mardi 7 octobre 2008

Bouquin : La Route - Cormac McCarthy

Editions de l'Olivier - Prix Pulitzer 2007

L'auteur du western moderne "No Country for Old Man" (2005) revisite le roman apocalyptique. Etrange, dense et passionnante tragédie que ce bout de chemin fait en compagnie d'un père et de son jeune fils.

Traversant des contrées recouvertes de cendres, croisant quelques ruines et quelques cadavres calcinés, ils semblent être parmi les rares survivants d'une destruction complète de la civilisation. Nous ne connaîtrons jamais les causes de la tragédie. Les où, quand et comment n'ont d'ailleurs aucun intérêt dans cette marche vers le sud. Tout ce que l'on sait c'est qu'ils marchent, poussant laborieusement un caddie, empli de maigres réserves et d'un bric à brac indispensable récupéré au hasard des vestiges croisés. Ils marchent, lentement, au milieu de l'hiver, dans le froid, la pluie et la faim, jours après jours, la peur au ventre. Peur de la mort et des autres, les méchants errants dont ils se cachent. Peur d'eux-même, de ce qu'ils sont devenus, des choix quotidiens à faire, peur de se décevoir mutuellement, de ne pas être à la hauteur. Prédateurs misérables d'un monde dépouillé, ils fouillent les décombres à la recherche de nourriture et de bricoles, parlant peu, se renvoyant continuellement leurs doutes et leurs angoisses profondes.

Le récit est très épuré, voire pudique, les dialogues répétitifs et concis, les paragraphes très courts comme pour marquer un qui-vive permanent, une respiration haletante. Un rétroviseur a même été installé sur le caddie. La peur est continuellement palpable, celle du père pour protéger son petit, celle du jeune fils pour ne pas décevoir son père. Il y a bien sûr l'amour entre les deux mais leur véritable lien est devenue la survie seule, celle qui est le centre de toute chose, celle qui enferme et rend monstrueusement égoïste et paranoïaque au point de rejeter, donc de condamner, certains autres fuyards esseulés et inoffensifs. La folie s'installe sûrement au fil des 245 pages jusqu'à déformer complètement une réalité déjà complètement hallucinante...

Une expérience troublante que la lecture de ce livre, de par son fond mais aussi de par sa forme. Passionnant et troublant.

Aucun commentaire: