jeudi 31 décembre 2020

2020 est mort... 2021 serre déjà les fesses.

2020 s’éteindra dans la nuit après une longue et douloureuse agonie.


Bouleversante année pour l’humanité dans son entièreté qui a vu se fissurer ses économies et ses structures sociales, amplifiant toujours plus ses inégalités. La petitesse et l’invisibilité du responsable de ce chaos planétaire nous font ressentir douloureusement la parfaite insignifiance de nos existences. Quel sens désormais donner à nos vies égocentrées? Quelles valeurs attribuer à nos actes insensés et à notre voracité dévastatrice?


2020 a dressé face à nous un miroir qui ne renvoyait que le vide de nos consciences et notre incapacité collective à nous déjuger. La course vers le mur de nos certitudes demeure notre sport favori. Incapables de changer de logiciel et de nous unir face à un danger civilisationnel bien réel, qui a pourtant démontré une partie de sa puissance, nous nous terrons au fond de nos cavernes tout en aboyant pour nous donner l’illusion d’exister un peu. Ce qui aurait dû nous unir nous a divisé. La haine, le mensonge et l’insulte sont nos carburants délétères et dessinent magnifiquement les contours de plus en plus précis de notre médiocrité. Ne parlons même pas de l’abyssal crétin Trump, le président élu du pays le plus puissant du monde qui s’est dégonflé comme une vilaine baudruche, il en existe ailleurs et il y en aura toujours d’autres. L’homme recherche, semble-t-il, une simplification extrême à la complexité de son existence et la déniche, parfois chez un leader improbable et, le plus souvent, dans des idées avilissantes. Comme s’il était plus simple de haïr que d’aimer alors que c’est tout le contraire.


2020 nous a signifié les limites de notre faculté à vivre ensemble malgré notre grégarisme ancestral. Paradoxalement, il nous a démontré notre indécrottable besoin de promiscuité malgré les antagonismes qui nous animent. Tout cela demeure un mystère d’une banalité assommante.


Qu’en sera-t-il de 2021, qui s’en ira déjà en ambulance, gyrophare hurlant dans la nuit? Si l'espoir est un antidépresseur puissant, la dose à prescrire devra être au moins triplée durant les prochains mois. Tout va lentement s’arranger, malgré des dégâts irréversibles. Nous pouvons compter sur notre légendaire résilience, et notre faculté à ne pas tirer les leçons, pour repartir vaillamment sur les décombres encore fumants de nos vies abîmées.


2021 a la lourde responsabilité de faire oublier 2020… Bonjour la pression!

Culture biologique VS culture biodynamique

" La culture biologique est l'aboutissement de l'équilibre entre la production d'aliments de qualité la plus grande possible et le respect de l'environnement et donc de sa conservation et de son enrichissement. Elle nécessite des recherches scientifiques, des expérimentations longues, un développement auprès des agriculteurs qui exige d'eux une formation solide, des pratiques nouvelles et un rapport à leur environnement révolutionné. La culture biologique est un sommet de rationalité.

Il est donc impératif de ne pas faire l'amalgame entre le "bio" et la "biodynamie".

La biodynamie est un gouffre d'ésotérisme, un syncrétisme de pratiques magiques. C’est la primauté de l’obscurantisme, la négation de la connaissance des lois naturelles, de la science agronomique et biologique. Le comportement sectaire des intégristes de la biodynamie est comparable à d'autres sectarismes : complexification, divination des pratiques édictées par un gourou, infériorisation, domination des adeptes à qui on impose d’acheter des produits exclusifs ou des matériels ("dynamiseurs") incontournables qui génèrent une dépendance, une soumission qui se prolonge souvent par la confiscation de la commercialisation du produit fini obligé d’intégrer des filières labellisées.

La biodynamie est à la culture biologique ce que l'homéopathie (et tout ce qu'elle véhicule comme absurdités : mémoire de l’eau et dilution) est à la médecine "intelligente" (prise en charge de l'être vivant partie intégrante de son environnement) ou ce que le vaudou est à la philosophie libertaire, l'escroquerie en sus.

L'amalgame systématique fait dans bon nombre de médias élude le principal qui est que, si la culture biologique est une libération individuelle, la "biodynamie" est un enfermement pyramidal flanqué de ses gardiens du temple rompus à un lobbying capable de tromper (d’enivrer) une presse non avertie et une clientèle en recherche de nouvelles voies."

- Extrait du courrier des lecteurs du Monde du 28 janvier 2012 suite à l'article de Laure Gasparotto "Il est bio mon vignoble" paru dans le Monde Magazine du 20 janvier 2012. Auteur (clairvoyant) non cité.


L'arnaque marketing (pléonasme ?) patente du "Label" Biodynamie consiste donc à proposer des produits "magiques", protégés par les esprits des bois et dynamisés par les puissances cosmiques. Pourquoi tout ce folklore régressif autour de productions forts goûteuses et parfaitement bio par ailleurs, voire plus bio que bio dans certains cas ? Pourquoi cette surcouche d'irrationalité dans une démarche de production largement vertueuse, très proche de l'agriculture naturelle ? Sans doute l’amalgame entre la dérive productiviste, le sentiment douloureux d'épuiser toujours plus nos ressources, la peur face à un avenir sombre et incertain, la quête d'une harmonie intense avec la nature, la perte de repères spirituels, la croyance naïve en des forces magiques qui nous dépassent, font de la biodynamie une discipline lumineuse (sectaire) qui réenchante le monde…

Si la démarche de l’agriculteur qui adhère à ces pratiques occultes peut paraître éventuellement louable dans son éco-responsabilité, il n’en demeure pas moins que l’obscurantisme reprend racine dans nos campagnes. Le créneau bio, et plus particulièrement celui de la biodynamie, attire de plus en plus le producteur en recherche d’une nouvelle éthique à la fois respectueuse et lucrative face à un consommateur urbain CSP Plus qui voit de plus en plus dans ces produits un contrepoids/alibi à sa surconsommation ordinaire, sans se soucier plus que ça du sens véritable que cache ses pratiques issues des doctrines sectaires de l’Anthroposophie.

En complément, la permaculture, dans le créneau bio, me paraît représenter une approche totalement rationnelle et scientifique (bien qu'elle préconise l'utilisation d'un calendrier lunaire pour "jardiner avec la lune", les traditions ont la vie dure), en parfaite harmonie avec les lois de la nature. Ce principe de culture permanente, créé par le biologiste Bill Mollison dans les années 1970 en Australie, fait grand bruit actuellement. Encore en phase de recherche, il est à souhaiter que la permaculture trouve une place de plus en plus conséquente même si elle ne concerne aujourd'hui que des surfaces réduites et soit l'objet des critiques récurrentes que sont son manque de rigueur scientifique et l'utilisation d'espèces envahissantes.

Quoi qu’il en soit, la planète a réellement besoin, sinon de se régénérer du moins de souffler durablement, et nos palais de retrouver le vrai goût des aliments. Nul besoin d’invoquer la magie et de la légitimer pour y parvenir.

mardi 22 décembre 2020

L'ANTHROPOSOPHIE : Attention, secte discrète

Sous le couvert d'une approche bio et éco-responsable, cette doctrine sectaire se déploie discrètement et touche de nombreux domaines de notre quotidien. Quelques marques et labels parfaitement médiatisés font office de Cheval de Troie comme la banque La Nef, la parapharmacie Weleda ou encore la culture/viticulture biodynamique via le label Demeter. Le marketing efficace masque en fait un courant parfaitement occulte. Certaines personnalités publiques en sont même les ambassadeurs efficients comme l'essayiste agro-écologiste Pierre Rabhi, plus grave, l'éditrice et ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen ou encore, plus étonnant, feu le biologiste Albert Jacquard.

Je vous propose de détailler et d'éclairer un peu mieux cette doctrine épinglée enfin, depuis cette année 2020, par la MIVILUDES.

L'anthroposophie est un courant ésotérique créé par l'occultiste autrichien Rudolf Steiner au début du XXe siècle.

Ce courant se rattache d'une part à la théosophie (1) et d'autre part aux courants du rosicrucianisme moderne (2).

On y retrouve des éléments empruntés au bouddhisme, à l'hindouisme et au christianisme. De l'hindouisme et du bouddhisme, l'anthroposophie reprend sa conception du karma et de la réincarnation. Du christianisme, elle intègre l'idée du Christ (éthérique) en sauveur du monde. Ce galimatias bricolé totalement grotesque (point de vue personnel) donne lieu à des rituels pratiqués dans leurs écoles alternatives par les enfants qui leur sont confiés.

Elle présente, du point de vue scientifique, les caractéristiques d'une pseudoscience : rejet de la notion de réfutabilité (qui ne peut être testé scientifiquement et donc ne peut être contredite), de la science contemporaine et du matérialisme (vs Kant) qui en est le fondement épistémologique. Plus généralement, et d'autant plus aujourd'hui, c'est une réaction à la modernité avec tout ce qu'elle a de préjudiciable pour la planète, ce qui en soi est parfaitement louable, mais qui en fait justement une doctrine charlatane. L'anthroposophie et ses croyances pseudo-scientifiques persistent de nos jours au travers de plusieurs disciplines dérivées dans de nombreux domaines de la vie quotidienne : éducation (pédagogie Steiner-Waldorf), arts (eurythmie, peinture, théâtre, sculpture, musique, etc.), santé (médecine anthroposophique, pharmaceutique, cosmétique), accompagnement du handicap (mouvement Camphill), économie (banques), politique (tripartition sociale), agriculture (biodynamie et viticulture biodynamique), religieux (Communauté des chrétiens). Plusieurs entreprises et organismes sont liés au mouvement anthroposophe, comme l'entreprise pharmaceutique Weleda, l'organisme de certification agroalimentaire Demeter, et des établissements bancaires comme La Nef, GLS Bank, Triodos Bank, Freie Gemeinschaftsbank.

Une association de défense des familles victimes de sectes (l’UNADFI) s'est fait l'écho en 2011 du témoignage de Grégoire Perra (3), ancien élève et professeur d'écoles Steiner, puis sur le « processus d’endoctrinement » de celles-ci.

L'Anthroposophie est, depuis 2020, sous les radars de la MIVILUDES

Rudolf Steiner

Inspirateur du mouvement New Age, considéré aujourd'hui comme un gourou, il semblerait, que de son vivant, il n'ait jamais cherché à avoir une emprise mentale sur ses disciples. "L'Initiation" qu'il proposait se voulait émancipatrice. Au-delà de son patchwork mystique et illuminé, son approche eugéniste et raciste est beaucoup plus contestable. Si les anthroposophes furent persécutés par le régime nazi car jugés concurrentiels, la doctrine fascinait certains hauts dignitaires comme Rudolf Hess ou Himmler. La société de médecine anthroposophique Weleda a même activement collaboré avec le régime nazi dans les camps de concentration.

Écoles Steiner-Waldorf

À l’instar de Freinet ou Montessori, Steiner élabora une pédagogie alternative mais, contrairement à Maria Montessori qui dissocia sa méthode de son appartenance au mouvement théosophique, les écoles Steiner-Waldorf affirment qu'elles ne sont pas là pour éduquer les enfants mais bien pour sauver leur âme. L'histoire et les sciences sont revisitées et l'on enseigne aussi bien l'Atlantide que le fait que les animaux descendent de l'homme, étant des parties dégénérées de lui-même : les escargots sont des oreilles qui se baladent toutes seules, les mollusques sont issus des parties génitales, les éléphants des nez géants sur pattes, la terre un crâne humain qui flotte dans l'espace, etc. Du Grand Guignol absolu.

Tout cela est enseigné de bonne foi, sans endoctrinement dur et sans autre arrière-pensée que celle de diffuser la vérité et la pensée de Rudolf Steiner.

Beaucoup plus grave, la position anti vaccin de l'anthroposophie a fait de ces écoles, comme d'autres écoles hors contrat, des foyers de rougeole. Steiner affirmait que la maladie était le résultat d’un processus karmique (4). L’empêcher en utilisant des vaccins était susceptible de contrarier notre destinée.

Enfin des rites religieux occultes sont imposés aux enfants sans que les parents en soient nécessairement informés.

La fille de Pierre Rabhi, Sophie Rabhi en dirige une en Ardèche. Celle-ci fait suite à une école maternelle et primaire appelée « La ferme des enfants » à Montchamp (Ardèche), fermée après que l'ex-compagnon de Sophie Rabhi y a été jugé pour abus sexuel sur mineur en 2005. La nouvelle école a elle aussi fait l'objet de plusieurs plaintes auprès de la MIVILUDES.

Il faut également noter l'affaire Nyssen concernant l'école alternative Steiner "Domaine du Possible" crée en 2015 à Arles avec son mari et soupçonnée de dérive sectaire. Nommée ministre de la Culture elle a cru bon de prendre une distance stratégique.

Bref, c'est un monde parallèle au cœur de notre monde, pas nécessairement dangereux ni systématiquement malveillant mais complètement et profondément illuminé.

La Nef

Créée tout d'abord en 1978 sous forme associative, son but est de permettre le financement des écoles Steiner-Waldorf ainsi que le développement des filières agricoles biodynamiques. En 1984 la loi bancaire la contraint à changer de forme juridique et elle devient, en 1988, la Société Financière Anonyme Coopérative La Nef. À partir de 1992 un partenariat avec le Crédit Coopératif lui permet de disposer en partie des fonds déposés sur des comptes épargne. En 1997 ce partenariat permet de proposer des comptes chèques Nef hébergés par ce même Crédit Coopératif. Dès 2008 elle propose un projet de « banque éthique coopérative européenne » à différents partenaires espagnols et italiens et c'est en 2010 qu'elle devient un organisme de crédit spécialisé et indépendant après s'être détachée du Groupe Banque Populaire qui avait entre-temps acquis le Crédit Coopératif.


Ses pratiques, n'ont rien d’illégal. Les projets qu’elle finance sont regroupés dans des rapports annuels mis en ligne. Ce qui est moins transparent, c’est l’idéologie qui l’anime. La Nef a des liens étroits et directs avec la mouvance anthroposophique. Cette mouvance défend en outre un projet politique, qui prévoit entre autres l'inutilité des organisations syndicales, et la privatisation de l’ensemble des institutions publiques d’éducation. Faut-il s’étonner dès lors que la Nef finance des établissements privés hors contrat, dont l’une, dans les Alpes-Maritimes, fait débourser des frais de scolarité de 7500€ par élève ? Parmi ces établissements privés de nombreuses écoles Steiner.

Weleda

Voilà ce que l'on peut lire sur leur site :

« Weleda propose une approche novatrice de la santé. Prenant en compte les correspondances profondes entre l’homme et la nature, Weleda privilégie le soin de l’être humain dans sa globalité grâce à des médicaments issus des trois règnes de la nature (minéral, végétal, animal) qui stimulent les forces d’autoguérison et aident l’organisme à restaurer ses équilibres dans le respect de ses rythmes et processus physiologiques individuels. Cette démarche complémentaire de la médecine conventionnelle est issue de la médecine d’orientation anthroposophique. »

« Le bio et le naturel nous habitent, font partie de notre personnalité. Ils se manifestent dans nos actions quotidiennes depuis la culture en biodynamie des plantes dans nos jardins, la cueillette jusqu’à la fabrication des soins cosmétiques et médicaments homéopathiques »

Au-delà du problème lié à la non-efficience concernant l'homéopathie, il est également à noter que Weleda propose des médicaments anti cancer et notamment un médicament phytothérapique injectable le "Viscum Album fermenté", à base de gui d'hiver et gui d'été mélangés. Ce médicament est interdit à la vente en France depuis 2018 suite à différentes plaintes et décès de patientes atteintes d'un cancer du sein.

Sinon,Weleda a activement collaboré avec le régime nazi, qui lui passa d'importantes commandes pour des expériences et des séances de torture dans des camps de concentration, notamment à Dachau où exerçaient sous la supervision d'Himmler deux anthroposophes reconvertis en SS, Franz Lippert et Carl Grund.

Les produits Weleda sont distribués en pharmacies, parapharmacies et magasins bio/diététique, notamment par la chaîne de magasins Biocoop peu regardante sur le pédigrée de ses fournisseurs.

La BIODYNAMIE

La viticulture biodynamique repose sur un système de production proche de l'agriculture biologique, caractérisé par une approche ésotérique holistique et sensible du vivant (le domaine viticole est perçu comme un organisme), l'utilisation de substances dynamisées (préparations biodynamiques) à des doses homéopathiques et l'attention portée aux rythmes de la Lune et des planètes.

La viticulture biodynamique demeure considérée par la plupart des scientifiques, agronomes et épistémologues comme une simple mode mystique ou un argument de marketing.

Pour Steiner, le cosmos a la forme d’une vessie de cerf. Quand on place les préparations biodynamiques dans ces organes, on les met ainsi en relation avec l’ensemble des forces cosmiques. Il y a aussi les cornes de vache, qui sont des sortes d’antennes pour capter les forces cosmiques, et qu’on place dans les sols avec les préparations.

Folklore inoffensif et/ou arnaque marketing ?

On peut considérer le vin biodynamique, par rapport au vin nature ou bio, du même acabit que le poulet abattu selon le rite vaudou ou encore l'eau bénite en bouteille. La biodynamie, ce sont des produits qui ont été élaborés avec des pratiques magico-religieuses. On est libre d'y croire ou pas, l'essentiel pour le consommateur est d'acheter en toute connaissance de cause et c'est là que le bât blesse. Au lieu de se tourner uniquement vers les vins bio et nature, les amateurs de vin biodynamiques sont donc prêts à payer plus cher un label qui certifie simplement l'usage de pratiques obscurantistes. Étonnant !

La mainmise de l’anthroposophie sur ce type de culture, qui a certes eu pour conséquences de développer une agriculture plus saine pour l’environnement car naturelle sans intrants chimiques, repose sur toute une idéologique sectaire, voire grotesque, qui ne souffre d’aucune contradiction.

Cependant, si la culture biodynamique est une réaction à la modernité et aux outils ou produits contemporains, il est intéressant de noter que la plupart des agriculteurs et viticulteurs conservent malgré tout leurs smartphones, réseaux sociaux et autres sites marchands pour communiquer et écouler leur production. Marketing, quand tu nous tiens !!!

L’anthroposophie demeure une secte douce et rayonne de manière très large : tous les gens qui consomment de la biodynamie ou qui ont leur compte en banque à la banque coopérative La NEF ne sont pas endoctrinés et, pour eux, ce n’est bien sûr pas contraignant. Il me paraissait cependant important de leur faire savoir à qui ils donnent ou confient leur argent, pour ceux qui l'ignoraient.

Pour conclure, les produits Weleda sont dans toutes les pharmacies avec leurs « produits anthroposophiques ». On parle tous les jours de vins biodynamiques. La NEF est vue comme une banque éthique. L’anthroposophie propose un véritable projet de contre-société avec son éducation, sa banque, son programme économique, ses pratiques sexuelles (dont je n'ai pas parlé ici). C’est une civilisation alternative complète qui se répand lentement mais sûrement.

On pourrait presque dire : ATTENTION, SECTE ECO-SYMPATHIQUE !

Presque, pour ce qui concerne éventuellement les carottes et le jus de raisin fermenté mais dès lors que l'on parle de la santé, de l'éducation et des enfants, la sympathie se transforme aussitôt en colère.


(1) La théosophie est une attitude philosophique et religieuse, et une forme spécifique de recherche spirituelle, qui signifie étymologiquement « sagesse de Dieu ».

(2) Au début du XVIIe siècle paraissent en Allemagne les manifestes de la fraternité de la Rose-Croix. La Rose-Croix y est présentée comme un ordre secret qui aurait été fondé au XVe siècle par un personnage mythique, Christian Rosenkreutz. Relevant de l'hermétisme chrétien, du néoplatonisme et de paracelsisme, ils en appellent aux savants et aux gouvernants de l'Europe, proposant de leur révéler leur mystérieuse sagesse.

(3) Les blogs de Grégoire Perra :

https://veritesteiner.wordpress.com/tag/gregoire-perra/

https://gregoireperra.wordpress.com

(4) Karma est la loi infaillible qui adapte l'effet à la cause, sur les plans physique, mental et spirituel de l'être.

vendredi 11 décembre 2020

Film : Mank de David Fincher

 


Mank, film monumental, orchestré par David Fincher, est sorti directement sur Netflix le 4 décembre 2020.


On attendait son dernier film depuis six ans, après Gone Girl, formidable thriller sorti en 2014. Si l’on excepte les 2 saisons de la série Mindhunter en 2017 et 2019, c’est peu dire que l’attente rongeait tous ses fans, dont je suis. 


Dans les années 30, le scénariste Herman Mankiewicz, frère aîné du grand réalisateur Joseph Manckiewicz, est chargé, par le jeune Orson Wells, d’écrire le scénario du futur Citizen Kane. Ce film relate la période d’écriture, son processus de création, l’alcoolisme notoire de Mank, ses relations tumultueuses avec Wells et Louis Meyer des studios Metro Goldwin Meyer, ainsi que son étrange relation avec le magnat William Hearts dont est inspiré le personnage de Kane. Esprit totalement libre et bouffon alcoolique des cours et soirées Hollywoodiennes, Mank ne consentira à aucune compromission pour mener à terme un scénario novateur, mais à charge, qui lui vaudra finalement un Oscar.


Fincher est assurément un géant, un cinglé perfectionniste de l’image, un metteur en scène et un directeur d’acteur exceptionnel. Mank, à ce titre est époustouflant, offrant une expérience visuelle sublime et des acteurs au top. Garry Oldman en tête est incroyable de naturel et de sincérité, sûrement son plus grand rôle à ce jour. Charles Dance et Amanda Seyfried sont également particulièrement brillants dans ce long métrage d’un noir & blanc somptueux.


Si la technique est irréprochable, pour cet écrin entièrement voué au sujet et un réel plaisir pour les yeux, la narration, en revanche, souffre d’une lenteur de plus en plus prégnante à mesure que le film avance et le fait basculer dans un pur exercice de style technique, certes maîtrisé, mais dont l’enjeu dramatique devient de plus en plus anecdotique. Les 2 heures 10 que durent cette biographie fort peu passionnante, sont ponctuée de flashback pour présenter la trajectoire de Mank et décrire le Hollywood des années trente. Flasback à peine intéressants concernant Mank d’une part et fort peu instructifs pour ce qui est d’Hollywood d’autre part, car vu déjà des dizaines de fois dans d’autres films plus ludiques et démonstratifs.


Pour résumer : c’est très beau…mais très chiant !


Je ne suis pas vraiment rentré dans cette bio trop lente à mon goût, qui me fait dire que finalement, Fincher s’est regardé filmer. Le scénario fut écrit par son père Jack Fincher, au début des années 90, et l’on sent que le fiston ne voulait pas trop y toucher. Un hommage posthume qui aurait mérité plus de rythme. A voir de toute façon pour la virtuosité et la maîtrise dont il fait preuve indéniablement.


Sinon pour l’occasion, j’ai revu Citizen Kane, premier long métrage d’Orson Wells âgé de 25 ans. Du pur génie et un véritable régal !

jeudi 10 décembre 2020

Les Désélitistes

Bien sûr, traiter son interlocuteur de complotiste c’est, a priori, le dénigrer ouvertement et mettre fin à un débat en avouant éventuellement son manque d’arguments.

Mais dire que le complotisme n’existe pas, par le seul biais que l’action politique n’est faite que de complots, que tout est complot, et donc implicitement que rien ne l’est, me semble un peu court.


