dimanche 28 mars 2010

Humeur : La fessée du garnement.

Une bonne fessée n'a jamais tué quiconque et permet d'ordinaire de recadrer les idées fourvoyées. D'ordinaire, en effet... mais celle-là, bien que sévère, ne semble posséder aucune vertu curative tant le chenapan est obtus pour ne pas dire teigneux.

Le petit Nicolas vient de recevoir indirectement une monstrueuse raclée et persiste à mettre en pratique l'adage notoire "on ne change pas une équipe qui gagne" ni "une politique formidable". Sans doute, justement, parce que la dérouillée fut indirecte. Tacticien courageux, il expédia au front onze de ses ministres en pensant " s'il est un succès, le scrutin sera déclaré plébiscite intime, sinon simple péripétie régionale, une paille". Aucun n'en réchappa, un massacre dans les règles d'un scrutin justicier.

D'un autre côté, il n'a guère le choix. Admettre l'ineptie de ses idées, l'égocentrisme de sa vision, la souffrance que ses choix imposent ou l'injustice dont il pare chaque recoin de notre stratosphère, lui est interdit. Remettre en cause ses fondements, aussi nauséabonds soient-ils, reste inconcevable à ce petit homme arrogant et inculte tandis qu'il passe son temps à affirmer à une France dépressive et déboussolée qu'elle est tout simplement impatiente de se faire violer par un train de réformes toutes plus iniques les unes que les autres.

Intelligent il l'est pourtant, pour avoir gravit avec tant de talent les marches du pouvoir... du moins pensions-nous tous qu'il l'était avant qu'il n'y accède et ne l'exerce. Il semble bien que seule la conquête stimulait son intellect et ses instincts de prédateur. Le but atteint, la baudruche n'a cessé de se dégonfler inexorablement. Bientôt trois années de manœuvres, de mensonges et de vents qui paraissent déjà une décennie éreintante.

Il demeure tout de même un tiers de français pour croire encore au renouveau politique promis. Je les soupçonne avant tout de vouloir en profiter tant qu'il est temps, en faisant un concours de crachat sur la fraternité, pourtant indispensable en pareille période. L'individualisme et l'égoïsme sauvages sont au pouvoir. C'est l'ordinaire de la droite, nous le savons. Cette droite-là ne se cache même plus derrière de vagues discours sociaux. Nous pouvons lui reconnaître cette franchise. Sans état d'âme, elle démantelle, réduit, supprime, détruit ou gomme ce qui subsistait de liens sociaux et de soutiens collectifs. Tout ce qui coûte et ne rapporte rien est réformé. Voilà le véritable sens des réformes engagées. La compétitivité a remplacé la fraternité, l'entraide a laissé place à un carriérisme trivial et le respect des autres est devenu un acte politique d'opposition. Pauvre pays, tellement envié jadis pour sa grandeur humaniste.

Les valeurs de cet individu méprisable et de sa clique courtisane ne sont assurément pas les miennes. Je n'ai aucun respect pour ce président qui fait souffrir son pays dont nombre de ceux aujourd'hui qui le portèrent au pinacle hier. Il m'est insupportable d'être gouverné part cet esprit vulgaire, ce parvenu, ce Rastignac sans panache. Nous avons été habitués à plus de hauteurs et d'allure et il ne nous sert que médiocrité et clinquant depuis son avènement.

La route reste longue jusqu'en 2012, autant dire encore 10 années.

8 commentaires:

ZL a dit…

Loin de moi l'idée de critiquer le fond de cet humeur, ni de gloser sur le peut de cas que je fais du vote majoritaire, mais je dois dire tout de même que le dépendeur d'andouilles qui occupait la fonction lors de la précédente mandature me débectait plus encore.
La prochaine phrase sera plus courte et moins alambiquée.
Voilà.
T/.

patbac a dit…

Je connais tes positions conjointes sur la démocratie et le vote et, même si l'on peut douter des effets du second sur la première, il demeure aujourd'hui, dans nos sociétés peuplées, le seul levier disponible et sans douleur permettant d'infléchir certaines options politiques. Plus je vieillis et plus je retrouve le goût des valeurs qui opposent la gauche solidaire à la droite individualiste, la fraternité à la compétitivité, le partage-du-travail-pour-tous au plus-de-travail-pour-certains...
N'en déplaisent à certains qui voudraient nous faire avaler cette histoire de blanc bonnet, la dichotomie est concrète si l'on s'écarte, bien sûr, du marécage centriste.
Concernant les deux derniers fonctionnaires élyséens, effectivement, l'arbitrage est rude... le premier ayant pris ses fonctions comme on entre en villégiature, le couronnement d'une fin de carrière où plus rien ne peut et ne doit arriver. Je lui crédite cependant son refus de la guerre et son opposition au Texan. Quant à l'actuel énergumène à l'erratique gestuelle, il s'évertue à briser ses jouets tout en prétendant vouloir les réparer.

Patbac

ZL a dit…

Ne pourrait-on pas dire aussi que cette opposition gauche-droite est un artefact généré par le système même du vote majoritaire ; je veux dire que la nécessité pour être élu de dégager une majorité produit progressivement et immanquablement une scission en deux parties. Le contenu idéologique (ou pour être charitable, le contenu en terme de valeurs) des ces deux parties (parties qui sont souvent des regroupements de partis) serait dans ce cas le résultat d’un processus historique assez artificiel ou en tout cas suffisamment dépendant des conditions initiales pour pouvoir être qualifié d’aléatoire.

