jeudi 31 décembre 2020

Culture biologique VS culture biodynamique

" La culture biologique est l'aboutissement de l'équilibre entre la production d'aliments de qualité la plus grande possible et le respect de l'environnement et donc de sa conservation et de son enrichissement. Elle nécessite des recherches scientifiques, des expérimentations longues, un développement auprès des agriculteurs qui exige d'eux une formation solide, des pratiques nouvelles et un rapport à leur environnement révolutionné. La culture biologique est un sommet de rationalité.

Il est donc impératif de ne pas faire l'amalgame entre le "bio" et la "biodynamie".

La biodynamie est un gouffre d'ésotérisme, un syncrétisme de pratiques magiques. C’est la primauté de l’obscurantisme, la négation de la connaissance des lois naturelles, de la science agronomique et biologique. Le comportement sectaire des intégristes de la biodynamie est comparable à d'autres sectarismes : complexification, divination des pratiques édictées par un gourou, infériorisation, domination des adeptes à qui on impose d’acheter des produits exclusifs ou des matériels ("dynamiseurs") incontournables qui génèrent une dépendance, une soumission qui se prolonge souvent par la confiscation de la commercialisation du produit fini obligé d’intégrer des filières labellisées.

La biodynamie est à la culture biologique ce que l'homéopathie (et tout ce qu'elle véhicule comme absurdités : mémoire de l’eau et dilution) est à la médecine "intelligente" (prise en charge de l'être vivant partie intégrante de son environnement) ou ce que le vaudou est à la philosophie libertaire, l'escroquerie en sus.

L'amalgame systématique fait dans bon nombre de médias élude le principal qui est que, si la culture biologique est une libération individuelle, la "biodynamie" est un enfermement pyramidal flanqué de ses gardiens du temple rompus à un lobbying capable de tromper (d’enivrer) une presse non avertie et une clientèle en recherche de nouvelles voies."

- Extrait du courrier des lecteurs du Monde du 28 janvier 2012 suite à l'article de Laure Gasparotto "Il est bio mon vignoble" paru dans le Monde Magazine du 20 janvier 2012. Auteur (clairvoyant) non cité.


L'arnaque marketing (pléonasme ?) patente du "Label" Biodynamie consiste donc à proposer des produits "magiques", protégés par les esprits des bois et dynamisés par les puissances cosmiques. Pourquoi tout ce folklore régressif autour de productions forts goûteuses et parfaitement bio par ailleurs, voire plus bio que bio dans certains cas ? Pourquoi cette surcouche d'irrationalité dans une démarche de production largement vertueuse, très proche de l'agriculture naturelle ? Sans doute l’amalgame entre la dérive productiviste, le sentiment douloureux d'épuiser toujours plus nos ressources, la peur face à un avenir sombre et incertain, la quête d'une harmonie intense avec la nature, la perte de repères spirituels, la croyance naïve en des forces magiques qui nous dépassent, font de la biodynamie une discipline lumineuse (sectaire) qui réenchante le monde…

Si la démarche de l’agriculteur qui adhère à ces pratiques occultes peut paraître éventuellement louable dans son éco-responsabilité, il n’en demeure pas moins que l’obscurantisme reprend racine dans nos campagnes. Le créneau bio, et plus particulièrement celui de la biodynamie, attire de plus en plus le producteur en recherche d’une nouvelle éthique à la fois respectueuse et lucrative face à un consommateur urbain CSP Plus qui voit de plus en plus dans ces produits un contrepoids/alibi à sa surconsommation ordinaire, sans se soucier plus que ça du sens véritable que cache ses pratiques issues des doctrines sectaires de l’Anthroposophie.

En complément, la permaculture, dans le créneau bio, me paraît représenter une approche totalement rationnelle et scientifique (bien qu'elle préconise l'utilisation d'un calendrier lunaire pour "jardiner avec la lune", les traditions ont la vie dure), en parfaite harmonie avec les lois de la nature. Ce principe de culture permanente, créé par le biologiste Bill Mollison dans les années 1970 en Australie, fait grand bruit actuellement. Encore en phase de recherche, il est à souhaiter que la permaculture trouve une place de plus en plus conséquente même si elle ne concerne aujourd'hui que des surfaces réduites et soit l'objet des critiques récurrentes que sont son manque de rigueur scientifique et l'utilisation d'espèces envahissantes.

Quoi qu’il en soit, la planète a réellement besoin, sinon de se régénérer du moins de souffler durablement, et nos palais de retrouver le vrai goût des aliments. Nul besoin d’invoquer la magie et de la légitimer pour y parvenir.

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