Non, la gouvernance ou le pouvoir ne sont pas que complot. Ils sont certainement manœuvres, intrigues et lobbying, parfois magouilles et corruption voire complots et crimes, effectivement… mais ils ne sont pas UNIQUEMENT complots.


Un complot, par définition, est effectivement un projet secret monté pour nuire à quelqu’un ou une institution. Les complots existent bien évidemment, depuis toujours. Là où se pose le problème de vocabulaire, c’est que justement certains en voient partout. Il ne me semble donc pas déraisonnable de nommer « complotiste » une personne qui voit des complots là où ils ne sont pas, complots, qui plus est, souvent irrationnels voire le fruit d’une paranoïa pathologique. Le lobbying reconnu des laboratoires pharmaceutique n’est certainement pas un complot mondial. Le fait que les puissances bancaires et financières, cherchent à s’enrichir toujours plus sur le dos des peuples, n’est pas un scoop… donc pas un complot.


Il ne suffit donc pas d’affirmer que le complotisme n’existe pas pour faire disparaître cette vision fantasmée du monde dont les réseaux sociaux sont les porte-voix assourdissants. Il ne s’agit pas non plus de consacrer la parole des médias mainstream.


Vouloir rayer du vocabulaire actuel le terme « complotiste », c’est refuser d’appréhender le réel problème que soulèvent ce type de pensées et la fracture sociale amorcée. Remettre en cause tous les pouvoirs, toutes les paroles émises par les pouvoirs quels qu’ils soient, politiques, juridiques, scientifiques et médiatiques, c’est mettre à la benne le vivre ensemble qui fonde notre société. Pire, imaginer que ces mêmes pouvoirs n’agissent que pour nous asservir totalement voire nous éradiquer purement et simplement, est totalement grotesque, voire cauchemardesque et je conseille à tous ceux qui tiennent ces propos, de quitter le confort anonyme de leurs écrans, de s’unir pour prendre les armes et sauver l’humanité.


Peut-être faut-il créer un nouveau terme pour désigner tous ceux qui contestent la parole des élites… pourquoi pas les « Délitistes » ou "Désélitistes" ?


Je ne vois là qu’une réémergence salutaire de la sacro-sainte lutte des classes, amorcée largement par le mouvement des « Gilets Jaunes » totalement submergé par la crise de la Covid 19 et l’action incontrôlable des Black Blocks.


Cependant, ce qui se dit dans HOLD-UP est au-delà de cette lutte des classes. Les intervenants, plus que suspects pour certains, appartiennent eux-mêmes à cette élite qu’ils dénoncent… dans quel but ? Pourquoi prêter plus de crédit au Professeur Christian Perrone qu’à n’importe quel autre infectiologue ayant un avis différent ? Pourquoi l’iconique Pr Didier Raoult n’apparaît pas à l’écran ? Il ne s’agit plus de la simple dénonciation de magouilles politiques et pharmaceutiques mais bien de la révélation (pétard mouillé) d’une conspiration mondiale à base de vaccin et de nanotechnologie orchestrée par Big Pharma et Bill Gates, entre autres. Waouh !!! Nous ne sommes désormais plus chez les « complotistes », terme effectivement largement galvaudé, mais chez les purs « conspirationnistes ».


Complotistes, conspirationnistes ou délitistes… encore des étiquettes que l’on colle, qui cloisonnent davantage chacun dans ses certitudes et qui pourrissent littéralement notre vivre ensemble.

vendredi 4 décembre 2020

Les Terres Obscures

À la lecture des nombreux commentaires sur des sujets vidéo relatifs à la crise sanitaire, ses traitements ou ses vaccins, on devine immédiatement que l'on vient de pénétrer sur les territoires obscurs de la croyance insensée, le pays de ceux qui souhaitent croire plutôt que comprendre.

Certains se disent rebelles à un système dans lequel ils ne croient plus, même si, soit dit en passant et entre autres, ce système les soigne gratuitement. Le deux poids, deux mesures ne semble gêner en rien tous ces rebelles bénéficiaires.

Chacun d'entre nous appartient en fait à un troupeau bêlant à l'unisson de ses convictions. Les moutons "rebelles" qui contestent le pouvoir, qu'il soit scientifique ou politique, face aux moutons "suiveurs" qui pensent que l'homme n'est pas systématiquement un loup pour l'homme.

Par exemple, l'expérience du Pr Raoult semble prévaloir dans le débat sur l'efficacité de l'hydroxychloroquine face au jeune Dr Peiffer-Smadja… l'expérience en âge seulement car, si je ne m'abuse, le Pr Raoult est microbiologiste alors que le Dr Pfeiffer-Smadja est infectiologue et auteur de différentes études publiées sur le sujet. Depuis quand l'âge prévaut-il sur le domaine de compétence ? Un pianiste de 60 ans saura-t-il mieux jouer du violon qu'un violoniste de 30 ans ? Ils sont pourtant musiciens tous les deux. Le Pr Raoult seul contre la grande majorité du monde médical est-il un argument suffisant pour accréditer ses affirmations ? Le monde médical serait donc globalement assujetti aux grands laboratoires pharmaceutiques ? Le complot planétaire serait donc bien réel ? (frémissement d'angoisse !).

Le "vouloir croire" absolument, additionnée à la contestation systémique, brouille la perception des informations. Ce sujet me semble bien trop important pour, d'une part, le confier aux seuls politiques (voire certains lobbyistes) et, d’autre part, ne pas vouloir analyser et valider les données délivrées sans preuves avérées par des scientifiques youtubeurs, en mal de notoriété, désireux peut-être avant tout de briller le temps d'une épidémie.

Il paraît judicieux en temps de crise de se méfier un minimum des charlatans et bonimenteurs qu'elles font naturellement émerger, surtout quand il s'agit de santé.

lundi 23 novembre 2020

La Zététique : une seule certitude, le doute.

J'ai découvert cette « discipline » il y a quelques jours, alors que je furetais sur le web à la recherche de blogs qui feraient une analyse sérieuse de cette bouse conspirationniste "HOLD-UP".

J'ai alors déniché la chaîne "La Tronche en Biais" (https://www.youtube.com/channel/UCq-8pBMM3I40QlrhM9ExXJQ), animée entre autres par Thomas Durand (docteur en biologie) et Vled Tapas (musicologue) qui en transmettent les fondamentaux et sur lesquels s'appuient toutes leurs analyses et déconstructions argumentatives. Une série de vidéos passionnantes et de débats contradictoires sont disponibles sur leur chaîne que je vous invite à déguster, les lascars ne manquant pas d'humour.

Qu'est-ce que cette drôle de bestiole venant de l'adjectif grec zētētikós « qui aime chercher » ?

Il s'agit de la science du doute qui consiste à "réfuter les arguments d'autorité et à écarter les hypothèses qui font appel à plus d'inconnues qu'elles n'en résolvent. Elle consiste à s'armer contre les mauvais jugements qui résultent des imperfections de notre entendement, notre cerveau étant malheureusement un outil de niveau moyen en ce qui concerne le sens critique".

La zététique est définie comme « l'art du doute » par Henri Broch (professeur de biophysique théorique à l'université de Nice Sophia-Antipolis), le terme d'art se comprenant au sens médiéval d’habileté, de métier ou de connaissance technique, en clair, de « savoir-faire » didactique qui, sans être une fin en soi, est un moyen pour la réflexion et l’enquête critiques.

La zététique est encore présentée comme « l'étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des pseudosciences et des thérapies étranges » ou comme « l'art de faire la différence entre ce qui relève de la science et ce qui relève de la croyance » et bien sûr des théories du complot.

La zététique se réclame aussi du scepticisme scientifique, et plus généralement de la démarche de doute cartésien qu'elle décrit comme nécessaire en science comme en philosophie. Elle se veut, pour reprendre le mot du biologiste Jean Rostand, une « hygiène préventive du jugement »

Bref vous l'aurez compris, la zététique invite à douter a priori de la validité de théories scientifiques, psychologiques ou sociologiques, et tout ce qui touche bien sûr au paranormal, qui nous séduisent intellectuellement, ou ont simplement été émises par des « experts » ou des « spécialistes en blouse blanche » mais qui n'ont aucune preuve avérée et communément admises. La zététique, par exemple ne doute pas que la terre est ronde, par contre elle met en doute l'existence d'une vie après la mort et entend déconstruire et mettre à jour les théories et croyances nombreuses qui l'attestent.

