mercredi 8 octobre 2008

Humeur : Eclectique et vorace

J'entend souvent ce reproche étonnant jusqu'au bizarre : "Tu aimes trop de choses..." ou "Tu es très bon public..." en littérature et cinéma, il s'entend. J'avoue être assez morfale, en effet, pour m'avaler quotidiennement, au minimum, un film auquel viennent s'ajouter entre vingt et cent pages de littérature, selon l'état du bonhomme et de l'horaire.

Et alors ?

Je ne suis pas encore complètement sénile et j'entend bien le reproche induit : "Bonjour l'esprit critique !" ou "Forcément, c'est comme dans toute chose, tu t'avales 90 % de nullités..."

C'est très exagéré mais, admettons.

Goûter le plaisir d'une chose ne signifie pas pour autant que l'on admette la qualité de cette chose… au contraire, bien souvent hélas. Prenons par exemple les plaisirs de la bouche... j'aime la charcuterie, la viande rouge, les crocodiles Haribo, le Nutella, la tête de veau ravigote, les carbonara, la glace coco, pour ne citer que les premiers qui me viennent à l'esprit... tout cela est mauvais pour ce que j'ai, c'est une évidence et pourtant...

De même, j'aime la littérature et le cinéma et, concernant ce dernier, j'avale tout ce qui passe à ma portée ou presque. Mais bien qu'ingurgitant beaucoup, je digère finalement plus ou moins avec bonheur. Ceci dit, un deuxième aveu consistera à dire que je trouve tout de même un intérêt, souvent minime certes, à de nombreuse "œuvres" qu'autour de moi on ne se prive pas de qualifier outrageusement de "Grosse Merde" ou de "Mega Daube". Je dois avoir le respect du travail, quel qu'il soit, même mal fait, car je dissèque toujours le labeur effectué, traquant, bien sûr, les incohérences d'un scénario et les dérapages techniques afin de mettre en évidence "ce qu'il ne faut pas faire" et tenter de comprendre ce qui différencie le bon du mauvais. D'ailleurs, au bout du compte, qu'est-ce qui différencie précisément un chef-d'œuvre véritable d'un infâme navet ? Nous possédons tous des éléments de réponses mais certains remake d'œuvres remarquables parfaitement réalisés sont également parfaitement manqués. Pourquoi ? La réponse demeure parcellaire, bien sûr, d'un point de vue purement technique. Quant aux films excellents n'ayant pas rencontré leur public, ils sont légions...

Oui, j'aime cet abondant flux d'images, je l'absorbe goulûment, m'en délecte avec passion mais contrairement à ce que l'on croit peu de films, en regard du nombre, appartiennent à mon Panthéon du 7eme. Je prend autant de plaisir à voir les films des frères Dardenne, Scott ou Cohen. Je savoure aussi bien le grand spectacle d'un Spielberg ou d'un Bay, l'introspection d'un Allen ou d'un Kitano, l'extravagance d'un Almodovar ou d'un Altman, le comique d'un Chaplin ou d'un Chabat, la tension d'un Hitchcock ou d'un de Palma ou encore la puissance d'un Kubrick ou d'un Coppola. Qu'il soit belge, coréen, anglais, allemand, américain, japonais ou français, le cinéma est une gourmandise variée dont je ne suis pas encore écœuré.

Les appréciations : génial, excellent, mouai, boff et grosse bouse sont évidemment de la responsabilité de chacun et, en ce sens, je n'irai pas traiter de blaireaux les 20 millions de spectateurs qui se sont déplacés pour les Ch'tis. Il y a là une vrai rencontre respectable bien que complètement disproportionnée aux vues des qualités intrinsèques de ce film parfaitement moyen. D'un autre côté, il m'a toujours semblé suspect de laisser à des critiques, dont ce n'est pas le goût, le soin de porter un jugement "objectif" sur des films de "genre". On imagine la critique du dernier Jet Li par Télérama , les Inrock ou les Cahiers du Cinéma. Halte au terrorisme intellectuel !

Chaque type de cinéma porte sa part de promesses et il n'y a pas un cinéma qui serait au-dessus d'un autre. Qu'une hiérarchie s'impose naturellement entre les films et selon les personnes et inévitable mais je ne crois pas que la vision d'un Woody Allen fasse de nous un être délicat et spirituel et qu'à contrario celle d'un Silvester Stalonne nous établisse comme un bourrin moyen. Les pulsions et les passions qui nous animent sont multiples, enfouies pour certaines et j'assume personnellement complètement le fait d'avoir pris mon pied autant avec "Transformers" qu'avec "Rosetta".

Pour conclure sur un peu de maths et de probabilités, plus je verrai de films, plus ma chance de voir des chefs-d'œuvre sera grande.

Plus grands seront ma voracité et mon éclectisme, plus grand sera mon plaisir, tout simplement.

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