jeudi 19 février 2009

Film : The Wrestler - Darren Aronofsky

L'histoire de ce vieux catcheur déchu est très émouvante, il faut le reconnaître. Quand elle est ainsi portée par un Mickey Rourke à ce point habité et troublant de vérité, on ne peut que se laisser emmener, en plus, par la caméra à la fois nerveuse, très proche et pudique d'un Aronofsky inspiré.

Randy "The Ram" Robinson, ancienne star du catch des années 80, vit aujourd'hui dans un mobile home minable dont il a peine à payer le loyer. Vieillissant en dehors du ring, avec ses lunettes à doubles foyers et sa prothèse auditive, il semble renaître lorsqu'il entend les clameurs de la salle et qu'il monte sur le ring. Malheureusement, aujourd'hui, il est relégué aux salles de fêtes et aux gymnases sordides du New Jersey qui offrent des spectacles toujours plus sensationnels et violents où les protagonistes ressortent en sang. Approchant la soixantaine, pour rester en forme, il n'hésite pas à abuser de produits dopants achetés sous le manteau. Un soir, après un match, il est victime d'une crise cardiaque dans les vestiaires. Hospitalisé et opéré pour un pontage, son médecin est formel quand il lui annonce qu'il doit arrêter le catch. Randy va essayer de reconstruire une vie gâchée. Il tente donc de renouer avec sa fille adolescente, dont il ne s'est jamais occupé, entame une relation avec Pam, une stripteaseuse vieillissante, presque autant paumée que lui, et recherche un travail plus régulier. Jusqu'au jour où on lui propose un dernier combat contre son plus grand adversaire, l'Ayatollah...

Rourke est littéralement impressionnant en catcheur bodybuildé, clone de Hulk Hogan avec ses longs cheveux décolorés, dont il se refait pitoyablement les racines régulièrement, et qu'il porte en chignon en dehors des rings. Il est tout autant bouleversant de sincérité, une vraie tristesse à fleur de peau dans ce corps brisé et à bout de souffle. Il n'en fait jamais trop dans le pathétique comme pour mieux se donner à fond sur ces rings qu'il connaît réellement. À la violence des combats succèdent l'introspection, les regrets, la solitude... Il parle peu et quand il parle sa voix profondément brisée fait mouche. Aucun doute, il y a un vécu au-delà de la pellicule. La stripteaseuse Cassidy, touchante Marisa Tomei, continue à s'exhiber malgré son âge, pour nourrir son jeune fils mais elle sait qu'elle arrive au bout du chemin. Le catcheur vieillissant est son meilleur client mais il voudrait plus. Elle refuse au début, rejetant cette image d'elle-même qu'il lui renvoie comme un vieux miroir brisé. Puis elle se rapprochera peu à peu comme si finalement les fêlures de l'autre les rassuraient mutuellement.

Darren Aronofsky (Pi, Requiem for a Dream, The Fountain) filme, caméra à l'épaule, le New Jersey, comme il sait le faire, glauque à souhait parsemé de quelques couleurs crues improbables. On reste cependant loin du stylisme et des effets recherchés et systématiques d'un Requiem pour se concentrer sur l'histoire et s'approcher au mieux des acteurs. Le réalisme prime et confère au récit une authenticité bouleversante.

Le nouveau film d'un grand réalisateur avec un Mickey Rourke époustouflant. J'adore ce mec et il était temps qu'il revienne vraiment dans un rôle taillé pour son immense carrure.

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