"La Tronche en Biais" ne pouvait bien sûr passer à côté de HOLD-UP, qui déchire la toile et c'est brillamment que Thomas Durand invite à ne pas tout gober systématiquement et dresse les pedigrees douteux de bon nombre d'intervenants dont certains, scientifiques, sont des illuminés notoires.

En voici le lien : https://youtu.be/b9FHAuO65aw

Il me semblait salutaire en cette période troublée de proposer une redescente collective.

Bisous !

mercredi 18 novembre 2020

Techno-Sapiens : bêtise régressive

Peut-être sommes-nous entrés dans une nouvelle grande période historique, une sorte de Néo-Moyen-Âge-Techno où certaines croyances insensées répondent à une médiocrité obscurantiste ambiante.

Comme de coutume, face à une situation incontrôlable et aux peurs engendrées, une nouvelle forme de religion émerge, répondant n’importe quoi aux questions légitimes que l'homme se pose. Homo Sapiens Sapiens a toujours préféré une réponse, même débile, à pas de réponse, préférant croire que comprendre.

Le conspirationnisme ou le complotisme, comblent les vides angoissants tout en dézinguant "les élites" qui tiennent les manettes de nos destinées. Ils ont également cette vertu, de rendre intelligent les crétins fondamentaux qui y adhèrent, du moins de les en convaincre. Ils sont ainsi persuadés qu'ils appartiennent à un petit groupe d'observateurs élus et lucides qui détiennent une vraie vérité cachée, tandis qu'on nous délivre une vérité calibrée, relayée par des médias mainstream, afin de nous maintenir endormis et obéissants. Cerise sur le gâteau, ces nouvelles formes de croyances sont auto-alimentées et participatives, chacun œuvrant, souvent dans un anonymat suspect, en étant persuadé d'être les adeptes prosélytes d'un nouveau messie virtuel et les conquérants revanchards d'un nouveau monde en devenir.

Malheureusement, et contrairement à d'autres formes de religions, les disciples de ce nouveau culte sont souvent d'une violence intellectuelle et d'une vulgarité verbale insupportables. Le maillage et l'efficience des réseaux asociaux relaient et amplifient la paranoïa de ces prédicateurs du pire, qui se répand comme une mauvaise bile, une vague exponentielle haineuse.

Ils nomment désormais "complots", la mainmise observée, par exemple, sur 95 % des richesses ou des médias par 5 % d'individus richissimes plus ou moins occultes. "L'État Profond" ou "Deep State", organisation secrète des puissants de ce monde, est à l'œuvre depuis toujours et joue avec nos misérables vies. Il semble bien que c'est le système capitaliste ultralibéral lui-même qui est totalement rejeté et considéré comme conspirateur visant à asservir, voire éliminer, la population mondiale, via différents procédés plus tordus les uns que les autres. Rejetant toute forme de pouvoir, politique, scientifique, culturel ou financier, sommes-nous en train d’assister à la naissance d'une véritable révolution populiste prenant sa source dans la résurgence d'une lutte des classes détournée et récupérée, accommodée aux relents antisémites habituels et tellement prévisibles ? Il s'agit sans doute encore de ce vieux démon en embuscade, jamais complètement disparu, épouvantail fatigué que l'on ressort à chaque crise, cause de nos maux et de toutes les injustices sociales. Tout cela est la fois fatiguant et, comme toujours, inquiétant.

Pour naviguer et fouiller régulièrement sur le web, le constat est pour le moins accablant et redoutable. La COVID 19, la crise économique, les attentats, l'immigration… autant de sujets brûlants analysés, disséqués, dramatisés, soupçonnés de manigances et de mensonges, alimentés de chiffres fantasmés, d'images truquées et de commentaires enfiellés… certains visionnages de vlogs ressemblent à des descentes en apnée dans les bas-fonds de l'âme humaine et de la pensée contaminée.

S'il s'agit bien de croyances sectaires pour la plupart, quelles armes pour les combattre ou même seulement les éclairer ? Leurs adeptes en sont totalement dépendants et ne considèrent le monde qu'à travers le prisme de leurs délires obsessionnels et parfois paradoxaux. Quels leviers pédagogiques actionner, sans être condescendants, pour faire redescendre le niveau de défiance atteint aujourd'hui ? Insoluble a priori de par leur appropriation des médias alternatifs, que sont les réseaux sociaux, les chaînes d'informations en ligne ou même les simples vlogs militants, littéralement gangrenés par la diffusion en masse de cette désinformation organisée sur tous les sujets. S'il était déjà difficile de faire la part des choses entre Le Figaro et Libération ou BFM TV et France Info, désormais cela est devenu impossible. La stratégie engagée semble être le brouillage systématique des médias et des données.

Le monde se divise donc aujourd'hui en deux blocs, les pro système et les anti système. Ceux qui croient encore en une société qui leur permettra d'avancer malgré ses travers et son lot d'injustices et ceux qui rejettent l'ensemble des discours et dispositifs d'autorité, pire, qui sont convaincus d'être manipulés et bientôt sacrifiés à l'autel de l'avidité des puissants, victimes annoncées d'une cabale mondiale. On nage en plein délire paranoïaque et il n'y a aucune raison que cela cesse.

"Le vent se lève" et/ou "Winter is coming !"

mardi 17 novembre 2020

HOLD-UP : le vol des cerveaux

 Suite à la diffusion récente du film "HOLD-UP" sur les réseaux, un blogueur cinéma que je regarde quotidiennement, prétendait que le complot est intrinsèque à la politique, et qu'il n'y avait donc aucun raison de taxer de complotisme un simple constat. Une façon comme une autre de banaliser cette peste cérébrale qui gangrène nos démocraties. Il avouait, de ce fait, être lui-même être sinon complotiste, du moins minimiser la nocivité de ce phénomène. Bien sûr que les complots politiques existent, depuis toujours, au même titre que les complots militaires ou les complots d'affaires. On trouve même des complots au sein des familles et même dans les cours d'école. Attention toutefois à ne pas confondre complot et mensonge. Le complot est un projet visant à mener une action néfaste contre une nation, une institution ou un individu alors que le mensonge n'est que le fait de masquer une faute ou un scandale, ce qui en politique est bien sûr impardonnable. De là à affirmer que tous nos politiques nous veulent du mal, il n'y a là qu'un pas que les conspirationnistes n'hésitent pas à franchir chaque jours.

À ce sujet, parlons de "HOLD-UP", cette fiction dystopique, qui n'est qu'une succession de questions sans réponses et d'affirmations sans preuves, pour nous asséner, après une heure trente laborieuse et anxiogène, le coup d'une conspiration mondiale des élites ("État Profond" ou "Deep State") visant à asservir et/ou éliminer le peuple par l'intermédiaire du trinôme vaccin/nanotechnologie/5G... Waouhhh !!! Un scénario de ouf pour ados-gamer prépubères qui nous prend vraiment pour des demeurés. Ne parlons pas de certains intervenants totalement insensés qui décrédibilisent totalement le plan initial. La précieuse liberté d'expression a cela de pervers que, permettant à n'importe qui de raconter n'importe quoi sur n'importe quel sujet, elle rend désormais toute parole inaudible et suspecte, cela touchant aussi bien les faits avérés que les faits falsifiés. Bref !

Finalement, au bout de 2h40, on conclut par un "TOUT ÇA POUR ÇA ?"

Si le "ÇA" (la conspiration mondiale) est totalement grotesque on est en droit de se demander si le "TOUT ÇA" (les intervenants et leurs arguments) ne l'est pas non plus...

