mercredi 19 novembre 2008

Film : Appleseed - Shinji Aramaki

"Appleseed" (2005) et "Appleseed Ex Machina" (2007)

D'une pierre deux coups pour vous dire tout le bien que je pense de ces deux merveilles. Il y a, bien sûr, un préalable, il faut en apprécier le genre. Avant tout, quelques mots-clés pour baliser le sujet au cas où l’affiche ne serait pas assez parlante : animation, japonais, science-fiction, action. Bien, voilà qui est fait. Je ne m'adresse donc qu'à ceux qui goûtent déjà ce type de production et à ceux qui ne sont pas contre a priori et aiment les belles choses bien faites.

J'irai droit au but. Techniquement, c'est ce que j'ai vu de plus abouti en terme d'animation 2D et 3D conjuguées. C'est absolument époustouflant de fluidité et d'action. Plastiquement sublime, sensuellement troublant, ces deux récits d'anticipation philosophiques démontrent, une fois de plus, que l'animation demeure le meilleur moyen pour concevoir des mondes utopiques, irréels et poétiques aux confins des imaginations les plus débridées.
La beauté du graphisme, la magnificence des décors, la nervosité du montage, la pertinence du son, le souci des détails en deuxième, troisième et derniers plans, contribuent à rendre "vraisemblables" les récits. John Woo s'est associé à Shinji Aramaki pour produire le second opus et la scène d'ouverture de la cathédrale est à couper le souffle.

Les thèmes soulevés par Appleseed renvoient à la place de l'humanité ici bas, sa légitimité, ses limites et sa tolérance face à tout le reste, à tout ce qui n'est pas elle et particulièrement les bioroïdes, êtres nouveaux et parfaits, créés pour l'aider et la remplacer, un jour qui sait mais dont l'existence même est en jeu... Sujet bateau de rédaction pour lycéen boutonneux diront certains. Et pourquoi ne pas remettre continuellement sur la table des sujets qui n'ont toujours pas trouvé de réponse et de façon ludique qui plus est ? Une spécialité des Japonais d'ailleurs, pour qui l'animation est un art majeur, propre à la méditation.

Nous sommes loin des productions Disney ou même Pixar. Ce n'est pas non plus par hasard, qu'après Pixar justement, Disney se soit associé aux productions des studios Ghibli de Hayao Miyazaki (Le Voyage de Chihiro, Le château dans le ciel, Princesse Mononoke,...). S'y révèlent des mondes et des problématiques insoupçonnés pour nos esprits occidentaux, des voyages initiatiques parfois, souvent troublant qui méritent en tout cas quelque détour... Il faut oublier les productions japonaises vues dans nos petits écrans occidentaux et qui sont, pour la plupart, relativement médiocres. L'animation japonaise est aujourd'hui à la pointe. En témoignent les "animatiques", ces petits films de transition entre deux niveaux de certains jeux sur nos consoles préférées, entièrement réalisés en images de synthèse. Les plus mémorables furent ceux de la saga Final Fantasy, dont deux longs métrages ont depuis, vus le jour.

Les deux Appleseed font désormais partie de ces monuments de l'animation qui, sans atteindre la poésie et la beauté d'un Chihiro, contribuent à faire avancer le cinéma et une certaine réflexion existentielle. Ce sont aussi deux formidables films d'action survitaminés.

Également, dans le genre bien fait et pas trop idiot, "Vexille", vu récemment.

2 commentaires:

Grenadine a dit…

Et dire que je ne les ai toujours pas vus... tu m'as remotivée pour le faire ! Je crains que ça ne doive attendre la France ceci dit, je doute qu'ils soient disponibles en version sous-titrée ici... merci pour cette critique !

patbac a dit…

Juste un petit bémol à ton enthousiasme légitime: si l'opus 1 était en vo japonaise, le second l'est en patois d'outremanche.
Ce que j'ai trouvé fort triste.
Il existe donc peut-être sous cette forme au japon...