour conclure sur un peu de maths et de probabilités, plus je verrai de films, plus ma chance de voir des chefs-d'œuvre sera grande.

Plus grands seront ma voracité et mon éclectisme, plus grand sera mon plaisir, tout simplement.

mardi 7 octobre 2008

Bouquin : La Route - Cormac McCarthy

Editions de l'Olivier - Prix Pulitzer 2007

L'auteur du western moderne "No Country for Old Man" (2005) revisite le roman apocalyptique. Etrange, dense et passionnante tragédie que ce bout de chemin fait en compagnie d'un père et de son jeune fils.

Traversant des contrées recouvertes de cendres, croisant quelques ruines et quelques cadavres calcinés, ils semblent être parmi les rares survivants d'une destruction complète de la civilisation. Nous ne connaîtrons jamais les causes de la tragédie. Les où, quand et comment n'ont d'ailleurs aucun intérêt dans cette marche vers le sud. Tout ce que l'on sait c'est qu'ils marchent, poussant laborieusement un caddie, empli de maigres réserves et d'un bric à brac indispensable récupéré au hasard des vestiges croisés. Ils marchent, lentement, au milieu de l'hiver, dans le froid, la pluie et la faim, jours après jours, la peur au ventre. Peur de la mort et des autres, les méchants errants dont ils se cachent. Peur d'eux-même, de ce qu'ils sont devenus, des choix quotidiens à faire, peur de se décevoir mutuellement, de ne pas être à la hauteur. Prédateurs misérables d'un monde dépouillé, ils fouillent les décombres à la recherche de nourriture et de bricoles, parlant peu, se renvoyant continuellement leurs doutes et leurs angoisses profondes.

Le récit est très épuré, voire pudique, les dialogues répétitifs et concis, les paragraphes très courts comme pour marquer un qui-vive permanent, une respiration haletante. Un rétroviseur a même été installé sur le caddie. La peur est continuellement palpable, celle du père pour protéger son petit, celle du jeune fils pour ne pas décevoir son père. Il y a bien sûr l'amour entre les deux mais leur véritable lien est devenue la survie seule, celle qui est le centre de toute chose, celle qui enferme et rend monstrueusement égoïste et paranoïaque au point de rejeter, donc de condamner, certains autres fuyards esseulés et inoffensifs. La folie s'installe sûrement au fil des 245 pages jusqu'à déformer complètement une réalité déjà complètement hallucinante...

Une expérience troublante que la lecture de ce livre, de par son fond mais aussi de par sa forme. Passionnant et troublant.

Film : Vier minuten - Chris Kraus

("4 minutes" pour les intimes)

Le pitch : Emprisonnée pour meurtre, une jeune femme caractérielle est remarquée par une vieille professeur de piano qui décide de la prendre en main et de la faire admettre au concours d'entrée du Conservatoire de musique ...

Ach, le cinéma allemand... Splendide une fois de plus. Il est rare mais bon sang qu'il est bon !

Un sujet dramatique, tendu voire oppressant, l'univers carcéral féminin dans toute sa misère violente et glaciale...
Une photo minimaliste, désaturée, bleutée...
Deux actrices principales ( Monica Bleibtreu et Hannah Herzsprung) magnifiques, habitées, éclatantes dans cette atmosphère livide...
Des seconds rôles de premier plan...
Une bande son éclectique : classique, hard, jazz...
Une mise en scène rythmé, découpée au cordeau...

Que tous ces ingrédients sont magistralement mixés pour offrir une tension bien éloignée des standard habituels mais combien intense.
Pris aux tripes du début à la fin pour un dénouement en apothéose.

Ai-je dit que je vous conseillais ce film magnifique ? C'est fait.

lundi 6 octobre 2008

Humeur : Le retour des idées radicales.

Le capitalisme en crise...
Quelle bonne nouvelle !


Même si les conséquences demeurent obscures, une grande bouffée d'air nouveau souffle sur le monde. Après le communisme honni et ses millions de victimes, la doctrine capitaliste, et ses autres millions de victimes, suffoque et titube. Elle ne serait donc pas La Voie Céleste tant louée par les phalanges libérales mondiales ? Bigre, Sacré scoop !