Bien sûr qu'il est vital d'exercer son esprit critique, de se poser des questions et ne pas avaler l'info mainstream toute crue mais ce n'est certainement pas ce brûlot caricatural et orienté qui nous y invite, ne nous apprenant rien qu'on ne sache déjà de façon diffuse, du moins dans la première partie qui dresse l'état des lieux, sans produire aucune preuve tangible et nous entraînant finalement sur un terrain vaseux où l'on ne souhaitait pas du tout s'enliser.

Si l'époque est difficile, elle est avant tout consternante.

lundi 26 octobre 2020

PANDÉMIE ET ISLAMOGAUCHISME

Période hallucinante à plus d’un titre. Entre la COVID et la décapitation d’un homme, la peur prend possession de notre raison et notre cœur s’ouvre sinon à la haine du moins à la colère. Que devenons-nous, suite à l’ingestion permanente d’infos parfois contradictoires et toujours anxiogènes. Le sol tremble sous nos pas et la bienveillance naturelle de certains, peine à trouver un équilibre serein et rationnel.


Je parle surtout de mes pensées et réflexions du moment dont je n’accepte pas les écarts malsains ni le dégoût qu’elles m’inspirent.


Parlons tout d’abord de la COVID, sujet finalement très simple, que je gère sereinement, et toute sa communication gouvernementale que je digère globalement bien, sans y trouver pour autant un goût exquis, pour ce qui est des statistiques et des mesures radicales de confinement ou de couvre-feux. Je n’y connais rien en épidémiologie et quant au complotisme qu’elle alimente (la COVID), il est décidément (le complotisme) une perversion addictive de l’esprit qui croit rendre intelligent les cons fondamentaux. Bref, je laisse aux abrutis bavards, aux détenteurs de vérités polémistes et à tous ceux qui souhaitent briller par-dessus tout, la responsabilité de leurs propos fallacieux. Et même si l’on trouve parmi eux d’éminents professeurs et spécialistes, il n’a jamais été démontré qu’une collection de diplômes est le gage d’une grande intelligence et d’un raisonnement lucide et objectif. La politique s’invite dans les débats, ce qui serait parfaitement sain si la revanche partisane et la critique systématique ne prenaient le dessus. Je veux bien être traité de naïf égaré, aveuglé par les phares puissants d’une propagande mainstream, mais réécrire sans cesse l’histoire et voir la conspiration partout systématiquement est, selon moi, totalement épuisant, parfaitement contre-productif et perd toute crédibilité à la longue. Je dors fort bien la nuit sans avoir le sentiment de me faire sodomiser à longueur de temps. Se tenir le plus possible à l’écart de certains réseaux sociaux, et autres médias toxiques, ne peut qu’être bénéfique tant la bêtise véhiculée et relayée est affligeante (doux euphémisme) pour ne pas dire malveillante. Bref la désinformation et l’intoxication sont devenues des sports mondiaux et les réseaux sociaux, ces nouvelles armes de déstabilisation politique et sociétale dont certains, il faut l’avouer, usent avec talent, colonisent les cerveaux comme le virus le sang.


Cette pandémie… cette épidémie… cette grippe… cette toux, selon qu’on est spécialiste ou… spécialiste, apparaît tout de même comme un fléau qui se propage tranquillement et dont on ne maîtrise pas grand-chose. Ceux que l’on surnomme les « rassuristes » prétendent que le gouvernement en fait trop tandis que les « alarmistes » et les personnels soignant affirment que le gouvernement n’en fait pas assez. Et nous, nous sommes au milieu, frappés en partie par les couvre-feux mis en place… que faire ? Sans sombrer dans une panique irrationnelle gesticulatoire et, pris d’un doute raisonnable, je pense qu’il est sage de considérer la menace avec un minimum de sérieux, temporairement. En veillant à ce que le temporaire ne s’inscrive pas dans l’éternité.


Mais ce qui gâche surtout ma bonne humeur naturelle, ce sont les pensées terribles qui me bousculent ces derniers jours suite à la décapitation de Samuel Paty. DÉCAPITATION !!! Je sais que c’était une pratique courante de la justice française il y a encore moins de cinquante ans mais tout de même… la violence de l’acte est extrême et quel niveau de haine est-il nécessaire d’atteindre pour accomplir cette action ? Avec un couteau !!! L’assassin a traité sa victime de « Chien de l’Enfer » ! On se demande qui sortait tout droit de l’Enfer ce soir-là, dans cette rue de Conflans-Sainte-Honorine…


Au-delà de ce crime absolument sidérant, l’éternelle accusation de laxisme et de complaisance, à l’encontre des gouvernants, gangrène le cœur des débats. La cacophonie est assourdissante quand nombreux sont ceux qui sortent du bois tandis que d’autres retournent leur veste sans complexe pour affirmer haut et fort qu’ils l’avaient bien dit ou que le temps des bons sentiments de gauche est désormais révolu. Éternels discours autoritaires, voire fascisants, qui puent le réchauffé, de plus en plus épicés, auxquels se joignent aujourd’hui les voix confuses et gênées de progressistes et autres « islamogauchistes » qui refusaient de pénétrer jusqu’alors dans le périmètre délétère de l’islamophobie, tabou parmi les tabous.


Définition générale admise : L' islamophobie est la peur, le rejet ou la haine de l'islam ou des musulmans en général.


Je suis donc islamophobe, non par peur ni haine mais par rejet absolu de cette déviance intellectuelle, au même titre que je suis christianophobe, vishnuphobe et plus globalement bidulophobe. Je me considère comme un impie absolu (personne qui méprise la religion). La religion, ce concept marketing génial promouvant qui plus est des produits qui n’existent pas (ils sont trop forts), est la plus grosse arnaque spirituelle (et commerciale) de l’histoire de l’humanité. Les différents sectarismes religieux ont colonisé les cerveaux et rendus les hommes peureux et méfiant, violents et belliqueux. La religion ne réunit pas, elle divise bien au contraire, et cherche à conquérir toujours plus de territoires, d’âmes soumises et de parts de marché. Je n’ai qu’aversion pour ces virus idéologiques, entretenant l’ignorance, la servitude des peuples et responsables de millions de morts à travers les siècles. Je considère tout simplement les dieux comme des fake news.


Je ne suis pas islamophobe au sens humain du terme, considérant la classification ou l’étiquetage des hommes comme une bêtise absolue, source de haine et de conflits. Profondément humaniste, je ne me reconnais nullement dans le fait d’être un homme, blanc, franco-européen, de culture (malgré tout) catholique, et je n’ai jamais revendiqué une appartenance à un clan. Avant même d’être un humaniste je suis un humain et j’estime que nous devrions tous avoir les mêmes droits et devoirs face à la vie et à la mort. Les concepts de races et de religions ne servent que les puissants et leurs appétits de domination.


Les musulmans déconnent grave depuis quelques années et semblent se complaire dans un déni suspect. Je ne parle pas bien sûr des fous de dieux qui explosent ou décapitent comme d’autres jouent au jokari, qui sont une aberration monstrueuse et qui atomisent les curseurs de la « mauvaise foi ». Je parle des croyants dits modérés, qui vivent et pratiquent leur foi intimement sans prosélytisme malgré, pour certains, des signes ostentatoires mal perçus dans notre beau pays des lumières et de la tolérance. Je parle également de cette culture arabe, berceau de l’islam (c’est vrai que le décapiteur était Tchétchène) tellement brillante. Que sont devenues la sagesse et les connaissances de cette civilisation inspirante du XIIIe siècle. Ce repli culturel au profit d’une religion cannibale est un drame devenu planétaire. Jadis on exportait les arts, les mathématiques et la philosophie, aujourd’hui on a droit aux avions suicides, aux feux d’artifices sanglants et aux décapitations punitives… la religion n’est pas que cela mais elle est aussi cela.


Raccourcis caricaturaux plutôt extrêmes, dont j’ai honte, mais voilà bien ces pensées qui me troublent ces jours-ci.


J’en suis à me questionner sur les valeurs qui fondent ma vie et m’ont toujours permis de ne voir dans l’autre, dans l’étranger, qu’une opportunité de rencontre, une source de découverte et d’échange.