Et maintenant une phrase plus courte :

Certes, le système de vote a une fonction pacificatrice dans les processus de conquête du pouvoir…est-ce pour autant le seul moyen de parvenir à cette fin ?…et une fois la conquête du pouvoir effectuée par les moyens démocratiques qu’est-ce qui indique que les « élites » ainsi sélectionnées ne vont pas conduire leurs ouailles à des violences inouïes.

patbac a dit…

On pourrait dire effectivement que le vote du mois d'août 1789, lors de la toute première Assemblée Nationale, sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir populaire, scinda l'hémicycle en deux factions distinctes. À la droite du Président, l'aristocratie et le clergé, à sa gauche, le Tiers État sous l'étiquette patriote. Les termes "Gauche" et "Droite" trouveraient là leur origine. Voilà pour la petite histoire des mots. Notons au passage que cela aurait pu être le contraire et que seules importent les idées.

Je pense, bien évidemment que le schisme est bien antérieur et qu'il remonte à l'origine de la vie des hommes en société organisée. Et qu'est-ce qu'une société organisée, dans l'histoire de l'humanité, sinon une répartition des rôles selon les aptitudes physiques ou intellectuelles. Chacun ayant rapidement trouvé ses marques et les limites de ses congénères, les rôles sont devenus des acquis transmissibles et la répartition une hiérarchie pyramidale où les plus forts et les plus intelligents obtinrent les meilleures places et un ascendant naturel sur tous les autres. Le pouvoir et la soumission, comme le conservatisme et la révolte, sont en l'homme depuis toujours. Ce que j'appelle "Droite" ou "Gauche", ce qui en soi ne signifie pas grand-chose aujourd'hui je te l'accorde, corresponds historiquement à cet affrontement ancestral. S'afficher anarchiste consiste à refuser ce combat existentiel et nier ce conflit de castes. C'est surtout refuser de mettre en place un système alternatif visant une meilleure équation entre nous.

Je refuse de laisser dériver ainsi l'injustice sociale et d'assister à son accession en tant que dogme universel. Je ne peux tout simplement pas, mon éducation dans une famille nombreuse de classe moyenne m'ayant enseigné le partage et l'équité. Je ressens effectivement aujourd'hui quelque frémissement dans les partis de gauche radicale et, quand bien même, ces frémissements ne seraient que bavardages intellectuels, j'ai toujours choisi le camp des opprimés car il est d'évidence le camp de l'espoir et du possible.

Et, oui, je crois encore, et toujours plus fort, à toutes ces conneries !

patbac a dit…

Quant au système de vote majoritaire, je suis d'accord avec toi. Il est injuste par nature mais, je le répète, il est aujourd'hui le seul moyen reconnu et à peu près accepté, si l'on met de côté les dérapages africains pour ne citer qu'eux. Il est terriblement injuste, oui, car si l'on tient compte de l'abstention galopante, une minorité impose trop souvent ses vues à une majorité. Il est également abusif car une mauvaise idée peut devenir une règle générale à force de propagande, de financement et de lobbysme en tous genres.

Bien sûr qu'une élite élue démocratiquement peut corrompre son programme et riper vers quelque excès intolérable. Le vote indolore d'origine peut dégénérer en un chaos incontrôlable, l'histoire est parsemée d'événements douloureux de ce type...

Une fois dit tout cela, qu'avons-nous dit exactement ?

ZL a dit…

Cher camarade et ami,
Ma critique n’a rien d’anarchisante, je suis comme toi totalement opposé à la « liberté du renard dans le poulailler ». Je m’efforce juste de montrer que le système du vote majoritaire est ontologiquement inadéquat & je n’ai pas beaucoup de respect pour les mouvements anarchistes constitués (de « gauche ») ou de fait (de « droite »).
Le système du vote majoritaire est un lapin cosmique au sens de Gébé, c'est-à-dire que c’est une idée qui détourne l’attention et qu’il est pratiquement impossible de s’empêcher de poursuivre. Il existe nécessairement des systèmes meilleurs et nous avons (ensemble) une chance de les esquisser si nous nous autorisons à réfléchir en dehors du système.
A par ça, la gauche radicale me casse les couilles, je trouve leur jargon et leur pédanterie insupportables. Ils sont morts : ils croient avoir compris Hegel, mais la dialectique les dépasse !

Suicufnoc (jr) a dit…

Il est totalement scandaleux d'invoquer le Lapins Cosmique dans ce contexte impie !!! J'en appelle à l'anathème et au jihad.
Signé : Un adorateur du
Lapin Cosmique.

patbac a dit…

J'aime beaucoup l'image du "lapin cosmique" que je ne connaissais pas, à ma grande honte... comment ce fait-ce d'ailleurs, ayant pas mal ingurgité de Charlie de la grande époque ? Bref.
Il semble évident qu'il existe des systèmes alternatifs. "Meilleurs", est une autre histoire, chaque changement, nouveauté ou progrès charriant avec lui de nouveaux travers et conséquences incertaines. Je suis évidemment d'accord pour suivre d'autres pistes que celle tracée par ce damné lapin, pour tenter de réfléchir à un système autre. En attendant permets-moi, tel le mouton de base, de suivre le sentier balisé et éclairé par nos anciens pour aller déposer mon vote contestataire de gauche.
Cette gauche (il est clair que nous ne parlons pas des socialos) que tu traites de pédante ne doit pas être celle que j'entends et qui me touche. Elle ne cite plus ni Marx ni Hegel depuis des lustres. Elle parle simplement de misère et de honte.