Quand chancellent ainsi les valeurs fondatrices, ne serait-il pas temps, enfin, d'établir un diagnostic posé, réfléchi, sans accourir, serviles et fébriles, au chevet du grand malade en lui injectant les milliards placebo ? Ces centaines de milliards, ces milliers de milliard à travers le monde, appartenant à tous, aux autres justement, à ceux-là même que ces organismes financiers ont déjà pressurés et affamés. Le vol est double, au minimum, et tout cela est normal car il est Le Système que nous subissons depuis l'invention du pognon.

Banques usurières qui se prennent les pieds dans leur propre tapis, classes moyennes expulsées de leurs propriétés, délocalisations massives et licenciements en chaîne, coût de la vie explosé, paupérisation générale, primes incensées et indécentes versées aux grands patrons, emplois précaires face à un chômage en hausse, faim dans le monde, massacres ethniques, bénéfices exponentiels sur les ventes d'armes et de médicaments, sur l'exploitation pétrolière et le racket agro-alimentaire, montée des intégrismes et du terrorisme déjanté, foutage de gueule politique et médiatique à tous les étages... Nous aimons être humiliés et pris pour des bouses. Nous payons même nos redevances ou nos abonnements pour être aux premières loges...

Je sais, tout cela a été dit mille fois, sempiternel refrain éventé mais sempiternel refrain d'actualité. Qu'y a-t-il de faux voire d'exagéré dans le tableau précédent ? Non, il ne s'agit pas de tout faire péter. Non il ne s'agit pas de foutre en l'air le peu de confort et d'économies que les plus chanceux sur cette planète ont réussi à obtenir. Seulement couper la tête ou les testicules ou les trois, de ceux qui pourrissent l'ambiance, de tous ces sans-morale, ces ordures portant beau et vivant gras tandis qu'en bas, la masse gesticule...

Il existe des limites, l'Histoire en fut témoin plusieurs fois. Aujourd'hui, déjà, la voici qui hoquette avec ce patron indien et exploiteur, massacré par ses employés à bout. Même si l'on peut réprouver ces actes, ils régénèrent un espace de révolte et de fureur légitimes. Il serait temps que la peur de l'avenir change de camps.

vendredi 3 octobre 2008

Film : Redacted - Brian de Palma

Amis cinéphiles, bonjour !

Enfin vu Redacted, hier soir. Effectivement ce n'est pas une comédie (au fait, De Palma a-t-il déjà réalisé une comédie ?) D'ailleurs Joëlle, qui connaissait le sujet, le viol et le massacre commis à Samara, est partie bien avant la fin, avant que les images fatidiques n'apparaissent... En plus, les mouvements nerveux de la caméra (du camescope en fait) la stressaient même si elle avait conscience que c'était voulu.

C'est vrai qu'il y a un lien évident avec "Outrage". Le même sujet pour deux guerres et deux époques différentes, les soldats, eux (certains, pas tous) restant égaux à eux-même, racistes, méprisants, violents, bas du front... percevant toujours leurs ennemis comme autant de sauvages à convertir et de barbares à anéantir (ce qui n'est pas forcément complètement faux, concernant la barbarie, la guerre étant ce qu'elle est...).

Intéressante et maligne cette idée de Palma de prendre un fait similaire et de le replacer dans deux contextes différents, présentés sous des formes différentes avec quarante années d'écart comme pour montrer que la civilisation, celle qui entend gouverner le monde, du moins lui enseigner les vraies valeurs, n'avait pas bougé d'un pouce depuis tout ce temps, s'étant, au contraire, enfoncée dans une arrogance toujours plus aveugle et méprisable en ayant développé parallèlement une faculté toujours plus grande à justifier ses actes les plus ignobles.

Nouvelle époque donc que cette occupation de l'Irak et donc, nouveaux outils de communication, camescope, internet, TV satellite... le tout mixé avec de magnifiques images ocres censées être filmées par une équipe de reporters français. Ce patchwork d'images, dont certaines sont très "amateur" peut déranger voir donner le tournis et mettre franchement mal à l'aise, en tout cas il contribue au malaise ambiant généré par ce conflit en général et l'accident de Samara en particulier.

Personnellement, j'ai été happé par le sujet et son traité. De Palma, et ce n'est plus un scoop, est un virtuose de l'image et de la mise en scène, ça, on ne peut le nier. Même si certains de ses films sont des RDV manqués ("Le Dahlia Noir" plutôt poussif ou "Mission to Mars" un poil grotesque) un De Palma est toujours un événement, je l'avoue (eh oui, j'aime beaucoup De Palma).

Comme Christophe, je conseille la vision de ce superbe faux reportage (âmes sensibles s'abstenir).

Bzzz !