Entre islamophobie et islamogauchisme, le terrorisme a miné le champ des possibles. Où se situer désormais car aucun de ces extrêmes n’est acceptable. Haïr les musulmans ou tolérer la haine de certains notre égard… la raison ne semble plus de mise. L’amalgame incontournable entre islam religieux et islam politique en est la cause, car c’est l’essence même de cette religion qui impose une soumission intime à son dieu et une soumission publique à des lois et des comportements d’une extrême rigueur, située à des années-lumière de notre modèle démocratique et culturel.


Autant leur dieu vaut bien le nôtre, ni plus ni moins que le concept chimérique vénéré d’une fan zone hallucinée, autant leur offre politique radicale et autocratique est effrayante. Acceptons l’intime de leur foi, après tout, chacun ses vices et l’homme semble destiné à s’imposer toujours plus de contraintes, malgré sa courte vie, en se soumettant à la loi d’une puissance virtuelle. Par contre condamnons toutes tentatives permanentes, minimes et larvées, de coup d’État qui voudrait où émettrait même l’idée de substituer des lois religieuses à nos lois républicaines. Nous avons déjà donné !


Ce qui me fait hurler c’est l’obligation qui m’est faite de devoir « prendre parti » et imaginer des solutions radicales très éloignées de mon mode de pensée habituel. Cette monstrueuse décapitation m’a mis en colère et les pulsions ressenties m’effraient terriblement. Énumérer la liste des actions coercitives et vengeresses, et elle est longue, que j’ai élaboré ces derniers jours, dévoilerait le côté obscur de mon âme et ferait de moi un sacré salopard. Je choisis donc de demeurer sur le territoire de la pure rhétorique, ce qui est une forme de lâcheté assumée, gardant cette liste bien au chaud.


Il est désormais certain que, sinon ma bienveillance, du moins mon indifférence à l’égard de cette croyance est révolue. Ils sont arrivés à la fois à me bousculer dans mon confort athée et à renforcer tout le mépris que j’avais pour leur idolâtrie…


Quel monde de merde !!!

vendredi 22 mai 2020

Mon père est mort

Mon père est mort hier après-midi, jeudi 21 mai 2020, jour de l’ascension. Drôle de date pour cet athée viscéral.

J’aimais cet homme, bon et généreux, curieux et rêveur, timide et taiseux. Lui, ce qu’il aimait c’était écrire, des poèmes essentiellement. Le voir dans son état presque végétatif, ces dernières années, me fendait le cœur et je ne l’ai sûrement pas assez visité dans sa bien triste chambre d’EHPAD. Lui qui aimait également tant lire en était totalement privé à cause de son hémiplégie et je reste persuadé qu’il a terriblement souffert de ce manque. Nous avons testé différentes solutions, tablette, livres audio… mais son cerveau épuisé après de nombreux AVC, ne lui permettait plus l’attention nécessaire. J’ai songé un moment mettre en place des visites régulières pour lui faire la lecture de ses nombreux poèmes et puis…

J’aime croire que son départ est une véritable évasion, une fuite face à cette torture intellectuelle subie depuis trop longtemps.

Je pense beaucoup à ma mère qui l’a aimé du premier au dernier jour, présente et attentionnée. Cette femme exceptionnelle, d’un optimisme inébranlable, forte et bienveillante, a toujours pris avec modestie et détermination tout ce que la vie lui offrait, le meilleur comme le pire. Même si elle est aujourd’hui totalement effondrée, désorientée, le regard triste et humide, et qu’il s’agit pour elle du premier jour du reste de sa vie, sans son amour, elle ne peut que se sentir libérée d’un poids bien trop lourd qui l’a lentement usée.

Nous ne nous sommes jamais dit « Je t’aime » avec mon père, du moins, je n’en ai aucun souvenir mais je parle peu, comme lui, et notre pudeur mal placée, nous a joué ce vilain tour, il est désormais trop tard. Pour atténuer ma peine je me dis que nous nous aimions sans nous le dire. 

Dans ces moments de flottement, le plus étrange, c’est de me dire que je ne le reverrai jamais.


Patrick

samedi 2 mai 2020

Ces jolis oiseaux bavards [2] : Humeur

Période passionnante et instructive que celle vécue depuis deux mois quand, à l’écoute et la lecture de la majorité des médias qui s’en font l’écho, nous prenons conscience de l’existence des nombreuses intelligences qui nous abreuvent quotidiennement de leurs si profondes analyses.

Notre pays compte aujourd’hui pas moins de vingt millions de médecins, d’épidémiologistes, de virologistes, de conseillers sanitaires, de politiques avisés, d’économistes éclairés, de journalistes pertinents,  d’aboyeurs d’avis de tous poils... Ce qui est certain, c’est qu’aucun d’eux n’auraient procédé tel qu’ont choisi de le faire les autorités et qu’il faudra bien tirer les leçons de ces errements et faire payer les responsables une fois que nous aurons anéanti ce virus comme une grosse bouse...

AU SECOURS !!!

Il est usuel désormais de donner la parole au bon peuple qui n’y connaît pas grand chose mais vit ce drame, comme chacun, avec stupéfaction. On peut voir ainsi défiler sur les plateaux, ou en visio-conférence, le restaurateur du quartier ou le petit entrepreneur provincial qui rajoutent des couches d’anxiété, si c’était nécessaire, à une ambiance délétère, tout en prodiguant aux autorités des conseils bricolés, souvent intéressés, dans un coin de leurs cerveaux affolés. Ce journalisme poujadiste, mis en place depuis le début de ce cataclysme mondial, incroyable porte-voix de tous les cafés du Commerce fermés par décret, ne cherche qu’à buzzer et flatter la croupe d’une France paniquée qui répète à l’unisson : «Tout de même, ce gouvernement fait n’importe quoi... moi je sais mieux que quiconque ce qu’il aurait fallu faire... ah ce Macron, ah ce Philippe...»

Toute humilité mise au placard, l’arrogance et la bêtise au fusil, chacun masque son angoisse derrière un discours bavard et inutile qui n’a d’autre vertu que celle de libérer celui qui le proclame. Ce discours est bien évidemment variable, voire contradictoire, au gré de l’actualité, de l’évolution des mesures annoncées et des connaissances acquises. Il devient de fait inaudible de par sa profusion et sa confusion. Comme dirait l’autre (?), il faut bien passer le temps et occuper les antennes devenues des exutoires nationaux.

Les partis politiques, les extrêmes en tête de gondole, certes dans leurs rôles, commencent à sortir du bois après un silence timide et reposant. Il est tellement facile de s’improviser politique ou stratège prévoyant, en cours de bataille quand on n’est pas aux manettes. Pitoyables ramasseurs de miettes et d’émotions, petits démagogues arrogants et haranguants, confinés et aigris, aveuglés par leur unique ambition ! La revanche politique est de retour, à peine masquée, pour tirer sur les ambulanciers. C’est proprement pitoyable que ce manque de courage et de propositions constructives. Les «il aurait fallut que...» et autres «ce n’est pas le temps de la polémique mais...» masquent à peine l’indigence de la pensée politique et médiatique du moment.

Est-il coupable d’envisager que nos dirigeants font au mieux pour naviguer dans cette terrible tempête qui a surpris la terre entière ? Qui peut croire un instant que la solution est évidente, que l’équilibre entre sauvegarde de la santé et maintien de l’économie est aisé ? « Gouverner c’est prévoir ! »... ce bel élément de langage répété à l’envi que jettent en pâture aux micros tendus ceux qui aimeraient tant gouverner justement mais qui se disent en même temps qu’il est préférable de rester à leur place, installés douillettement dans cette opposition confortable qui leur évite d’improviser parfois et faire des choix contestés quels qu’ils soient. Qu’on déteste ou pas Emanuel Macron, n’est pas encore venu le temps des procès.

