vendredi 22 juillet 2011

Humeur : Le Râle Fatal du Provincial


Nous avions pensé : " Les enfants grandissent et entrent dans l'adolescence. Ce serait bien de quitter notre charmant cottage Tarn-et-Garonnais pour rejoindre la capitale où ils pourraient s'épanouir culturellement. Un retour aux sources et un rapprochement d'une partie de la famille..." Nous adorons Paris et nous y sentons bien.

Nous l'avions pensé tellement fort que nous avions mis en branle, deux ans en arrière, le processus infernal du déménagement. Passer d'une maison très spacieuse et ses dépendances, à un appartement parisien même confortable, relève d'avantage du chausse-pied que du changement de déco. Joëlle avait retrouvé son employeur parisien, quitté treize ans auparavant, les enfants étaient inscrits chacun dans un collège comme il faut, les cartons s'empilaient tranquillement dans le grand atelier... tout s'agençait harmonieusement. Nous partîmes donc, la fleur à la boutonnière, pour deux semaines de recherches et de visites.

Prise de rendez-vous à la chaîne les dix jours précédents, préparation d'un dossier complet de pièces justifiant notre contribuable position... nous étions gonflés à bloc car nous savions que ce ne serait pas simple, en si peu de temps, de trouver notre futur Sweet Home que nous souhaitions intégrer vers la mi-août, nous étions début juillet... 45 jours ? Jouable.

UNE GALÈRE EXCEPTIONNELLE !

Pour faire court, nous sommes contraints, momentanément de rester dans notre trou, qui, même s'il est bucolique, confortable, spacieux, stylé,... je passe sur les qualificatifs qui font dire à certains que nous sommes cinglés de quitter ce paradis pour la ville qui pue... il n'en demeure pas moins que c'est un trou.

Pour développer un peu, sur Paris l'offre est importante et de qualité. La demande, elle, est au minimum vingt fois supérieure et d'un niveau certain... en tout cas elle répond à certains critères très recherchés que nous ne possédons visiblement pas. Un très cher ami, travaillant pour un réseau international d'agences immobilières m'a clairement confirmé ce que certains professionnels rencontrés nous avaient déjà expliqué. Le marché de l'immobilier parisien est devenu fou il y a une dizaine d'années et particulièrement ces deux dernières. Le profil idéal du locataire parisien : couple de fonctionnaires, relativement âgés et argentés. Il semble que Paris devienne de plus en plus une "ville de vieux". Un propriétaire préférera ne pas louer que de prendre le moindre risque. Heureusement pour eux la demande progresse et ce sont jusqu'à cinquante dossiers par appartement qui s'amoncellent sur les bureaux des agences. Une forme de liste d'attente dont on satisfait, au compte-gouttes, les dossiers qui offrent les meilleures garanties. La plupart des annonces ne paraissent même plus dans la presse ou sur internet, trop de perte de temps en visites, alors que les candidats se bousculent et qu'il n'y a qu'à piocher dans le haut de la pile...

Tout cela est parfaitement logique. Mon statut d'indépendant est un frein évident, même si certains s'en cachent, et à moins d'être inscrit à l'un des Ordres prestigieux et gagner beaucoup plus d'argent que ce qui est demandé d'ordinaire à un fonctionnaire, je n'avais visiblement pas le profil demandé. Bien souvent, il ne s'agissait même plus de moyens mais bien de statut.

Combien de fois nous a-t-on aiguillés sur la banlieue ? Certes... mais non. Nous avions vécu de nombreuses années dans Paris intra-muros, poussant le luxe jusqu'à aller travailler à pieds. Nous ne nous voyions pas abandonner une qualité de vie qui est la nôtre actuellement pour supporter les contraintes multiples d'une vie banlieusarde sans les nombreux avantages qu'offre Paris. Nos deux petits ont grandi en pleine nature et nous souhaitions leur simplifier la ville au maximum.


Nous nous sommes donc heurtés à un mur et nous ne voyons aujourd'hui aucune solution "normale" pour redevenir locataire à Paris. Nous resterons donc provisoirement propriétaires à Meauzac. Nous attendrons l'occasion favorable, le bon plan, la rencontre opportune ou le coup de main salvateur. Le projet est juste placé entre parenthèses.

Toute cette aventure affligeante nous aura permis de redescendre un peu sur terre en nous confrontant à la vraie vie. Une bonne claque n'a jamais fait de mal à personne.

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