vendredi 14 novembre 2008

Film : Mesrine - Jean-François Richet

(Part 1) L'instinct de mort

Il était attendu l'animal, battage marketing oblige. Jacques Mesrine, sa vie, son œuvre, portées au cinéma. Quel terme choisir ? L'anglicisme "biopic" (contraction de "biographical picture") ou le terme français "biografilm" ? Je ne sais pas ce que vous en pensez, et désolé pour les puristes de la langue, mais "biopic" pète nettement plus.

Donc, le biopic de Mesrine s'affiche depuis déjà trois semaines dans toutes les bonnes salles françaises. Un film de garçons disent certaines filles, un film musclé de toute évidence. Richet n'est pas du genre à faire dans la dentelle ("Assaut sur le central 13" ou encore "Ma 6-T va crack-er") et tant mieux car Mesrine non plus n'a jamais fait dans la dentelle et qui mieux que Vincent Cassel pouvait interpréter ce violent paumé ?

Tout commence en 1960, en Algérie, en pleine séance de torture, où le petit Jacques affiche déjà quelque désinvolture avec la mort qu'il distribue. Retour en France, pavillon de banlieue, famille ringarde, père faiblard, il renoue avec Paul, un pote magouilleur (Gilles Lelouche) homme de main de Guido petit caïd OAS parisien (Depardieu). Argent facile pour cet esprit entreprenant et sans scrupule. Tout s'enchaîne très vite… braquages, flingage, poursuites, mariage, deux enfants, fuite au canada, rebraquage, reflingage, prison, évasion… De l'adrénaline et de l'hémoglobine savamment orchestrées. Avis nuancé cependant pour Cécile de France, qui joue Jeanne Schneider sa troisième femme, en brune, en myope et en shoot-gun, légèrement décalée dans le décor…

Tout cela est en effet filmé avec conviction, l'action primant nettement sur le psychologique. Dommage, Cassel étant complètement habité par le rôle, une introspection plus osée n'aurait pas été de trop (dans la seconde partie ?). Du cinéma hollywoodien disent certains, ce qui n'est pas un gage de qualité mais atteste d'un bon ratio budget/action, ce qui est effectivement le cas.

Un produit bien calibré, donc. Le consommateur en a pour son argent… mais Richet a-t-il réalisé un bon film ? A-t-il opté pour le bon angle d'attaque ? Mesrine était certes un gros futé pour s'être évadé autant de fois, ce qui en a fait un héros en son temps, parallèlement à son statut d'ennemi public numéro un, mais c'était surtout un sale con violent, cruel, raciste et misogyne. Faire interpréter son personnage par Vincent Cassel, dont la cotte est au sommet, radoucit forcément quelque peu le propos et poli son image. Je ne suis pas certain que l'hommage qui lui est fait, malgré tout, à travers ce "biopic" magistralement réalisé, soit bien justifié.

Il donne en tout cas l'envie de voir la suite. Attendons encore quelques jours pour savoir quel sera le verdict du réalisateur.

2 commentaires:

CCG a dit…

Oserais-je dire que ce film ne m'intéresse pas du tout?
Oui!
Du fait de son sujet, totalement inintéressant, pour moi.
Ce type n'est pas grand chose, ne porte aucun message....
Ne voyant aucun intérêt au sujet, j'ai des doutes sur ce que le réalisateur souhaite faire passer.
(résumé soft d'un précédent message).

patbac a dit…

Je partage en partie ce point de vue tant le bonhomme est antipathique et sans épaisseur. Mais il en est ainsi pour bon nombre de sujets mis en boîte...

Le message de ce film sera peut-être de dire : ce tueur ne méritait pas d'être édifié en héros, il y a vingt-cinq ans.

On ne peut nier cependant le fait qu'il fut une star dans son genre et que si on en parle encore aujourd'hui avec autant de passions et de haine, c'est que le bonhomme est forcément porteur de quelque chose, d'un idéal pour le moins antisocial et sans en faire le Robin des Bois qu'il n'a jamais été puisqu'il n'a jamais rien redistribué, il devint pour certains l'icône d'un gigantesque bras d'honneur au pouvoir...