Oui, on manque de tout... masques, tests, respirateurs, lits, personnels soignants... on manque également de mesure et de raison. Il est aisé de se comparer aux voisins plus prévoyants en occultant ceux qui font moins bien. Porter aux nues la gouvernance allemande, celle-ci reposant essentiellement sur un système politique différent, laissant aux régions (Landers), l’autonomie de la gestion sanitaire notamment, c’est mettre simplement en évidence les faiblesses de notre propre système mais ne doit pas condamner pour autant la gestion du gouvernement actuel. La pénurie semble remonter à 2011, suite à la crise H1N1 et à la gestion jugée disproportionnée de la ministre de la santé sarkozyste de l’époque, Roselyne Bachelot, ridiculisée par tout le monde et sans doute par les mêmes qui hurlent aujourd’hui à la carence. La condamnation purement comptable ignora totalement les résultats obtenus. Cette pénurie de 2020, n’est que la conclusion d’une approche économique qui entraîna, il y a presque dix ans, une suite de décisions et une chaîne de responsabilités diluées concernant ce «désarmement stratégique sanitaire». 

Certes, on peut reprocher au gouvernement, à juste titre, de bégayer depuis le début sur ce masque, symbole absolu de la crispation et noyau atomique de la critique. Autant les crises érigent des boucs émissaires autant elles ont besoin d’un contentieux partagé. Ce nouveau totem vénéré est devenu une véritable passion nationale, l’alpha et l’oméga de la protection alors qu’il n’est qu’un simple élément dans le dispositif général. Il semble que peu ont intégré le fait que ce bout de tissu ou de non-tissé ne protège pas celui qui le porte mais celui qui est en face. On observe donc des promeneurs masqués, évoluant au milieu de congénères insouciants, convaincus de leur sécurité derrière cette protection. Ce masque «salvateur», associé à un déconfinement attendu, peut s’avérer finalement être un bien minime pour un mal bien plus grand, libérant la circulation et les échanges au risque d’un relâchement des autres mesures de sécurité élémentaires et fondamentales.

Soixante pour cent des Français n’ont pas confiance dans le Gouvernement, semble-t-il, pour gérer cette crise, face aux différents atermoiements, revirements et soit-disants mensonges... Soixante pour cent des Français ont besoin qu’on les prenne par la main comme des enfants ayant perdu tout bon sens et faculté d’analyse. Prenons garde tout de même que la colère, péché capital paraît-il, ne guide désormais nos pensées et nos actes... elle pourrait s’avérer plus meurtrière que ce @#&# virus. Commençons par éviter de cracher au visage de ceux qui font quotidiennement des choix difficiles.

dimanche 26 avril 2020

LA DIAGONALE DU PITRE *

-1-
Désir de plein

Écrire, pour ne signifier que le vide suspect d’une pensée informelle, peut s’avérer être sinon une nécessité intrinsèque du moins un exercice stimulant mais faussement constructif.

La recherche systématique de formulations impactantes, contraint le disserteur à emprunter une narration falsifiée et artificiellement convenue dont il n’aura que l’obligation de travestir la forme. Tordre les mots et leurs sens, jusqu’à dissoudre l’essence même qui les compose, s’avèrera un jeu d’équilibriste aux limites forcément réductrices.

Écrire pour construire un cadre à une rhétorique purement verbale, et pourquoi pas verbialisante, c’est décider de s’oublier derrière la langue, de disparaître devant l’argument, pour ne restituer que le chant envoûtant du phrasé. Il devient alors primordial de choisir ses mots avec un soin particulier et un impératif poétique car, quitte à raconter n’importe quoi, autant le faire avec élégance.

Si certains s’écoutent parler, d’autres se lisent écrire. Souiller la blancheur d’une page en y jetant en vrac des mots aux vertus uniquement décoratives, à l’instar de ce que vos yeux communiquent à votre cerveau en ce moment même, est un travers répandu et admis. L’activité jouissive, qui consiste à vouloir paraître intellectuellement affûté, que je pratique en écrivant ces mots, mais qui masque en réalité une faiblesse conceptuelle due à une enfance trop aimante, ne doit pas faire oublier que, derrière la main qui tient le stylo, commande un esprit frustré sans doute trop tôt sevré.

La pensée inutile, telle qu’elle surgit le plus promptement et le plus souvent dans l’écrit ou le parler, chez l’humain satisfait de lui-même, est une pollution tout à la fois visuelle, sonore et cérébrale. Alors que le silence, ce moyen oublié de signifier, trouve trop peu souvent le créneau apaisant d’une démonstration elliptique, l’abondance de mots corrompt le désir initial démonstratif en le maquillant vulgairement. L’excès de sens tue le sens et une page blanche révélera davantage la torture créative qu’aucun mot ne le fera jamais. Décrire les affres de la conception peut s’avérer être un pur oxymore. La page vierge, le mutisme ou la toile blanche ne représentent-ils pas la quintessence de la détresse conceptuelle ?

Au-delà des signes arbitrairement choisis pour décrire ce que nous appelons communément «émotion», la décision raisonnée de partager un état relève avant tout d’un narcissisme refoulé. La tension ponctuelle de l’affect, qui contraint les mécanismes d’interférence avec autrui, change la perception ordinaire de notre périmètre sensoriel. C’est pourquoi, bien souvent, le constat d’efficience observé peut traduire le dysfonctionnement sous-tendu d’une résilience fragmentée. Croire n’implique pas nécessairement savoir, bien au contraire, et il suffit parfois d’admettre au lieu de comprendre.

Ainsi, nombre d’ouvrages édités ne sont-ils pas finalement qu’une succession de termes choisis pour habiller avec soin une pensée sans épaisseur, des idées sans concept ? La banalité d’un poncif, si celui-ci est introduit avec panache, ne peut-elle tendre vers une originalité apocryphe, certes, mais acceptée et partagée ?

Ainsi les extraits suivants volontairement abscons et parfaitement packagés,

«L’urbaine symphonie des volumes oppressants que nos cités composent n’est que la conséquence involontaire d’une verticalité dissonante et atonique...»
(Architecture, Art ou Supercherie ? - Jean Aymar - Editions Béton Libre - 2025)

ou bien plus simplement, 

«...il n’est d’espoir réel que celui d’un horizon inaccessible...»
(Demain, j’étais - Jack Adidebou - Editions Dubois - 666 avant JC)

ne sont-ils pas la représentation altérée d’une réflexion simpliste et vacante ? Si la construction linguistique est indissociable de la volonté de signifier, le choix des mots, secondaire, ne doit pas interférer avec le signifiant. Ainsi, flatter le lecteur en lui proposant un vocable parfaitement accessible mais en lui imposant un agencement lexical délibérément dissonant, procède sinon d’une imposture préméditée du moins d’une facilité manifeste.

«Écrire, c’est dissoudre son âme pour mieux y naviguer» affirmait Scaton le Vil dans ses «Chroniques Avant-Dernières». Accepter de fragmenter l’unité de notre pensée raisonnée, c’est se libérer du carcan réducteur de l’acquis ancestral. L’implant sociétal communément accepté et transmis, masque une réalité perceptive à la fois anamorphique et universelle. L’écriture a cela de factice qu’elle propose au lecteur une empreinte abusive  parfaitement consentie. «J’écris donc je suis» fait écho au «Je lis mais qui suis-je ?». Le questionnement de la lecture succède alors à l’affirmation de l’écriture, inversant le protocole reconnu de l’apprentissage terminologique. 

Le sens d’un simple mot est multiple pour ne pas dire infini. Deux mots réunis décuplent d’autant plus la valeur du contenu. L’ensemble étant plus fort que la somme de ses parties (Gestalt Théorie), le raisonnement intuitif basé sur l’apparentement contraint et machinal des différents termes, travestit obligatoirement la fonction référentielle préalable. La démarche cognitive se doit donc de fixer, comme antériorité inconditionnelle, l’analyse dialectique afin de baliser le territoire de l’approche empirique. La recherche objective de la signifiance peut alors débuter pour tenter d’élaborer la représentation structurelle et l’ossature du récit...

* ou « écrire n’importe nawak en donnant l’impression d’une réflexion intense et d’une culture infinie »